lundi 10 octobre 2011

New York: suite du récit de voyage


L'idée que l'on se fait généralement de New York est celle d'une ville verticale, influencé en cela par la vision de la forêt de tours et buildings qui font à la fois l’identité et la légende de Manhattan. Il est vrai que du haut du quatre vingt huitième étage de l'empire state building, la vision de cette forêt de tours est proprement spectaculaire. Beaucoup de building qui vous obligent à vous tordre le cou pour en voir le bout quand vous êtes au sol, apparaissent "petit" du haut de l'ESB. J'avais eu,  il y a bien longtemps, la même sensation du haut du WTC aujourd'hui disparu même si du haut des deux anciennes tours, la puissance du vent et la hauteur m'avaient empêché de profiter complètement du point de vue. Marlène était littéralement subjuguée par cette vision de « forêt vu du ciel ».
Il est facile d'imaginer le sentiment de puissance ou l'impression d'être "les maîtres du monde"(lire « Le bûcher des vanités ») de ceux qui  travaillent au haut de ses tours et qui y gèrent les placements et les spéculations financières les plus folles dont les grecs, les portugais et toute la planète, paient chaque jour les conséquences désastreuses. (Voir à ce propos l'excellent interview de Pervenche Berès, député européen ce matin dans La Libre, qui en substance dit : « l’objectif à moitié caché derrière la gestion de cette crise (grecque et Portugaise), gestion qui se fait le révolver des agences de notation pointé sur la tempe, c’est celui que trente ans de libéralisme n’ont pas permis d’atteindre : la destruction de l’Etat-providence.)
Il n’empêche que nous avons pris plaisir à nous promener durant ces journées ensoleillées et souvent très chaudes (35°) et de faire l’aller-retour à pieds de Central Park jusqu’à l’Empire State Building. Etonnement, nous avons vécu un sentiment de liberté et de légèreté à circuler sur ces larges trottoirs, au milieu de milliers de touristes, de fonctionnaires, d’employés, de marchands de nourriture tirant leur cuisine ambulante, de policiers(très nombreux), de gardiens d’immeubles, et de voir ces centaines de taxi jaunes conduits par des nouveaux Newyorkais venus d’Haïti, de Mexico, de New Delhi ou de Porto Rico, occupés les avenues sur toute leur largeur. Le cosmopolitisme que l’on voit et vit dans les rues de New York est fascinant et enthousiasmant. On se sent léger et le pleisir est tel qu’on ne sent ni la fatigue ni le mal aux jambes.
Mais New York n’est pas que la ville verticale. New York ne se résume pas à Manhattan, New York c’est aussi Harlem, Chelsea, (dont je vous parlerai dans une prochaine lettre) et c’est aussi Brooklyn, que nous avons adoré et tenté de parcourir en nous perdant dans ses rues arborées, calmes et silencieuses, faites de ce que les guides appellent des maisons victoriennes oupavillons anglais auxquels on accède à travers un jardinet et grimpant  cinq ou six escaliers et dont les demi sous sols s’ouvrent sur les côtés ;  il fallait en effet bien distinguer la « grand porte » de l’entrée des domestiques n’est-ce pas.

C’est en métro que nous nous sommes rendus  à Brooklyn en commençant par Brooklyn Heights pour pouvoir revenir immédiatement à pieds vers Manhattan en empruntant la passerelle piétonne du fameux pont de Brooklyn. Ce pont pythique, achevé en 1883  était à l’époque le plus grand pont suspendu du monde et  reliait pour la première fois Manhattan par voie terrestre (Manhattan est une île en fait). Même si aucune comparaison entre les deux n’est possible, il faut bien avouer qu’il y a autant de monde sur le Brooklyn bridge que sur le pont Charles à Prague. Malgré la foule, malgré les travaux qui gâchent un peu un peu la vue à partir de la passerelle piétonne qui surplombe les voies réservées aux voitures, cette traversée du pont a quelque chose de métaphasique si on a bien voulu s’imprégner de lectures sur les milliers d’anecdotes qui jalonnent la vie du Brooklyn bridge depuis le début de son existence et même depuis les débuts de sa construction : L’architecte John Roebling mourut, en moins de trois semaines, d’une gangrène contractée après un accident sur le chantier et son fils, Washington Roebling, ayant pris sa succession faillit mourir dans l’incendie qui s’est développé dans un des caissons immergés. Partiellement paralysé, il suivit l’évolution des travaux de la fenêtre de son bureau de Brooklyn Heights, aidé de sa femme qui prit la direction du chantier.
Nous avons bien sûr traverser le pont dans les deux sens pour nous balader dans ce petit paradis qu’est Heights promenade, plus ancien quartier de Brooklyn miraculeusement préservés avec sa merveilleuse promenade au bord de l’East river et qui donne une vue magnifique sur les building de Manhattan.
Nous nous sommes perdus dans une autre merveilleuse promenade à Brooklyn entre Prospect park et Park Slope à la recherche de la Withe Horse Tavern où Paul Auster se rend parfois pour boire un verre. Nous n’y sommes pas parvenus et n’avons donc pas rencontré Paul Auster mais vous reconnaîtrez que ce qui m’est arrivé avec mon grand père a quelque chose d’Austérien. Un peu partout des maisons en bois parmi les plus vieilles de New York, des rues entières arborées de platanes et dont les maisons disposent d’un jardinet à l’avant. Il y fait un calme stupéfiant, la circulation y est très faible et seul le pépiement des oiseaux accompagne notre promenade. Ce sont des New York différents qui cohabitent et nous garderons longtemps le souvenir de ce repas pris à la terrasse de ce restaurant de quartier installé dans une ancienne petite imprimerie. Ce n’est pas tant ce que nous y avons mangé (quoi que le hamburger au chorizo et cheddar était délicieux et cuit parfaitement à point), que le côté paisible et serein qui régnait sur cette terrasse au milieu  de maisons fleuries qui nous offrait un décor empreint de poésie et de doux bonheur de vivre.
Nous allions aussi à New York pour découvrir du neuf en matière de déco de restaurant. Nous avons été plus que servi mais cela, ça s’est passé à Chelsea et ce sera pour la semaine prochaine.
Xxxx
J’ai bien sûr continué mes recherches sur mon grand père maternel grâce au code d’accès que l’on m’a fourni à Ellis Island, qui me permet de fouiller leur banque de données. Extraordinaire surprise, j’ai eu accès à la liste des passagers du bateau « Presidente Wilson » qui a accosté le 18 août 1921 à Ellis Island en y amenant mon grand père parmi des centaines de passagers. J’ai découvert ainsi que mon grand père n’était pas parti seul mais accompagné de camarades : trois de Tossicia, deux de Montorio (qui se trouve à six km de Tossicia) et un de Castelli (à une vingtaine de km de Tossicia). Il me reste à vérifier la même chose pour 1909 mais cela prend du temps. J’ai pu également imprimer une photo du bateau lui-même.
Le registre manuscrit des entrées à Ellis  m’informe également de l’adresse de Dominico Esposito que mon grand père rejoignait à Philadelphia (et non Pensylvania comme écrit par erreur dans ma lettre précédente). Domenico habitait au numéro 235 de Landsale Park. J’ai écrit à la commune de Philadelphia pour demander si on pouvait me donner plus d’infos sur le passage de mon grand père. Wait and see.
Selon mes calculs, mon grand père n’a vécu que 4 ou maximum 5 ans aux EU puisque ma mère est née en décembre 1927, il a du revenir au plus tard en février ou mars. On peut penser alors que ma mère est le fruit des retrouvailles amoureuses de Salvatore et Artemisia.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire