mardi 29 décembre 2015

journal d'un restaurateur (6)

C.  amie et cliente fidèle, vient pratiquement chaque semaine et parfois deux fois la semaine, manger son potage. Como en Casa est son lieu de RDV, c’est dire qu’elle y emmène souvent de nouveaux clients. La plupart des personnes avec qui elle mange le midi, à part son amie, Z. aussi sympa qu’elle, sont des artistes ou des personnes en lien avec le monde de l’art, puisque C. travaille pour l’échevinat de la culture de Liège. Elle a participé à l’édition d’un ouvrage photo pour lequel elle a sollicité la participation de Caroline Lamarche. Elles sont devenues amies et récemment, C. est venue mangé son potage accompagnée de Caroline Lamarche. Caroline Lamarche est une écrivaine connue et reconnue, récompensée de nombreux prix dont un Renaudot. Elle vit à Bruxelles mais s’installe tout prochainement à Liège pour l’écriture de son prochain roman. J’aurai donc l’occasion, j’espère, de la revoir et de faire plus ample connaissance. Je ne crois pas avoir lu l’un de ses livres mais je vais m’y mettre et vous en parlerai.
J’ai pensé aux quelques personnalités et personnes connues que j’ai eu l’occasion de rencontrer grâce au restaurant. Ce sont des rencontres brèves, j’essaie de rester discret et de les laisser manger en paix.
La première célébrité qui se présenta à Como en Casa, est Dirk Annegarn. C’était encore du temps de la Place Saint Etienne, un jour de grosse chaleur, il y avait peu de monde et est rentré un grand mec, le T-shirt trempé de transpiration. Il m’a demandé à pouvoir aller se rafraîchir avant de manger. J’ai pensé tiens il ressemble à Dirk Annegarn. Claudine Drion qui mangeait en terrasse m’a dit de suite, je crois que c’est Dirk Annegarn. J’ai été vers lui et lui ai demandé, oui m’a-t-il répondu en riant. On a sympathisé, il était à Liège en espérant la collaboration de l’ULG pour y organiser son Festival des Mots qui n’était plus subsidié en France. Il voulait le faire sur la Place Saint Etienne, et me disait que Christophe y serait pour y lire le Décaméron sur fond musical. J’appris ainsi que l’auteur des mots bleus, à ses heures réparateur de juke box, était très ami avec l’auteur de Bruxelles. Quand je lui montrais son disque que je passais régulièrement au resto, Dirk me fit remarquer que depuis lors, il en avait sorti 17 autres et que les belges ne lui rendaient pas service en ne retenant que Bruxelles.
Une autre fois, c’était ici à la rue de La Poule,je vis entré une très belle femme qui s’assit à une table pas loin de l’entrée. J’ai pensé immédiatement tiens on dirait Nathalie Baye. Je lui présentais la carte et lui proposais d’aller s’installer plus avant dans le resto, il faisait assez froid et elle était dans l’axe de la porte. Elle se déplaça en me disant qu’en effet, elle sentait l’air froid. C’est quand je la vis juste en face de moi que je la reconnus. Vous êtes Nathalie Baye ? Oui me répondit-elle en riant. Elle goûta une focaccia aux légumes qu’elle trouva excellente. Elle tournait de nuit et dormait le jour, elle adore la Belgique et Liège en particulier. Elle trouvait que nous avions bien raison  de parler de biogastronomie car ce qu’elle avait mangé était excellent. Elle donnerait notre adresse à sa fille Laura qui est aussi très branchée bio. Je ne voulais pas l’ennuyer plus que de raison. Une tablée de trois filles me demandèrent pleine d’admiration c’est Nathalie Baye ?? Mais oui dis-je, c’est une habituée vous savez.
Dernièrement, cela m’a fait plaisir de recevoir Arne Quinze. Il fait réaliser ses structures, quand elles sont en acier, par les ateliers Melensdejardin, dont je vous ai déjà parlé. J’aimais Arne Quinze avant qu’il ne vienne au resto, c’est un artiste auquel je m’intéresse depuis plusieurs années. Je lui expliquais que je le suivais depuis son installation à la Toison d’or à Bruxelles, lui rappelais différents autres manifestations et il s’est rendu compte que de fait j’en connaissais un bout sur son parcours. C’est le seul que j’ai pensé à photographier. Aujourd’hui je regrette de ne pas avoir de souvenir du passage de Dirk Annegarn et de Nathalie Baye. Fait rien, demain, j’oserai, j’oserai demain….
Bon mais vous êtes tous des personnalités pour moi.
Je vous souhaite un très bon réveillon et une belle nouvelle année. Nous sommes ouverts jusqu’au 31 décembre midi et serons ouverts le 2 janvier avec de la choucroute et du jambonneau fermier. Et bien sûr tant d’autres bonnes choses dont nous vous réservons la surprise

Allei, à très vite

lundi 21 décembre 2015

Journal d'un restaurateur (5)

Il y a parmi nos clients réguliers deux professeurs, émérites je pense bien, d’histoire de l’art. Le professeur Colman est diplômé de l’ULG et avec ses 90 ans l’aîné. Son cadet est le professeur Wodon, 72 ans, diplômé de l’Université de Leuven, qu’il nomme Louvain La Veuve par opposition à Louvain La Neuve.
Ils se retrouvent à intervalles réguliers pour un repas de midi à Como en casa. Il me demande de leur conseiller le vin et en sont le plus souvent ravis. Ils avaient apprécié le Clairet de Bordeaux, cette fois, ils ont adoré le Côte de Provence du Château de Roquefort. Ce sont deux épicuriens et ils ne crachent pas sur le pousse café ou le passe net comme l’appelle monsieur Wodon. J’ai plaisir à les écouter et il m’a semblé un jour, mais ma surdité peut me jouer des tours,  les avoir surpris à échanger en latin. 
Ce dernier vendredi, je leur disais que je parlais parfois d’eux  comme de mes deux érudits, Oh dit Colman, j’ai justement une définition très personnelle de ce qu’est un érudit : « l’érudit est celui dont la somme des connaissances est infinie dans des domaines qui tendent vers le néant ».  Wodon et moi l’avons félicité de cette belle définition et à propos d’infini, Wodon avait une anecdote à raconter : « le  professeur de Philo avait mis comme thème du cours celui de l’infini, il demanda à un élève d’aller au tableau et de tracer une abscisse, ce que l’élève fit jusqu’au milieu du tableau. Le professeur le pria d’allonger l’abscisse et l’élève s’exécuta pour annoncer qu’il était au bord du tableau. Le professeur le pria de continuer, ce que fit l’élève en prolongeant son abscisse sur le mur et annonça que cette fois il était près de la porte. Et bien SORTEZ dit le professeur. Deux heures plus tard l’élève revint frapper à la porte qu’il ouvrit timidement. Et bien d’où venez-vous ? demanda le professeur. Mais de l’infini monsieur…
Wodon aurait encore voulu une grappa mais Colman pas. Je servis donc une grappa à Wodon qui me fit remarquer que « son commensal n’avait pas de burette » ce à quoi je répondis que si, il en avait une mais il la préférait vide. Ah fit Wodon, surpris que la burette ne m’était pas inconnue.
Avant de partir, ces deux compères passent commettre un « léger sacrilège au Saint Siège ». Je ne sais s’ils y font des bulles, mais Wodon m’a expliqué que le pape n’avait, lui, pas besoin d’y passer pour faire ses bulles. Quand je leur demandais si je pouvais parler d’eux et citer leur nom dans mon Journal d’un Restaurateur, c’est Wodon qui me répondit « mais évidemment, qui sais si par votre littérature nos noms trouveront l’éternité ».
Je cite justement souvent une phrase d’un écrivain qui disait que l’objet de la littérature est de « sauver des noms ». C’est exactement ce que j’avais voulu faire avec mon livre en racontant la vie des taf, Leona, Sylvestre et les autres, je les rêve sur le même pied que les éternels de l’Académie Française.
En partant, Colman me fit le plus beau compliment qui soit : « vous êtes un patron atypique d’un restaurant atypique ».
Vendredi soir, c’était le banquet de fin d’année de l’entreprise Melensdejardin. Une ambiance formidablement fraternelle. Cette entreprise est une véritable famille qui se donne le défi permanent de réaliser les structures métalliques des plus grands artistes mondiaux. J’aime les gens qui savent faire de leurs mains. Nous leur avons servis en mises en bouche : potage de chicon au lait, mini hamburger de céréales et petit choux farcis aux légumes. En entrée : gambas bio de Madagascar à la plancha, joues de lotte façon Como en casa et enfin calamar au chorizo. En plat principal, joues de veau sur lit d’oignons confit, purée de patates douces et foie gras. Les profiteroles et la glace vanille constituaient le dessert. La soirée s’est achevée dans l’ivresse d’un bonheur légèrement alcoolisé.
La trentaine d’autres clients ressentirent eux aussi les retombées de cette bonne ambiance.
Figurez-vous que se présente le samedi midi un couple parents d’un futur voisin qui a acheté une maison, partie des anciens bâtiments Chat Noir, rue de La Poule. En faisant plus amples connaissances, le monsieur me dit qu’il est professeur à l’académie de Spa et professeur d’histoire de la musique à l’académie de Verviers. Je pense, mais oui l’académie de Verviers, celle des Mauranne, des Rapsat, des Houben pour les plus connus mais tant d’autres grands artistes y sont passés (voir à ce propos le texte de Paul Blanjean sur FB). Celle dont le père de Mauranne était le directeur et Je pense, car j’ai un jour vu un portrait de lui dans une émission, qu’il était un pédagogue passionné. De fil en aiguille je  repense à Colman et demande au  monsieur « mais si vous êtes historien d’art avez-vous connu le professeur Colman ? ». « Oh mais oui, me répond -il, c’était Notre professeur, LE professeur, à qui je pense encore très souvent tant il nous a marqué, surtout remettez-lui mon grand bonjour et je suis vraiment heureux de le savoir en bonne santé.
Que de bons moments dans ce resto !!
Ainsi samedi soir, outre une série de tablées, il y avait deux groupes d’une dizaine de personne dont un parmi lequel se trouvaient d’anciennes collègues du CIRE que je n’avais plus revues depuis 10 ans. L’autre tablée avait été emmenée par F et P. Deux amis que j’ai toujours plaisir à revoir tant il forme un beau couple.
Nous avons terminé la soirée avec C. et M. ainsi que A. et S. Des amis avec qui on se comprend presque naturellement. Avons échangé sur des questions existentielles liées au boulot et parfois à son manque de sens quand on en a fait le tour.
Avant de partir, S. a écrit dans le livre d’or : « SOMPTUOSO, que du bonheur en bouche ! »
Quand nous avons quitté Como en casa, il était deux heures, les terrasses des restaurants voisins étaient rentrées et leurs volets étaient baissés. Je songeais au parcours professionnel que j’avais eu, à la chance d’y avoir rencontré tant de personnes qui m’ont marqué. Au choix que j’avais fait de changer tous les dix ans de travail. J’ai vécu de grandes aventures humaines, politiques, personnelles. Et à mes amis qui pensaient qu’en ouvrant un restaurant j’allais m’enfermer si pas m’enterrer, qu’ils sachent que ce n’est pas le cas, j’y fais des rencontres riches, fabuleuses, si riches et fabuleuses que j’ai envie de vous les partager. Je me dis souvent que la meilleure façon de changer le monde est d’en construire un « bon » autour de soi.

Allei, à très vite de vous revoir, passez de belles et bonnes fêtes, en famille ou avec des amis. Etre bien, s’amuser, ne nous empêche pas de penser au monde et à ses drames. Au contraire cela nous permet de parfois être plus disponibles.

lundi 14 décembre 2015

journal d'un restaurateur (4)

A et C. dont je vous parlais la semaine dernière (celui « qu’un jour le bar a laissé tomber»), sont revenus ce vendredi avec des amis, Be et B  ainsi que D. Cette fois, nous avons fini la soirée avec eux et elle n’a pas duré trop tard car Be était fatiguée et avait son yoga le lendemain à 10 h. Elle nous dit que rater son yoga la rendait triste, et lui donnait un petit sentiment d’échec. J’ai bu du vin, eux y ont été à la grappa. Sauf D. qui est dans sa période détox qu’il fait chaque année à cette période-ci.
Il y avait quatre jeunes couples ce vendredi qui occupaient des tables différentes…tous avaient un enfant en bas âge, qui était gardé qui par les parents qui par une baby Sitter. Ces couples quittent le restaurant pas beaucoup plus tard que 22 heures, pressés de retrouver leur progéniture.
Souvent quand on me dit « bravo, c’est très bon », je réponds « je transmettrai en cuisine, car le compliment s’adresse à eux. Si vous me dites « ah on a été bien servis », alors c’est un compliment pour moi. » Alors S. qui m’avait entendu dire cela à la table d’à côté  a écrit dans le livre d’or « C’était super bien servi et en plus c’était délicieux ».
AF. était accompagnée de deux amis. Elle était contente que je la reconnaisse. Enfin !! me dit-elle, on se voit dans des circonstances différentes et vous ne me reconnaissez jamais. Les trois adorent manger chez nous quand ils en ont les moyens. AF a 28 ans et prépare son départ pour le Québec où elle voudrait séjourner un an ou deux. Que vas-tu y faire? Chercher du travail et voir. me répond-elle. Incroyable ces jeunes sans attaches, libres comme le vent et qui veulent voir le monde. Je lui ai donné les coordonnées de C (28 ans aussi) qui revient juste d’avoir passé un an et demi à Montréal et y a travailler dans un salon de thé. A son retour elle aurait voulu travailler chez nous mais aussi avoir un bébé…deux projets qui ne vont pas tellement ensemble.
Samedi midi, D et sa femme B de Soignies que j’avais revu lors de la présentation de mon livre à la Halle aux draps sont venus manger. Ils ont été rejoints par leur fils qui vit près de Liège et qui leurs présentait ainsi sa nouvelle copine. Par hasard passait le disque de Guy Delhalle dont un morceau a été écrit par D.
J et K, homme et femme politiques assez bien connus sont venus pour un repas de travail. Je les aime bien tous les deux… K est une conscience pleine de fraîcheur dans ce monde de brutes…
La soirée a été calme : deux italiennes sympas et enthousiastes qui sont à Liège pour une rencontre internationale ; un couple de trentenaire, dont le monsieur, fonctionnaire, a quitté son boulot et est attiré par la restauration, très attentif au bio ; un médecin et sa femme, client régulier, un type très bien mais pince sans rire et donc pas toujours facile à découvrir et à approcher ; et puis J. de Verviers, présent chez nous chaque semaine avec sa femme et divers amis, magnifique cette fidélité.
A 21h30, est arrivé une bande de  4 amis autour de PH, client fidèle devenu ami. Ph travaille dans le monde du cinéma, de la musique et des arts plastiques. Il organise en ce moment une très belle expo  chez Stalport. Il travaille assez souvent avec les Frères Dardenne et c’est lui qui venait chercher les salades de Marion Cotillar lors du tournage de « Deux jours, une nuit ». Pa a elle ouvert une chocolaterie en Hors Château et C. L’aide dans l’atelier mais continue son travail au consulat portugais. R. Les accompagne. Nous avons parlé musique car Ph est en contact avec des tas de musicien surtout dans le monde du jazz et voudrait organiser un concert chez nous. Pourquoi pas. La soirée « Autour de Brassens » du 21 janvier et celle de « Gainsbourg confidentiel » du 4 février nous serviront de test. Les quatre amis nous ont laissé vers minuit et demi nous disant qu’ils n’oublieraient ni la scamorsa ni le jamon de pato.
Quand nous avons quitté Como en casa, les terrasses des restaurants voisins étaient rentrées et les volets étaient baissés. J’ai pensé à Banksy qui s’était déplacé à Calais avec un magnifique pochoir de Steve Job placé en trompe l’œil sur les murs bordant le camp de réfugiés, camp qu’on appelle « la jungle ». Il voulait rappeler que Steve Job était …fils d’immigré syrien. J’ai pensé alors à ces milliers de migrants qui débarquent à Kos en Grèce, transis de froid et qui marchent ensuite vers l’Europe du Nord à travers les Balkans. Je me suis demandé pourquoi on n’allait pas les chercher comme dans les années septante des activistes français avaient été cherché 50 000 boat people vietnamiens. L’opération s’appelait un bateau pour le Vietnam. Les Syriens, on les laisse marcher, on les laisse crever sur les routes qu’on barre avec des barbelés, pour encore allonger leur itinéraire, il faut qu’ils méritent leur asile n’est-ce pas et tant pis pour ceux, femmes et enfants, qui crèvent en route. Comment se fait-il que personne n’organise un car ou un bateau pour Kos.
Allei, gardons confiance et ne désespérons pas encore de l’humanité.
La clôture de Mons 2015 a été grandiose et émouvante pour les montois me dit-on. J’avais adoré mes deux jours passes à Mons 2015 et j’ai découvert une ville que je ne connaissais pas (voir à ce propos ma chronique du 7 septembre sur mon blog). Suis heureux que la structure d’Arne Quinze reste pérenne. Le Beffroi a retrouvé toute sa splendeur et les jours de fortes chaleurs, si je suis à Mons, j’irai certainement me reposer à l’ombre d’un arbre dans le jardin du mayeur.
La vie continue et reste belle du moins si on la veut telle.

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lundi 7 décembre 2015

Journal d'un restaurateur (3)

C et J étaient là ce dernier mardi, aussi un couple de clients devenus amis. J’ai pu commander à J. les planches pour ma biblio mais aussi les sapins de Noël, les guirlandes lumineuses et autres décors de Noël.
Jeudi, j’ai reçu mes QORs, et notre « vermoutherie » » est ainsi initiée. Nous comptons servir jusque douze vermouth et cocktails différents. Uniquement des vermouths artisanaux. Le QOR est un vermouth du Piémont, doux, très fin. La famille qui l’élabore de façon artisanale n’en produit pas plus de 5000 bouteilles l’an. Marlène qui est partie en Espagne ce dimanche ramènera deux autres vermouth artisanaux.
Vendredi, A et C, un couple de médecins, étaient là pour souper. Étonnamment tôt. Nous avons de suite pensé que nous finirions notre soirée avec eux car ce sont de bons amis. C. est une ancienne collègue à Marlène. Mais à 22h30, ils nous ont annoncé qu’ils partaient. A. devait se reposer car le samedi soir, à minuit, il partait à vélo avec deux amis  pour Ostende. Ils espéraient y arriver pour le dimanche midi. C. quand à elle, prendrait le train le matin et les attendrait sur la digue avec des vêtements secs. Un jour A était venu faire la fête avec des copains. Le vin et la grappa avaient coulés à flot et je pense bien qu’ils en avaient déjà pas mal bu avant d’arriver chez nous. Au moment de partir vers les une heure du matin, A. s’était appuyé sur le pose pied du bar pour faire ses lacets et avait complètement chaviré, renversant tous les tabourets. Samedi, il a laissé un mot dans notre livre d’or : « Un jour, m’a-t’il semblé, le bar me laissa tomber ».
C’est avec Nicolas et Violetta que nous avons terminé la soirée. Nicolas a créé un réseau visant à promouvoir les produits de bouches artisanaux « le Cercle des Artisans », dont nous sommes bien entendu. Violetta, 25 ans, a créé et gère un bar à jus en Neuvice, dans les anciens locaux de Doddies. Elle y sert des jus de légumes et de fruits. La déco y est très intimiste façon salle à manger de grand-mère. Ukrainienne d’origine, Violetta est non seulement très jolie mais s’habille avec énormément de goût. J’ai beaucoup voyagé en Pologne, Tchécoslovaquie et URSS avant la chute du Mur et ai souvent pensé que les populations d’Europe centrale avaient, malgré les difficultés, gardé un savoir vivre de bon goût, genre aristocratique, tout en finesse. Vendredi soir, Violetta portait un manteau et un chapeau à très large bord, les deux étaient rouges et recouvrait une robe et des bas noirs. Magnifique. Comment n’ai-je pas pensé faire une photo.
Durant la soirée, Violetta nous a confié avoir une terrible nostalgie de son pays. Ils iront très bientôt rendre visite à sa famille et faire découvrir à Nicolas les lieux de son autre vie.
Alors que le vendredi a été plutôt calme en termes de fréquentation (nous nous posions d’ailleurs la question de savoir si les événements parisiens et notre niveau d’alerte 4 y étaient pour quelque chose) la soirée de samedi a été folle. Imaginez soixante couverts, qui ont démarrés juste pendant le vernissage de l’expo d’Ermanno. Une fabuleuse ambiance de brasserie parisienne, des tablées gaies et dominées par les éclats de rire de Flavia et Carine, deux copines venues passer la soirée avec leur mari respectif.
J’y ai fait la connaissance de deux nouveaux couples, dont l’un venait pour la première fois. Je n’ai pas encore retenu les noms, mais l’un des messieurs est le sosie parfait d’Eric Zemmour. Et surpris en m’approchant de lui, je lui dit « ça alors, dites-moi que ce n’est pas vous », sa femme est intervenue de suite « ne lui dites pas à qui il ressemble, il ne le supporte pas ». De taquineries en petites blagues, nous avons passé une très belle soirée ensemble. Le sosie de ce crétin de Zemmour est professeur d’architecture. A propos de Marie Foidart (qui a construit la cabane dans le restaurant), j’avais compris « c’était une bonne comédienne » alors qu’il me disait « c’était une de mes bonnes élèves ». Je leur ai alors parlé de toutes les confusions dues à mes problèmes auditifs, la fois où j’avais apporté l’addition à quelqu’un qui me demandait une tarte au citron et un peu plus tard dans la même soirée, quand j’avais servi une tarte au citron à quelqu’un qui lui m’avait bien demandé l’addition.
A ce même propos, j’ai passé l’après-midi du dimanche au Curtius pour y dédicacer mon livre, au stand des Editions du Cerisier, dans le cadre de la foire des petits éditeurs. Jean Delval, mon éditeur me dit à un moment : « il y a ici beaucoup de livres de poésie ». « Quoi dis-je, des livres de cuisine ici ?? ». Ça l’a beaucoup fait rire.
Pour revenir au samedi, nous avons terminé la soirée vers 1h30 avec G. qui nous avait amené un groupe de 12 copains et copines en guindaille. A un moment de la soirée, G. avait gagné le garage et était réapparu en Saint Nicolas.  Le restaurant était encore bondé et je crois que tout le monde a cru que Como en casa avait organisé le coup. Beaucoup de clients ont tenu à se faire photographier avec Saint Nicolas pendant qu’un ami à George jouait du trombone à coulisse. Après coup, G. m’a confié « Avec Saint Nicolas, les barrières tombent et c’est terrible les femmes que l’on tient dans ses bras avec ce déguisement »

Quand nous avons quitté le restaurant pour regagner la voiture, il était deux trente, le temps était doux pour la saison. Les terrasses des autres restaurants étaient rentrées et leurs volets baissés. Mon hernie ventrale, qui m’avait taquiné durant la soirée, avait retrouvé son nid. J’ai pensé en rentrant, allei, ce fut un autre bon, moment.

mercredi 2 décembre 2015

journal d'un restaurateur (2)

J'ai trouvé un vieux cahier à toile dans le classeur à tiroir de mon bureau salle de bain (oui c'est un peu compliqué à expliquer mais j'ai un très beau  local de 30 m2 qui me sert à la fois de bureau, salle de bain et chambre d'amis, du moins dès que le convertible sera arrivé.), j'ai enlevé de ce cahier les pages de notes anciennes que j'ai mises de côté et mon cahier est maintenant vierge. Je l'aurai près de moi au restaurant et y écrirai mes notes au vol. C'est pourquoi je l’ai intitulé « Notes de restaurant ».
Je me suis aperçu que j'avais oublié de vous dire certaines choses. D’abord, si j'ai mentionné le fait que la jolie jeune femme du couple qui accompagnait AF. et O. était enceinte c'est que quand je lui ai demandé si elle avait passé une belle soirée, elle m'avait répondu oui mais qu'elle était un peu frustrée de n'avoir pas pu boire de vin. C'est quand je lui ai demandé pourquoi qu'elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte. 
De même que quand je vous ai dit que AF (la deuxième, celle de samedi soir, l'archéologue) avait parlé de ses fouilles en Syrie, elle avait dit que la Syrie était à l'époque le pays où elle s'était sentie la mieux accueillie et la plus en sécurité. Et en fait, elles étaient deux en Syrie: AF et M (la prof de l'ACA qui à l’époque était aussi archéologue).
Nous avons installé un livre d’or à la sortie du resto, inauguré aujourd’hui par C et deux autres dames. Que du positif.

Allei, Mario content 

mardi 1 décembre 2015

journal d'un restaurateur (2)

J'ai trouvé un vieux cahier à toile dans le classeur à tiroir de mon bureau salle de bain (oui c'est un peu compliqué à expliquer mais j'ai un très beau  local de 30 m2 qui me sert à la fois de bureau, salle de bain et chambre d'amis, du moins dès que le convertible sera arrivé.), j'ai enlevé de ce cahier les pages de notes anciennes que j'ai mises de côté et mon cahier est maintenant vierge. Je l'aurai près de moi au restaurant et y écrirai mes notes au vol. C'est pourquoi je l’ai intitulé « Notes de restaurant ».
Je me suis aperçu que j'avais oublié de vous dire certaines choses. D’abord, si j'ai mentionné le fait que la jolie jeune femme du couple qui accompagnait AF. et O. était enceinte c'est que quand je lui ai demandé si elle avait passé une belle soirée, elle m'avait répondu oui mais qu'elle était un peu frustrée de n'avoir pas pu boire de vin. C'est quand je lui ai demandé pourquoi qu'elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte. 
De même que quand je vous ai dit que AF (la deuxième, celle de samedi soir, l'archéologue) avait parlé de ses fouilles en Syrie, elle avait dit que la Syrie était à l'époque le pays où elle s'était sentie la mieux accueillie et la plus en sécurité. Et en fait, elles étaient deux en Syrie: AF et M (la prof de l'ACA qui à l’époque était aussi archéologue).
Nous avons installé un livre d’or à la sortie du resto, inauguré aujourd’hui par C et deux autres dames. Que du positif.

Allei, Mario content 

lundi 30 novembre 2015

journal d'un restaurateur (1)

Un restaurant est un merveilleux lieu de contact, de convivialité et pour le restaurateur que je suis, un fabuleux poste d’observation. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que je n’y fasse une rencontre intéressante. Une amie à qui je racontais quelques anecdotes survenues au resto, me dit, « oh c’est gai la façon dont tu racontes ». Je me suis alors dit mais pourquoi ne pas raconter cela, raconter ces choses de la vie quotidienne qui mettent un peu de gaieté dans ce monde qui ne va vraiment pas bien en ce moment. Je me suis mis à prendre des notes sur les clients et les conversations que j’ai avec eux, leurs habitudes aussi, et les faits qui sortent de l’ordinaire et que je retiens le plus. Je me suis retrouvé ainsi, après à peine deux jours, devant une sorte de journal. J’eus alors l’intention de le nommer « Le journal des clients », mais ce n’était pas tout à fait cela. Ce ne sont pas les clients qui écrivent mais moi qui écris sur eux. Alors j’ai décidé de l’appeler « Journal d’un restaurateur », cela me semble sonner plus juste. Il commence ce dernier vendredi 27 novembre. C’est une démarche délicate évidemment. Je devrai trier, car il me sera impossible de tout raconter. Je devrai faire attention à ne blesser personne aussi je respecterai l’anonymat des clients et utiliserai uniquement des initiales. Si des faits rapportés font rire, je veillerai à ne pas me moquer des personnes concernées. Bref, nous verrons à l’usage. N’hésitez pas à réagir et à tirer la sonnette d’alarme si vous le pensez nécessaire.
Ce vendredi 27 novembre, dès l’ouverture, sont arrivés A et D avec leurs enfants (déjà adultes) et ont occupé la table de six que j’avais réservée à leur demande. A est venu me voir au bar pour m’annoncer que lui et D venaient de se marier et qu’ils avaient décidé de fêter cela chez nous. C’était donc leur repas de mariage que nous allions leur servir. Ce choix nous a fait bien plaisir et bien sûr nous leur avons offert le cava. Ils nous ont dit en partant que ce repas était une réussite parfaite et P, une de leur fille de 28 ans a dit qu’elle n’avait jamais aussi bien mangé.
Est arrivé aussi un couple dont le monsieur m’avait laissé plusieurs messages me demandant de le rappeler car il avait des intolérances alimentaires. Il voulait vérifier qu’il pourrait manger chez nous sans subir de conséquences néfastes pour sa santé. J’avais tenté en vain de le rappeler. Aussi, dès qu’il fut installé, avant que je ne lui donne la carte du jour, il me tend une feuille A4 et m’explique que dans la colonne de gauche est reprise la liste des aliments qui lui sont interdits et dans la colonne de droite ce qu’il peut manger. Il mre demande de soumettre cela en cuisine. J’apporte ce papier à Marlène qui l’examine avec Benji, son second, (nous avons deux benjamins en cuisine aussi pour éviter toute confusion, nous appelons l’un Benji et l’autre Benja). J’avais oublié que Marlène confondait toujours sa gauche et sa droite et je ne savais pas que Benji avait la même déficience. Ce fut catastrophique et quand arrivèrent les ambulanciers, il était déjà trop tard. Mais non, je rigole hein ! Marlène et Benji identifièrent de suite les plats que le monsieur pouvait manger sans souci, il choisit le bœuf en croûte de pavot et sa farandole de légumes et la femme qui l’accompagnait choisit le filet de canette au porto avec sa poire au vin et son gratin de betteraves et patates douces. Ils se montrèrent plus que satisfaits et me dirent qu’ils ne manqueraient pas de revenir.
Après le service, nous terminons souvent la soirée autour d’un verre avec des amis qui sont là. Ce vendredi ce fut avec AF, O et un couple de jeunes architectes que nous connaissons et qui les accompagnait. Ce sont des trentenaires et la très jolie femme de ce second couple est enceinte de son deuxième enfant. AF nous a raconté son premier marathon qu’elle vient de réussir à Berlin. Elle en était encore émue et nous a expliqué que le livre d’Haruki Murakami, « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » que je viens justement de lire, l’avait beaucoup aidé psychologiquement durant la préparation et les entraînements et l’a accompagnée mentalement durant l’épreuve. Mais elle n’a pas vécu le coup de bambou du trentième km que vit Murakami à chacun de ses marathon (et il en fait un chaque année). Au contraire, au trentième km, AF a pris conscience qu’il lui restait  12 km soit la distance qu’elle court habituellement trois ou quatre fois par semaine. Elle a donc fait ces 12 derniers km sans difficultés si ce n’est comme elle le dit, que ses jambes fonctionnaient mécaniquement sans que son cerveau ne soit capable d’encore intervenir.
Pour ne pas vous imposer dès ce premier extrait de mon journal une lecture trop longue, je vous parlerai une autre fois de nos clients du samedi midi (nous appelons le service du samedi midi le repas des pensionnaires, ce sont des habitués très fidèles auxquels viennent souvent s’ajouter des touristes de divers horizons). Par contre quelques mots quand même du dernier samedi soir.
Je me suis rendu compte durant la soirée qu’il y avait 20 flamands dans la salle : une table de quatre personnes venant de Malines, trois tables de deux et une table de dix jeunes femmes venues d’Anvers et qui logeaient à Soumagne. Elles étaient en tenue de ville impeccable, presqu’en tenue de soirée, fières de se trouver dans un resto branché et magnifiquement décoré (A ce propos, je vous conseille vivement de ne pas rater notre expo actuelle qui s’intitule « La malonga de los tangeros locos » (le bal des danseurs de tango fous) de très grands formats magnifiquement dessinés et colorés, d’Ermanno Orselli. Vernissage ce samedi 5 décembre à 18h30). Je leur ai dit que j’avais déjà reçu un groupe pareil au leur, elles m’ont demandé ce que je voulais dire par pareil, et quand je leur ai dit « un groupe de jolies filles », elles ont applaudis. Je pense souvent que quand on est en voyage ou en excursion, un repas réussi participe énormément à la réussite de l’ensemble du séjour. Que de fois n’ai-je entendu dire « j’ai été à…c’était bien mais qu’est-ce qu’on y mange mal ! ». Quand j’accueille des flamands, j’essaye toujours de glisser un mot ou deux dans leur langue, et il suffit d’un smakelijk pour qu’ils se sentent respectés et que surviennent de spontanés Danku vel.
Merci à cette émission « vlandere vakantie » qui a fait un reportage sur nous et nous amènent une clientèle assez importante.
Apres le service, nous avons pris un verre ou disons quelques verres avec une autre AF et M. AF est archéologue et nous raconte régulièrement ses voyages dans le monde. Elle a entre autres fait des fouilles en Syrie il y a quelques années. C’est dire si elle connait ce pays. M est prof à l’Académie de Liège. Comme il y a pas mal de nus dans les toiles sur le tango, M nous a raconté des tas d’histoire à propos des modèles vivants qui posaient pour les élèves de l’Aca. Comment un garçon a mis des mois pour enfin posé sans son slip et qui maintenant s’exhibe au maximum, de même que ces modèles féminins qui au début serrent bien leur jambes mais finissent par se décomplexer complètement et se moquent pas mal de se retrouver face aux élèves les jambes bien écartées. Contrairement à ce qu’on peut penser, il s’établit finalement un lien respectueux de la part des élèves envers leur modèle.  Je vous passe évidemment les détails croustillants rapportés durant cette soirée. AF et M sont parmi les clientes qui avec le temps sont devenues de véritables amies
Bernadette et Valérie sont venues souper au resto. Bernadette est une des initiatrices du Québec café qu’elle a quitté. Elle a aujourd’hui ouvert avec Valérie un autre établissement « K Fées » en ville, juste sur le côté de la Halle aux viandes. Elles y servent des petits déjeuners et brunch tout à fait originaux.

Allei, j’essayerai d’être plus régulier et vous livrer ce journal par petits morceaux. A très vite donc

lundi 7 septembre 2015

Si vous passez à Mons


16:37 (il y a moins d'une minute)
Cela fait plus de trois semaines que je ne vous écris pas. Quelle paresse. Aussi je vous donne quelques nouvelles en vrac.
Notre formule de menu 4 services à 21€ cartonne. Pour beaucoup d'entre vous, c'est l'occasion de goûter une plus grande variété de mets.Mais comme il est possible de le décomposer à votre guise, c'est très souple. 
Il est arrivé plusieurs fois que certain(e)s prennent d'abord les deux entrées (elles sont à 5€) et décident seulement après de prendre le plat, ou un plat pour deux ou le dessert. C'est très gai pour nous de vous voir satisfait(e)s.
Nous essayons de varier les goûts au maximum: cette semaine, en entrée il y aura un potage de lentille corail et un ravier de légumes (scaroles, bettes, épinards) cuit à l'huile et ricotta. C'est délicieux et vous êtes transportés directement en Italie. En plat, vous aurez le chois entre un pain de viande au chorizo accompagné de bulgour ou une salade galicienne avec une sauce au pimenton. (non piquant) le dessert est au choix. 
Donc quand le coeur vous en dit...
Au mois d'août, je me suis payé une excursion à Mons 2015. Et bien, ça vaut la peine hein!. J'ai découvert un centre ville que je ne connaissais pas et des expos qui valaient le détour, entre autres "la Chine ardente que je vous conseille vivement. Le Beffroi est complètement refait et il est magnifique le soir avec son jeu de lumière. Bref, je vous conseille vivement une excursion. Cela vous prendra largement toute la journée. Si vous avez l'occasion d'y passer une nuit, c'est encore mieux. J'y ai fait une belle rencontre ...culinaire. Je vous déconseille les restos de la Grand Place. ..industriel... Je vous conseille un petit resto hyper sympa où l'on sert des tartines garnies extraordinaires et vraiment pas chères. Vous avez une belle assiette pour 9.5€. Quand j'y étais le restaurant n'avait pas encore de nom, car il n'était ouvert que depuis 15 jours. Mais Philippe, qui est en salle, nous a dit qu'ils l'appelleront probablement Monrette, du nom de la grand mère de Maïté, sa compagne, qui elle est en cuisine. C'est absolument original. Des sortes de bruschette géante, qui vous font un repas complet avec légumes, viandes et féculent...Vous avez le choix entre une dizaine de compositions différentes. Le resto est petit (! ou 10 tables, il y a une terrasse par beau temps. Il se trouve dans un ancien commerce qui a gardé son aspect d'antan. Il est situé au coin de la rue de la Coupe et...de la ruelle aux quinettes. Vous savez ce que c'est une quinette?? Dans le Hainaut en tout cas, une quinette, qu'on dit aussi quiquine, c'est ...le sexe des filles...Une dame racontait que la ruelle abritait un ou des bidet où les femmes pouvaient aller faire leurs ablutions, enfin, je ne sais plus, avec ma surdité grandissante, je comprends peut être tout de travers. Bon mais je vous assure que la ruelle au Quinette existent et le resto qui s'appelle peut être Monette aussi. On y mange très bien et on y sert un excellent chardonnay. 
Ce qui m'a plu aussi à Mons, c'est le jardin du maieur qu'on gagne par un tunnel à partir de la grand place...J'ai aussi appris plein de choses sur la ville, sur le doudou..et j'ai enfin appris que pour que le voeu que l'on fait en caressant la tête du singe se réalise, il est impératif de le caresser de la main gauche.
Allei, je vous parle de sujets légers mais bien sûr que je pense à ces gens qui tentent de traverser mers et continents pour trouver un refuge...j'y reviendrai un de ces quatre..A très vite


lundi 17 août 2015

Ce furent de belles vacances

Les Asturies ont, outre de merveilleux paysages et une mer aussi belle que sauvage, un climat fabuleux. Chaque jour, un petit quart d’heure de pluie vient rafraîchir l’atmosphère et chasser la poussière. Ensuite la journée vous appartient. A vous les longues marches le long des rivières, le long des forêts et sur les flancs des montagnes…Et une bouteille de cidre bien frais vous attend toujours où que vous alliez…
Et donc, grâce à cela, ce 18 août, nous serons donc frais et dispos pour vous accueillir…plein de nouvelles idées qui se mettront en place peu à peu ce trimestre
Dès demain, de nouvelles formules pour le midi. Inspirées de notre long périple à travers l’Espagne : d’Asturies vers la Catalogne, en passant par la Rioja... L’idée, faciliter le choix d’un plat sans créer de frustrations. Oh, j’ai envie de tout. Et bien voilà, vous aurez tout. Donc,
Un menu 4 services : deux entrées, un plat, un dessert pour 21€ .  
C’est trop ? Petit régime d’après vacances ?
Choisissez alors deux entrées et un plat pour 17€
C’est encore trop et vous avez peu de temps, prenez alors le plat du jour à 13€
Juste une petite faim, trop manger la veille, prenez alors une ou les deux entrées à 5€ pc.
D’autres nouveautés vont aussi voir le jour. Ainsi dorénavant le WE un menu vous sera proposé pour 42€, comprenant un cava en apéritif, deux mises en bouche, une entrée, plat et dessert…. Ce menu sera annoncé chaque jeudi sur notre facebook.
Et une surprise à partir de la mi-octobre….une surprise c’est une surprise hein, donc patience d’ici là.
C’est Véronique Godenir qui expose dès demain. Ses tableaux sont des merveilles de couleurs, de simplicités et de petits personnages qui transmettent une histoire…nous vous ferons parvenir une affiche dès demain…Notez déjà que le vernissage aura lieu le 11 septembre…
Bon, j’attends la semaine prochaine pour vous parler de mon excursion à Strépy et à Mons 2015. Peux déjà vous dire que Mons 2015 vaut le détour et en ce moment, ne ratez pas l’expo aux vieux abattoirs : « La Chine Ardente ». Impressionnant, et je ne suis pas le seul à le penser.
Allei. Ah oui, j’allais oublier : suis très content de vous retrouver hein, bon courage si vous reprenez aussi le travail, encore plus de courage si vous reprenez avec les pieds lourds. A lire vraiment, « la leçon de bonheur d’Alain Badiou dans Le Monde de ce WE. A très vite

jeudi 9 juillet 2015

Albert Delacharlerie s'en est allé

Il s'appelait Albert, Albert Delacharlerie. Un nom qui sans petit de, évoque malgré tout l’Histoire. Nous avions 20 ou 25 ans, il en avait 20 de plus.
Il était prêtre. Il avait été, sans notre avis, nommé aumônier par la conférence épiscopale. Aumônier malgré nous aurait dit Sergio Reggazzoni, un des nôtres, venu de Suisse. Aumônier malgré lui avons-nous compris bien après. Car nous apprîmes qu'il aurait pu faire une carrière épiscopale, et que le nommer aumônier de la JOC dont nous étions les dirigeants, était une façon de l’en écarter. C'est sans doute ce qui lui arriva de mieux dans la vie, même s'il eut du mal à le vivre au moment même.
Nous avions 20 ou 25 ans et toute l’assurance, l’arrogance et les certitudes propres à notre jeunesse.
Il accepta tout. Il nous dit que nous n'avions peut être pas tort. Nous avons compris assez vite que nous n'avions peut être pas raison. Nous avons compris plus tard que nous pouvions tout questionner, que rien n'allait de soi, qu'il fallait secouer l'édifice pour essayer d'autres voies. Les bien-pensants, les installés, les gens de son âge, l’establishment du MOC de l’époque lui en voulaient de nous donner sa caution d’adulte. Lui en voulaient de nous permettre de nous fourvoyer, de nous tromper, de nous chercher au risque de nous trouver. Nous avons fait notre chemin, nous avons creusé notre route et nous sommes construits notre destin. Nous nous sommes parfois trompés mais cela nous a permis de réaliser de bonnes choses. Il aurait encouragé Tsipras en lui disant cherche, mais c'est compliqué. Il nous a dit à l'époque cherchez mais rien n'est simple. Sortez des sentiers battus mais préparez-vous à souffrir. Nous avons pris des chemins de traverses, nous avons dû inventer et nous en sommes heureux.
Il a quitté la prêtrise, il a épousé Nicole qui avait notre âge et pour lui ce fut un acte d'amour profond et aussi un geste révolutionnaire, sa manière de contester cette église qu’il ne comprenait plus.
Nous savions que logiquement il mourrait avant nous. Nous avions 20 ans et il en avait 20 de plus. Mais aujourd'hui qu'il est parti, nous savons que c'est un frère qui s'en est allé, un frère qui fut un peu un père, un père qui fut un peu un frère. Salut Albert, ta tolérance d’adulte a participé à nous construire.
Nous pensons à Nicole et à tous les tiens. Qu’ils se consolent, si cela est possible, de ton départ, qu’ils soient heureux et fiers de ce que tu fus.
Nous serons ce samedi 11 juillet à 11h à l'Eglise de Bouge pour un dernier salut

mercredi 8 juillet 2015

dernière ligne droite avant vacances

Et nous voici dans la dernière ligne droite avant les congés. Nous travaillons donc tous les midis de cette semaine et vendredi et samedi soir. Vous étiez nombreux vendredi dernier et en pleine forme. on sent un esprit de vacances et évidemment, température aidant, on sent bien que l'ambiance est à la détente, que les soucis professionnels sont un peu mis entre parenthèse et que seuls compte la détente, le plaisir d'être avec son amoureux ou sont amoureuse, ses amis et un bon vin accompagnant un bon plat. Evidemment, Bruno et Chacha d'Art Contemporain et Benjamin et Jessica de Restore art, se sont installés en plein milieu de la terrasse et il ne fallut pas longtemps pour que leur bonne humeur se communique aux autres tablées. On adore ce type de soirée où règne une ambiance "brasserie parisienne".
Nous préparons déjà la rentrée et on a envie de faire quelques changements: Marlène fourmille d'idées: fleurir beaucoup plus la terrasse et la décorer. L'idée serait de sortir des peintures et de les accrocher comme dans un intérieur. Renforcer l'éclairage extérieur et la présence plus importantes de bougies. Ne plus installer ce tableau craie mais plutôt une beau tableau coffret où tout est repris.
Notre carte du midi va changer, nous mettons fin à la carte générique et nous aurons ainsi une carte encore plus souple. Nous gardons bien sûr nos principes de saisons et circuits courts, toujours deux plats végétariens et végétaliens chaque jour, une viande et sans doute une éventail de pâtes..
Nous vous informerons de tout cela dés la rentrée.
Bon pour ce WE, réservez déjà au 04 2320004. Si pas, nous ré-ouvrons dés le mardi 18 août dés 12 h.
Allei au plaisir et bonnes vacances à vous.

jeudi 2 juillet 2015

Como en casa travaille, les clients lisent...

Eh oui, nous sommes toujours là et nous serons là jusqu'au 11 juillet. Nous continuons à vous présenter de bonnes choses. Ce WE à la carte, en entrée les palourdes à la thaï que vous avez adoré la semaine dernière (mais aussi le mille feuille, le tartare de betteraves , le carpaccio de fenouil) et en plat, nous avons de nouveau été ravitaillé en araignée de porc et nous vous la servirons avec un gratin dont la cheffe a le secret.

Nous serons en congé dés le 12 juillet pour de nouveau vous accueillir le mardi 18 août le midi. Nous partons a la découverte de nouveaux mets ou de mets traditionnels revisités par les chefs tant du nord de l'Espagne que de la Catalogne. Tout cela pour mieux vous servir à la rentrée avec des nouveautés. Nous garderons nos incontournables, ne vous tracassez pas.

Je ne résiste pas à l'envie de vous partager un article de Pascale Bonnet à propos de mon livre. Elle l'a écrit pour une revue qui s'adresse aux prof de français et qui s'intitule d'ailleurs, De prof à prof. L'article lui est titré "Un coup de coeur de Pascale Bonnet" que je remercie du fonds du coeur.

"Le bouillon noir de ma mère est un recueil de 11 nouvelles, un petit ouvrage de 115 pages. Je l’ai trouvé un peu par hasard : une pile de livres à vendre posée discrètement à côté du terminal bancontact du resto où je venais de partager un repas simple mais goûteux avec une collègue un peu triste ce jour-là. Un restaurateur écrivain. Intrigant… Intrigant oui, mais surtout savoureux ! En quelques doubles pages, Mario GOTTO fait revivre des fragments de vie qui ont le gout d’ici et d’ailleurs. Dans d’autres récits, nous quittons l’air de rien la page du réel pour suivre le fil imaginaire d’une histoire dont nous reconnaissons pourtant des lieux familiers : les alentours du CHR de la Citadelle, les abords de la gare du Palais, la Cour Saint-Etienne... Puis nos repères disparaissent dans une descente étonnante sous les sols de la ville où affleurent les émotions. J’ai aimé par-dessus tout la célébration des gestes simples du quotidien d’une grand-mère italienne et l’évocation des hommes noirs de Strépy, leurs peines et leurs joies. Et puis aussi l’expérience de ces hommes d’hier qui ont traversé les océans pour gagner un pays où ils ont vécu longtemps, où ils sont morts loin des leurs, en terre restée étrangère. Cette expérience de l’inhospitalité tellement actuelle… Mario Gotto écrit avec une simplicité qui m’a touchée et continue à m’habiter."

Aujourd'hui 2 juillet, Adriano est venu manger avec un ami et m'a dit," J'ai lu ton livre qui m'a fort ému et m'a beaucoup fait rire. Et tu sais quoi, en lisant, je croyais t'entendre parler et raconter."  Beau aussi comme compliment. Merci Adriano. 
Allei, je vous écrirai une dernière fois avant de partir en vacances. Bonnes vacances à vous si vous partez avant moi.

mercredi 3 juin 2015

Como en casa classé troisième meilleur resto de l'euregio

C'est inattendu et c'est donc une très belle surprise. Como en casa est classé troisième meilleur restaurant de l'Eurégio Liège, Aachen, Maastricht, dans la catégorie cuisine internationale, par le Gastro euregio guide. Les autres catégories sont cuisine italienne, méditerranéenne, asiatique, cuisine pour enfant etc. Si nous avons bien lu, nous ne sommes que deux restaurants de la ville de Liège a être dans le Top 5.
Voilà, on peut féliciter notre cheffe pour le travail accompli et cette réussite. C'est pas le Michelin, mais c'est déjà un bon pas et on ne va pas bouder notre plaisir.
Ah oui, Il y aura du foie de veau ce WE... Au plaisir donc.
Mario

lundi 1 juin 2015

Doddies arrête, bon vent Laurent

Le 18 janvier 2012, je vous annonçais l'existence d'une pâtisserie bio en Neuvice. Trois ans et demi plus tard, beaucoup d'entre vous ont certainement appris sa fermeture. Laurent, ce pâtissier de génie qui a créé Doddies a décidé d'arrêter. On peut le comprendre quand on connait le métier: trois ans et demi de travail de nuit, seul dans son atelier à l'étage et vu la taille du projet, il était difficile d'engager du personnel et les charges financières que cela peut représenter. Ce dimanche, nous avons été acheté le dernier gâteau de Doddies. En nous baladant dans le quartier, nous avons vu un groupe d'une quinzaine d'allemand s'y balader et s'arrêter en admiration devant ces petits commerces tellement typiques qui font quand même en partie l'attrait de la ville et du centre ville. nous avons pu parler avec nos amis, Benjamin et Jessica de Restore art, avec Bruno d'Art contemporain, avec Renzo Salvador le luthier. Nous n'avons pu entrer au petit bar de Stephane tant il y avait du monde, par contre nous avons acheter notre fromage chez Uguzon, saluer Jehanne de Fragrance. Nous aurions pu saluer Mélanie du Carré noir, Gaétane de l'Hôtel en Neuvice et tant d'autres artisans glacier ou boucher qui font ensemble le succès de cette rue qu'ils ont fait renaître en à peine deux ou trois ans. Beaucoup la baptise aujourd'hui la rue du dimanche.
Dans le fonds, nous nous le disons souvent, ce qui fait une ville, ce qui fait la ville, ce ne sont pas nécessairement les édiles politiques, ce sont les gens qui travaillent, ce sont ces petits artisans créatifs, qui veulent fait du bon, du beau, du propre et qui veulent être fiers de ce qu'ils font car ils portent leur projet à bout de bras, tenacement et sans toujours le soutien qu'ils seraient en droit d'attendre.
L'avenir d'une ville, la vie d'une ville ce sont les gens qui y travaillent mais aussi les gens qui y consomment. Aussi, si nous sommes fiers d'avoir une pâtisserie bio, une fromagerie artisanale, une boucherie, une chocolaterie, il est indispensable de les soutenir en achetant chez eux leurs produits artisanaux plutôt que les produits industriels des grandes surfaces. 
Laurent a fait un travail remarquable dans sa pâtisserie. Il peut en être fier. Quand on a fait Doddies comme il l'a fait, sûr que d'autres projets l'attendent, ici ou ailleurs et nous lui souhaitons bon vent et longue vie d'aventures pâtissières ou autres.

jeudi 28 mai 2015

l'araignée sera dans l'assiette ce WE

C'est mon fils, boucher de formation, propriétaire du Rouge Gourmand à Braine le Comte, qui a insisté pour que je la déguste: l'araignée de porc.
Il y en a deux par animal. C'est un morceau dont on parle peu et que l'on voit assez peu car on dit de l'araignée qu'elle est un morceau de choix que le boucher ou le charcutier se garderait pour lui. Mais en la commandant, votre artisan n'aura aucun problème à vous en fournir!
L'araignée est un morceau souple qui fait parfois penser à du blanc de volaille mais en plus fin. Elle se trouve à l'arrière du porc, dans la cuisse que l'on appelle aussi jambon. Dans la cuisse, vous avez le jambon que l'on présente en tranche, la rouelle, le rôti, l'escalope et la fameuse araignée, située près de l'aine, dans le creux de l'os du bassin. Elle dépasse rarement les 600g et quand elle est nettoyée il n'en reste que la moitié. C'est donc un morceau rare, qui demande un long travail de préparation tant en boucherie qu'ensuite dans la cuisine. Pour l'avoir dégustée, je peux vous dire que son goût et sa texture sont d'une grande finesse. Et qu'en plus évidemment, Como en casa va y apporter sa touche avec une sauce dont la cheffe a le secret. 
Il y aura aussi ce WE, le mille feuille de légumes en entrée. Vous savez, c'est un assemblage de courgettes et d'aubergines, tranchées finement, rissolées à l'huile d'olive et assemblées avec des poivrons rouges, en mille feuilles. Entre les feuilles, de la feta comme on en trouve que chez nous (bio) et un mélange d'herbes dont nous avons le secret. C'est vous qui le dites souvent: c'est fin, c'est délicat, c'est délicieux. 
Allei, vos réservations au 04/2320004 

mardi 26 mai 2015

Quelques anecdotes tirées de mes carnets

Dimanche 24 mai 2015. A l’approche de Dinant où nous allions voir l’expo consacrée à Andy Warhol (un peu courte d'ailleurs), venant de la sortie d’autoroute Achène, dans la zone commerciale hors ville, une friterie, elle appartient à Ivan. Elle est presque suffisamment grande pour qu’on la prenne pour une brasserie. Le nom de l’établissement : « Ivan des frites ».
Dimanche 3 mai. On me pose souvent des questions sur le bâtiment que nous occupons pour Como en Casa. Il s’agit des anciennes usines des cafés Chat noir et des thés Vanzujlen, du nom de la famille de l’évêque de Liège de l’époque. Le petit pont dans la rue de la Poule reliait l’usine aux bureaux et magasins. Si vous entrez dans le rue des Brasseurs, vous verrez au-dessus de la première porte, une enseigne taillée dans la pierre, un chat noir et plus loin au-dessus de la seconde porte, les initiales de Vanzujlen En 1958, le café Chat noir fut acheté par les suisses qui construisirent une nouvelle usine et abandonnèrent le bâtiment qui fut donné semble-t-il aux antiquaires Saint Georges, chassés de leur magasin et logements pour laisser place à la construction de l’Espace Saint Georges, cité administrative et musée. Fin des années quatre-vingt, l’antiquaire vendit la moitié du bâtiment côté Hors Château pour se replier côté Féronstrée. Une famille de Bruxelles acheta le côté Hors Château mais n’en fit rien. Celui-ci resta vide près de 25 ans, jusqu’à ce que Mimob, la société immobilière de Laurent Minguet, l’acquit et que nous y installions Como en Casa. Il y a une dizaine d’année, l’antiquaire cessa toute activité et la partie Féronstrée fut acquise par Eric Lecuyer qui y installa son restaurant.
Lundi 21 avril 2014. J’apprends samedi, par le propriétaire de la petite maison en face du garage de notre restaurant que G. a cessé ses activités et que le rez de chaussée est à louer. Ainsi il n’y aura plus de « poule » à la rue de la poule. Selon certains, elle tient son nom des activités des prostituées qui y tenaient « vitrine » à l’époque où la Citadelle était encore une caserne. Les soldats descendaient les escaliers de Bueren et venaient voir les filles aussi bien à la rue de la Poule, qu’à la rue des Airs ou à la rue de la Rose. Une cliente, qui avait fréquenté l’institut Sainte Croix, me racontait qu’à l’époque, les religieuse leur intimaient l’ordre de rester sur le trottoir de droite en allant vers la Place Saint Lambert et d’éviter ainsi les ruelles où régnaient le péché. J’avais fait la connaissance de G. dés le début des travaux à Como en casa. Elle allait sur ses  82 ans et poursuivait ses activités uniquement pour ses "vieux clients" me dit-elle. Je compris ainsi que je n'avais donc aucune chance. Je voyais de temps à autres arriver ses clients-amis dont un penché très fort sur sa canne, un autre qui se tenait droit et fier. Ces derniers temps, il était arrivé que G. s’absente quelques jours. Un matin je la vis arrivé avec une hématome à l’œil et au nez. Elle me dit qu’elle était tombée mais j’en doutais. Puis quelques temps après elle s’est mise à perdre du poids de façon inquiétante et elle décida d’arrêter toutes activités.
Ce samedi 2 mai 2015, une prostituée a été retrouvée morte, complètement nue dans une voiture près de l’évêché. Le principal suspect a 33 ans, est marié, père d’un enfant et mène une vie sans histoire. Il semble qu’il avait bu ce soir-là et dit ne plus se souvenir de ce qu'il s'est passé exactement. C’est ce fait divers qui m’a fait penser à G. J’ai aperçu G. il n’y a pas si longtemps dans le quartier où elle habite. Elle est donc encore vivante et je pense bien que ses « vieux » clients lui manquent et qu’elle-même leurs manque.

mardi 5 mai 2015

La pluie, la boue, la mort

Hier, je me suis rendu au CARHOP (Centre d'Animation et de Recherche en Histoire Ouvrière et Populaire) qui gère la plupart des archives provenant des organisations liées au MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien). J’y ai récupéré mes récits de voyage en Haïti. Dans les années 80, j’ai été à cinq reprises en Haïti, en mission pour Solidarité Mondiale, ONG liée au MOC. Durant ces séjours, j’ai rempli des cahiers en tentant d’y raconter ce que  j’y voyais. Certains de ces cahiers ont été diffusés sous forme de dossier A4. D’autres n’ont pas été diffusés. En parcourant ces notes, je suis tombé sur un texte écrit le jour même de ma première visite du plus grand bidonville de Port au Prince, construit sur les masses d’ordure entassée au bord de mer. La cité Simone à l’époque, du nom de la femme du dictateur François Duvalier, rebaptisée Cité Soleil après la chute du régime. Du temps du dictateur, les tontons macoutes, sorte de paramilitaires y régnaient en maître. Ce texte, que j’ai construit à partir de plusieurs témoignages, tente de traduire la misère quotidienne de ces haïtiens qui à l’époque tentaient de fuir cette misère vers les Etats Unis sur des barques de fortunes. Des milliers d’haïtiens sont morts en mer en tentant ces traversées. L’histoire n’en finit décidément pas. Tous parents qui voient leurs enfants mourir tenteront de les sauver et de les mettre à l’abri, au péril de leur vie s’il le faut.
« Hier 18 heures, la pluie, énorme, violente, les gouttes vous font presque mal à la peau. Des gens qui courent pour s’abriter mais il est trop tard. En quelques secondes, ils sont trempés .D’autres par contre, se mettent au bord des toits, en dessous des gouttières et se lavent, corps et vêtements, avec savon s’il vous plait.
J’emprunte la jeep du syndicat et je pars avec Prévina. On patine dans les côtes, des torrents d’eau sale et chargée de détritus dévalent les rues pentues de Port au Prince. On s’entasse dans le chaos des tap tap sur le boulevard JJ Dessalines. Sur le bord de mer, on devine le bidonville complètement inondé, les gens fuyant et espérant trouver refuge chez un parent ou un ami. Demain on mettra les matelas trempés à sécher sur le toit. Mais rien ne leur enlèvera leur odeur de merde et de vase.
Il faudra évacuer la boue qui a envahi la maison. Certaines d’entre elles se seront d’ailleurs effondrées. Il va falloir récupérer quelques bouts de bois, des morceaux de tôles ou à défaut des cartons. En même temps, il ne faudra pas oublier de chercher un peu de nourriture pour les enfants. Et aussi un médicament pour la petite qui a la diarrhée, une diarrhée qui lui vide complètement les intestins, qui l’affaiblit, qui lui donne la fièvre et des yeux vitreux. Des yeux qui ne comprennent pas, qui implorent en silence, qui disent papa, je suis si mal, qu’est-ce que c’est ? Mais papa ne peut rien faire, papa ne peut pas lui dire que son petit ventre se vide, que la vie s’en va avec cette diarrhée. Papa n’ose pas regarder maman qui gémit, qui dit qu’il faut faire quelque chose. Papa crie sur maman et sort pour ne plus voir sa fille, ne pas pleurer devant elle. Il court voir le prêtre pour demander un dollars, mais le prêtre a tout donné. Le docteur ne veut pas donner sans argent, ce n’est pas de sa faute si les enfants meurent dit-il. Papa insiste, mais rien n’y fait. Il pleut de nouveau et la pluie cache ses larmes. Il rentrera trop tard avec une banane. Il laissera sa femme pleurer et crier. Il aura le ventre tordu de douleur et d’angoisse, la poitrine déchirée. Elle est morte, ses yeux se sont fermés.
Demain ou un autre jour, il prendra sa femme dans ses bras, tendrement, il lui mettra du sperme dans le ventre pour faire un autre enfant et tenter d’oublier. Il lui dira qu’un jour viendra où cela ira mieux, on partira à Miami, à Boston ou à New York. Les enfants auront une maison dans laquelle l’eau ne rentrera plus pour l’inonder, il y aura un ventilateur pour rafraîchir nos nuits. La maison sera blanche, il y fera clair, on verra les arbres et les couleurs dans toute leur netteté et pas dans le flou d’aujourd’hui à cause de nos yeux pleins de misères et de larmes.
Mais maman ne verra plus rien dans sa netteté. Le militaire de la grosse maison là-bas, l’a prise ce matin, il l’a fourré pour trois dollars. Elle en aura encore d’autres si elle vient encore fourrer avec lui et encore plus si elle fourre avec ses amis. Elle ne veut plus perdre son autre enfant. Un jour il sera grand, médecin ou avocat, il verra la Guinée par-dessus la mer. Il balancera les cabanes pour construire des maisons où la boue ne rentrera jamais.

Papa n’entend rien, il ne le veut pas. Il revoit maman quand il l’a connu dans les mornes, un dimanche. C'était du temps des cochons, on mangeait à sa faim en Haïti. Elle avait une robe blanche, des papillons dans les cheveux. Elle était jolie, il l’avait déjà vue aussi avec une petite robe à carreaux rouges. Elle voulait aller en ville, ne plus dormir par terre, elle voulait un lit en fer et un ventilateur. Elle souriait de ses dents blanches et de ses grands yeux. C’était il y a longtemps, tellement longtemps. »

mercredi 29 avril 2015

cynorhodon et ses paniers bio

Nous avons dû fermer en catastrophe samedi dernier pour filer en Espagne. Depuis, tout va bien et nous voilà rentrés. Nous ouvrirons ce vendredi 1er mai, uniquement en soirée. A la carte, du ceviche en entrée, des couteaux de mer et en plat du filet de canette au porto accompagné d'un gratin de légumes dont notre cheffe a le secret. Ne ratez pas cela, c'est un délice de viande tendre et goûteuse..
Nous travaillons depuis peu avec une EFT (Entreprise de Formation par le travail) du nom de Cynorhodon et qui forme des travailleurs au maraîchage biologique. Leurs produits sont d'une qualité exceptionnelle et d'une parfaite fraîcheur. Vous trouverez cette semaine dans vos assiettes, des feuilles de moutarde qui viendront agrémenter vos salades, des épinards dans les focaccia que vous êtes si nombreux à adorer, des bettes que nous mélangerons aux patchoy (les bettes japonaises) etc..C'était du rêves, Valérie, une des responsables de l'EFT structurée en ASBL, nous téléphone le mercredi ou le jeudi pour nous dire voilà ce que nous pouvons cueillir pour demain et le lendemain, cela arrive tout frais dans notre chambre froide et ensuite tout frais dans votre assiette.
Cynorhodon est situé à Haccourt et livre chaque vendredi des paniers de légumes bio de différentes tailles et selon cette taille, ils coûtent de 9.90€ à 18.90€. Nous sommes un point de dépôt de ces paniers et si vous vous abonnez, vous pourrez retirer votre panier le vendredi après midi ou le samedi. Pour vous abonner soit envoyez un mail à : secrétariat@cynorhodon.be ou téléphoner au 04/3741444

mercredi 22 avril 2015

Vous êtes quinze mille

Vous êtes quinze mille. Mon blog a été visité 15000 fois. Bien sûr pas par 15000 personnes différentes mais cela fait quand même beaucoup et ça fait plaisir. Au moment où une partie des nouvelles sont reprises "à l'abri d'un livre" dit Florence Cayemaex, ma préfacière, je découvre dans mes statistique que j'ai eu 15000 visites. Quelle aventure. J'avais commencé ce blog avec l'intention de mettre chaque semaine la carte ou les nouveautés de la carte de Como en Casa et puis je me suis dit que pour les lecteurs ce n'était pas très jojo de n'y voir que cela. Alors j'ai pris la décision d'y raconter des histoires mais uniquement des histoires qui tournent autour de la nourriture, mais c'est devenu incontrôlable et je me suis mis à raconter ce qui faisait "événement" dans ma vie quotidienne. Vous m'avez encouragé et voilà le résultat. J'y raconte mes amitiés, mes joies, mes chagrins, mes émotions joyeuses ou tristes...Et c'est devenu un besoin chez moi de communiquer sur tout cela. J'essaye parfois de freiner, de ne pas en dire trop mais c'est plus fort que moi, dés qu'il se passe quelques choses, il faut que je vous raconte. Par exemple que j'en suis à 15000 visiteurs mais aussi que ce lundi; pour des tas de raisons, nous n'avions pas envie de rentrer et nous sommes aller manger au "petits plats canailles au beurre blanc" à la rue Dupont et nous avons eu une bonne surprise. L'endroit est très beau, coquet et propre et la cuisine est très chouette, soignée et délicate. C'est grâce à Yoann qui y avait été la semaine précédente et voilà. Nous y sommes allés avant le départ définitif du couple qui y est aux commandes depuis 15 ans et qui remet son resto pour enfin profiter de la vie et s'installer à la campagne.
Vous voyez, je vous raconte tout même s'il faut promouvoir la concurrence. Enfin, difficile quand même de concurrencer le ceviche qu'on vous prépare pour ce vendredi et samedi soir, les couteaux de mer, le camembert pané et les pinchos de pimientos del piquillo. En plus, nous aurons encore du dos de cabillaud moelleux et à peine cuit pour vous assouvir.
Allei les 15000, à très vite de vous servir