mercredi 12 octobre 2011

Rien ne s'oppose à la nuit


Merci pour vos réactions à propos de mes balades à vélo. Je ne saurai toutes les reprendre. Quelques uns d’entre vous m’ont demandé des infos sur l’Arbre Sainte Barbe. Ces infos sont en fait accessibles sur deux panneaux installés sur mon parcours par Europa Pax et notre comité de quartier de Rocourt.
Je vous livre donc l’entièreté des informations.
La rue « Arbre Sainte Barbe » (ou âb sinte bâb) se situe aux confins des anciennes communes de Liège, Rocourt et Vottem. Elle est située sur la ligne de crête qui sépare les eaux de la Meuse de celles du Geer et se trouve à 196m d’altitude. Tout près se trouve le Sud du Loess de Rocourt bien connu des géologues : e Téphra de Rocourt est le produit d’une éruption phréatomagmatique survenue dans l’Eifel occidental. Dans les coupes de loess de Moyenne Belgique, il fait partie intégrante du Complexe humifère de Remicourt sus-jacent au Sol de Rocourt. (Je vous épate hein ! et encore, je vous passe les détails mais ceux que cela intéresse trouveront toutes les infos sur internet. Philippe, je ne sais si l’homme de Neandertal est venu avant ou après !! Aucune recette culinaire n’est malheureusement liée à cette éruption phréatomagmatique !!)
Dans le Moyen âge et sous l’Ancien Régime cet endroit aurait été un lieu de supplice qui allait parfois jusqu’à la mise à mort. Un petit oratoire dédié à Sainte Barbe y était installé. Sainte Barbe est non seulement patronne des mineurs mais aussi des artificiers, des artilleurs, des tailleurs de pierre et des carillonneurs.
Le 11 octobre 1746, à l’issue de la bataille de Rocourt (dit Rocoux à l’époque), la prise de ce site par les français de Louis XV, conduits par le maréchal de Saxe, marqua la victoire sur les autrichiens et les coalisé dirigés par le prince Charles de Lorraine pour l’impératrice Marie Thérèse.
Cette Bataille fit 15000 morts. D’où la pause de panneau de sensibilisation d’Europa Pax qui tient à nous rappeler que tous ces morts étaient européens et que construire l’Europe , c’est éviter d’autres guerres…
Le 19 juillet 1747, Louis XV vint visiter le champ de bataille. et du 1er au 3 août 1803, le Premier Consul Bonaparte y vint non pour rendre hommage aux victimes mais pour se faire expliquer le déroulement de la bataille et en tirer les leçons stratégiques.
Je vous raconte tout cela parce que les panneaux se termine par cette phrase difficilement lisible à cause des graffitis : « Passants, arrêtez-vous, réfléchissez et respectez ce lieu »
C’est terrible de penser qu’il s’est passé tant de choses sur le sol que nous continuons de fouler, à pieds, à cheval, en vélo ou en voiture…La vie est un infini mystère et les vies individuelles, dont les souffrances et la mort nous touchent tellement, sont si peu de chose au regard de l’histoire.
Alice (que ses amis appellent Alicita) m’écrit ceci :
Merci pour les balades à vélo, ça donne envie de découvrir cette région, je ne la connais pas du tout. Je me rends compte que mes 3 ou 4 x 1 heures de jogging par semaine s’apparentent un peu à tes sorties vélocipédiques. J’y pense à plein de choses, aux jours passés et à venir, je me fais des listes de ce que je ne dois pas oublier de faire ou de lire en rentrant, je repasse en mémoire le fil de l’une ou l’autre conversation et change d’avis sur l’interprétation première que j’en avais tirée…Je fantasme sur les différentes couleurs et latitudes de l’avenir...Et bien sûr, je regarde les arbres se colorer, les feuilles tomber, l’eau de l’Ourthe se brunir et s’obscurcir sous son tapis de vent. Les bébés canards grandissent, les cygnes changent de lieu de baignade. Et les travailleurs à vélo foncent avec leur chasuble fluo et leur sac à dos (l’aime courir le matin avant d’aller au boulot), je regarde leurs mollets d’acier s’éloigner à toute vitesse en me demandant s’ils font le moindre effort… Ils n’ont pas l’air. Il y a aussi un jeune Africain aux muscles luisants et dessinés qui coure sur les mêmes chemins (Ravel de l’Ourthe, parc de la Boverie, quais de Meuse), et s’arrête de temps en temps pour faire des pompes et des abdos, s’étirer. Lui non plus n’a l’air de ne fournir aucun effort, malgré la sueur qui lui dégouline de partout. Et il me dépasse à toute allure, parfois il me pousse un peu dans le dos en rigolant.
Ces dernières semaines, ce qui était très comique, c’était ce paysage de gens en bikini, éparpillés dans les pelouses du parc, entre les feuilles multicolores et les marrons, parfois recouverts de quelques-unes lorsqu’ils s’étaient endormis.
Ces deux derniers jours, le froid et la pluie m’ont découragée. Je me mets au défi pour demain. »
Voici ce que Jean Yves en dit :
« Tu me donnes envie avec tes balades à vélo!
J'en ai fait beaucoup moi aussi entre 25 et 40 ans, dans toute la province de Liège, à VTT et sur la route... Comme tu le dis, c'est un bonheur de découvrir son environnement à la vitesse du cycle, de voir les gens et leur habitat se modifier au fil des passages et, surtout, de faire cela sans produire de bruit mécanique, en faisant du bien à sa santé et en prenant le grand air...
Depuis une dizaine d'années, j'ai été moins courageux pour enfourcher mon destrier. Et puis il y a les enfants, le stress du boulot, la fatigue accumulée, des douleurs dans les poignets... les arguments sont nombreux pour ne pas faire d'exercice... mais c'est une erreur et tu as eu bien raison de t'y (re)mettre. Et c'est décidé, je vais m'y remettre aussi!
Mais quand même Mario, tu devrais mettre pied à terre de temps en temps! Il y a par chez nous tant d'endroits sympathiques où se reposer, reprendre son souffle, boire un coup (d'eau bien sûr), faire une sieste, regarder le paysage, discuter avec un indigène. » (Et embrasser sa copine, mais cela, Jean Yves ne le dit pas)

Voici donc  comment le vélo ou le jogging nous conduit aux réflexions métaphysiques.
Vous allez tous voir dans les prochaines semaines, le livre de Delphine Le Vigan dans les vitrines des libraires. Son titre « Rien ne s’oppose à la nuit », est inspiré de la chanson de Bashung « Osez Joséphine ». Ma sœur Nadia me l’a envoyé par la poste pour mon anniversaire. Je l’ai dévoré, il m’a obsédé, je suis tombé littéralement amoureux de Lucile, la mère de Delphine Le Vigan, dont le livre nous conte l’histoire. Que de souffrances, que de courage…. A lire absolument.

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