mardi 29 mars 2016

Bruno et le royaume de Bohême

On ne fait jamais suffisamment attention à ce que l'on entend ou à ce que l'on lit. Nous avons exposé Bruno Hubner et ses fusains érotiques. Son expo a été bien appréciée. Samedi midi, il y avait dans le restaurant un de nos fournisseurs, monsieur Flaes, que nous apprécions beaucoup et Bruno arrivant avec sa femme Marie Louise, je les ai présenté l'un l'autre, leurs disant qu'ils parlaient la même langue, c’est-à-dire l’allemand. Ils furent heureux de faire connaissance. J'ai à cette occasion redemandé à Bruno d'où il venait, mais de Bohême m'a-t-il répondu, « c'était  dans ma présentation de l'expo!!! » La Bohême? La Bohême? La Bohême allemande demandais-je, « mais non il n'y a pas de Bohême allemande, il n'y a que la Bohême tchèque. Je suis un allemand de Tchéquie, de Bohême. J'ai été expulsé avec ma famille après la guerre (1946) nous avons dû abandonner là-bas tous nos biens, notre maison, notre brasserie (nous fabriquions la "Pils", c'est d'abord une bière tchèque créée à Pilzen) et notre cristallerie (nous fabriquions le fameux cristal de Bohême) Une partie de la famille est restée en Bavière (frontalière de la Tchéquie), moi je me suis retrouvé à Cologne, sans rien à manger et j'ai du tout construire dans ma vie. » Aujourd'hui Bruno est spécialiste en métaux et fourni ses conseils et ses pièces de métaux rares dans la planète entière. Je n'ai évidemment pas résisté à l'envie de me remémorer l'histoire de la Bohême et des sudètes, dont j'avais fait connaissance lors de mes voyages dans la Tchécoslovaquie d'avant la chute du mur, voyage qui nous servait surtout à soutenir la Charte 77 et les dissidents en général qui allaient produire la fameuse révolution de velours. J'ai assisté de très près à l'arrivée des allemands de l'Est qui se réfugiaient dans les jardins de l’ambassade d’Allemagne de l’Ouest et à l'effondrement du régime communiste.
Rapidement, rien que pour vous, un petit rappel de cette histoire qui devrait nous faire réfléchir aux temps présents.
A la dissolution du Saint Empire, le royaume de Bohême est devenu une partie du royaume d'Autriche et ensuite en 1867 de l'Empire Austro-Hongrois. Après la première guerre mondiale, l'empire Austro Hongrois fut dissous et le royaume de Bohême intégré en 1918 à la nouvelle république Tchécoslovaque (aujourd'hui séparée en deux Etats, la Tchéquie et la Slovaquie). La Tchéquie actuelle correspond à peu de choses près à l'ancien royaume de Bohême qui avait déjà comme capitale la belle et fabuleuse Prague construite dans les années prospères du royaume de Bohême triomphant.
Les Sudètes, désignent les populations germanophones de Bohême (et de Moravie);Ils formaient à l'époque une importante minorité de la Tchécoslovaquie (il y avait d'autres minorités importantes dont les hongrois). A partir de 1920 et surtout 1930, des tensions et conflits allèrent grandissants entre les allemands et les tchèques. En 1935 apparu le Parti des Allemands des Sudètes, qui s'est mis à réclamer le rattachement de la Bohême au Troisième Reich, en collaboration évidemment avec Hitler et les nazis. Les accords de Munich furent signés le 29 septembre 1938 par l'Italie de Mussolini, la France, l'Angleterre et l'Allemagne. Ni Staline, ni le président Tchèque en exercice ne furent invités. L'accord prévoyait l'annexion de la Bohême à l'Allemagne. Hitler annonçant que, en permettant cela l'Europe avait fait la paix pour mille ans. On sait ce qu’il en est advenu. Churchill eu ce bon mot: "vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre."
En 1945, la Tchécoslovaquie est rétablie et très vite la quasi-totalité des allemands de Bohême et un grande partie des hongrois sont expulsés et leurs biens confisqués. Ce fut la plus vaste purification ethnique d'Europe. Les accords de Postdam prévoyant qu'il n'y aurait pas de paiement de dommage de guerre par l'Allemagne, la confiscation des biens des populations allemandes compensant cela.
Pour accueillir les sudètes en Allemagne, on construisit de nouveaux quartiers et mêmes de nouvelles villes en Bavière et alentours. Le talent des artisans sudètes fut des plus bénéfiques pour la reconstruction de l'économie allemande surtout dans le domaine du verre et du cristal vu la réputation mondiale dont bénéficiait le cristal de Bohême.
Une branche de la famille de Bruno vit en Bavière et a prospéré dans la cristallerie.
Dans les années nonante, Vaclav Havel a présenté au nom de la République Tchèques, ses excuses aux allemands, ce qui lui a valu nombre de récriminations de la part des tchèques.
Bien des leçons devraient être tirée de l'histoire, il y a quinze jours, n'avons-nous pas connu notre Munich à nous avec cet accord signé par les dirigeants européens avec la Turquie d' Erdogan et qui prévoit de transférer en Turquie les centaines de milliers de réfugiés arrivant en Grèce?? Ah si au lieu de cela nous avions décidé de construire 5, 10 nouvelles villes, nous aurions remis toute l'Europe sur les rails de la prospérité....Nous avions le choix entre le déshonneur et l'accueil, nos dirigeants ont choisi le déshonneur aurait dit Churchill.

Allei, bonne semaine.


jeudi 24 mars 2016

mardi 22 mars, Vila Joyosa, Espagne

Ce mardi 22 mars à midi, j’étais attablé avec Marlène et sa sœur Begonia à la terrasse de la maison des pêcheurs de Vila Joyosa à déguster une friture de poisson, un mélange d’anchois frits, de rougets, de solettes et de petits poissons dont j’ai oublié le nom. Le tout accompagnés d’un Rueda blanc, délicieux dans des verres tellement grands qu’ils contenaient chacun un quart de litre. Sur ma lancée, j’ai commandé une « ration » (au contraire de la tapa qui est une petite dégustation, la ration est une assiette assez copieuse) de baccala frit, fabuleux, pas trop gras et pas trop salé, avec un autre verre de Rueda blanc.
Vila Joyosa est un village qui se situe 40 km au nord d’Alicante. Nous adorons l’endroit et surtout le vieux village et les 5 km de promenade aménagée de la Rambla à la Cala en passant par le port de plaisance et ensuite le port de pêche.
Quand nous sommes  rentrés à la maison des parents de Marlène, nous avions prévu de manger los callos (tripes) préparés la veille au cours d'un véritable cours de cuisine que nous donna la mère de Marlène (87ans). 
La TV passait en boucle les attentats de Zaventem et du métro Malbeeck. Le nombre de morts effrayant, les images des dégâts encore fumants, les gens fuyant le hall de l'aéroport et les tunnels enfumés du métro, les corps ensanglantés des victimes…Et très vite la photo des trois connards qui ont fait le coup…Ces fous de dieu qui se croient des héros… et je me suis dit qu’on en avait pour de longues années à reconstruire la vie en commun, à reconstruire la vie de ces quartiers et à reconstruire les rêves de ces jeunes sans avenir…Si nous ne le faisons pas, nous aurons encore plus de bombes, plus de morts et plus de raisons de désespérer. 
Et comment pourrions-nous encore profiter de ces plaisirs simples de la vie, d'une friture de poissons et de baccala au bord de mer, comment encore profiter de cela au milieu d'un tel océan de désespoir?
Et je me rappelle de ce chiffre lu récemment 62 personnes les plus riches possèdent plus que les trois milliards d'humains les plus pauvres...
Il faut être impitoyable avec les terroristes, je le dis sans aucune ambiguïté, mais il faut absolument enrayer la machine qui les fabriquent.
Allei, on vous attend ce WE pour l'agneau iberico

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jeudi 17 mars 2016

A propos de la dispersion de la famille Grega

Lundi je vous parlais du drame que représentait la dispersion des familles de migrants, en occurrence celle de Pierre Greaga et celle de ma mère. Pierre m'a apporté quelques précisions que je tiens à vous transmettre:

"Mario, j’ai lu ta chronique, voici quelques précisions sur ma famille, elles ne changent rien à l'esprit de ton message:
-          En fait mon père et ma mère ont tous deux été déportés séparément par les Nazis vers l’ouest (ils avaient alors respectivement 25 et 21 ans)
-          Le village de mon père est Szklary dans les Beskides (moyenne montagne), dans le sud-est de la Pologne tout au fond à droite en bas sur la carte à une vingtaine de  Km de la frontière maintenant ukrainienne et avant URSS (puisque l’Ukraine en faisait partie)
-          Le village de ma mère Krzatka où nous avons été ensemble, est aussi dans le sud-est de la Pologne mais un peu moins au sud et un peu moins  à l’est : c’est 80-90  km de la frontière ukrainienne
-          De la famille de ma mère, j’ai connu ma grand-mère morte en 1972 et vivait encore là mon grand-père et trois oncles (tous décédés aujourd’hui) Nous sommes allez en Pologne pour la première fois dans la famille de ma mère en 1964 donc après 20 ans (ma mère ayant été déportée en 1944). C’est cette maison en bois dont j’ai hérité mais avec mes cousins et cousine toujours sur place (en Pologne mais pas dans le village). On en a fait une maison de campagne.
-          Le village de mon père à lui été rasé en 1947-48 par les soviétiques suite à des rébellions et les villageois ont alors été déportés en Ukraine (URSS à l’époque) et dispersés dans les régions de Karkhov et Nikolaiev (à l’est de l’Ukraine pas loin de la région où il y a actuellement les combats). Je suis retourné en Ukraine voir la famille de mon père avec lui en 1993 (après la chute du mur) soit après 50 ans (puisque lui avait été déporté en 1943) et nous avons encore retrouvé alors une de ses sœurs, sa belle-sœur  (toutes deux décédées depuis) et ses neveux et nièces (mes cousins et cousines).
Ceci dit, c’était vraiment super bon samedi.  Le bœuf au pavot était tout simplement extraordinaire comme les deux entrées (la scamorsa et le tatin de betteraves rouges) que nous avons dégustées.

Je profites de cette lettre de Pierre pour vous parler un peu d'Agnés, son épouse, une femme dont le dynamisme et l'enthousiasme sont restés intacts. Elle est déléguée permanente principale de la CNE à l'UCL. Elle a été conseillère communale Écolo à Walhain, puis échevine et est aujourd'hui conseillère communale et présidente du conseil communal. Elle est amoureuse des légumes et trouve que notre façon de les cuire ne peut que donner envie aux gens d'en manger.
Allei, toujours intéressant d'avoir des informations plus précises.

mercredi 16 mars 2016

autour du tatouage

M. a réagi à la réflexion que j’émettais autour de la jeune femme au tatouage. Je trouve intéressant de vous la partager.
« Ton billet est très agréable à lire et les allers-retours entre art et vie est intéressant. Tu racontes les gens en parlant d'art,  tu fais de leur vie un art, ainsi tu donnes vie à l'art.
J'avais à une époque participé à un colloque sur les tatouages et le marquage du corps. L'expert nous expliquait que les tatouages, maquillages et bijoux habillaient le corps dans certaines tribus, les faisant passer ainsi de la Nature à la Culture. Le tatouage indique également un autre rapport à la nudité : c’est parce que le vêtement n’existait pas que les corps sont maquillés ou tatoués ou encore décorés de bijoux.

Le tatouage faisait également partie du rituel  identitaire des marins qui, partant pour des mois voire des années en haute mer, n’étant pas sûr d’y survivre, ne voulant pas mourir en anonyme, se faisaient  «  inscrire » dans leurs corps - souvent sur les bras parce que directement visible -  le nom de leur mère, de leur femme, de leur amoureuse, voire un dessin, une date, un objet significatif pour eux. Ainsi existeraient-ils encore après leur mort. 

Si vous souhaitez réagir à mes chroniques, vous pouvez le faire vers mon adresse mail : mario.gotto@gmail.com

lundi 14 mars 2016

journal d'un restaurateur (14)

Quand il s’est présenté vendredi soir en me disant qu’il avait réservé au nom de Gris, j’ai immédiatement dit ah, oui Juan Gris (on prononce le s en espagnol) et lui m’a répondu aussi vite ah non cela c’était mon grand oncle, moi c’est Emmanuel. Ca alors le petit neveu de Juan Gris lui-même ! oui me dit-il, c’est rare que quelqu’un me parle de mon oncle, on parle de Picasso et pas de Gris me dit Emmanuel. Il se fait que j’ai une attirance particulière pour Juan Gris (1887-1927), que j’avais découvert au musée Reine Sophie à Madrid il y a plus de vingt- cinq ans. Je le considère comme le meilleur peintre cubiste (d’accord en cela avec Dali), qui a plus qu’inspiré Picasso et dont Picasso était jaloux. Gertrude Stein - écrivaine et collectionneuse qui a joué un rôle déterminant dans la diffusion du cubisme et des œuvres de Picasso - disait que Gris était le seul peintre que Picasso aurait voulu faire disparaître. On se demandait aussi à une époque si la paternité de l’utilisation du mot journal dans les œuvres des cubistes revenait à Picasso comme c’est le plus couramment admis ou à Gris.
Bon le petit neveu lui, était surtout là pour passer une belle soirée avec sa femme qui était tout aussi charmante que lui. A un moment, je leur ai donc foutu la paix avec Juan Gris. On se reverra nous adit Emmanuel en partant.
Ce même vendredi soir un petit groupe s’était attablé autour de la jeune femme au tatouage. Je vous ai déjà parlé d’elle à l’occasion de la confusion que j’avais faite entre l’ice tea que réclamait une de ses amies et le fait que moi je pensais qu’elle me parlait d’Haïti. Nous ne sommes pas revenu sur cet incident, mais dès qu’elle est arrivée elle m’a interpellé « alors montrez-moi !!! » ben non ai-je du reconnaître ce n’est pas encore fait. Alors elle m’a montré le nouveau tatouage qu’elle s’était fait faire à son bras droit côté intérieur, assez grand, un sorte de poisson, tout à l’encre bleue, bien sûr ça vous aimez moins m’a-t ’elle dit. Ce n’était pas une question mais une affirmation de sa part. De fait j’aime moins que le premier, mais il vous va bien quand même. J’ai demandé à revoir celui de son bras gauche, je l’ai de nouveau trouvé extraordinaire de simplicité et de beauté sur sa peau blanche. Une simple ligne droite qui court à l’intérieur de son bras jusque au pli du coude et en bas près du poignet en perpendiculaire à la ligne, deux dates de naissance jour, mois et année. Tout cela à l’encre bleue comme le sont aussi les deux contours de fleur sur l’extérieur de son avant-bras droit. Avant de partir, elle est venue 5 minutes au bar et nous avons parlé tatouage, elle en a aussi un sur la clavicule. A ma question elle m’a répondu que oui elle comptait en faire d’autres qui lui plairaient. Je lui disais que ce serait bien qu’elle garde son visage et son cou vierge de tatouage. Elle était assez d’accord avec moi. Nous avons parlé de la cicatrice en z qui court entre ses yeux vers son front, discrète mais présente. Souvenir d’un accident dans la petite enfance m’a-t-elle dit. Je lui ai dit que cela ne l’enlaidissait  pas. Je sais, ce sera à jamais mon seul tatouage facial m’a-t-elle dit en souriant. Je lui ai dit qu’elle était une belle femme et ai félicité son mari. Beau lui aussi, ils forment un très beau couple.
Quand elle est partie, j’ai pensé à un tableau de Miro que j’avais aussi découvert il y a près de 25 ans au même musée Reine Sophie de Madrid. Il s’agissait d’un tableau horizontal de 2 m sur 1 m. Très simple. On y voyait les coups d’un gros pinceau qui faisait le fond blanc du tableau, une ligne horizontale bleue fine, qui le traversait d’un côté à l’autre, à hauteur de la moitié ; dans le quart supérieur gauche une étoile en noir (petite et juste des traits croisés pour la figurer) et dans le quart inférieur droit une étoile en rouge sensée refléter l’autre. Époustouflant ! ça a du être chez Miro d’une fulgurance totale. J’avais été complètement séduit et était resté assis une demi heure à l’admirer. C’est à partir de la découverte de ce tableau que non seulement je me suis pour toujours intéressé à  Miro mais me suis passionné pour l’art.
J’ai alors de nouveau pensé à cette jeune femme, elle est belle, elle n’est ni grosse, ni maigre, bien campée sur ses deux jambes, un beau visage, un regard franc et rebelle, l’air de vous dire « même pas peur ». Et je me suis dit que le tatouage était une forme d’art et d’expression artistique, dont le support n’est pas une toile mais le corps et la peau. J’ai découvert d'ailleurs ce dimanche en allant sur internet qu’une exposition avait eu lieu en 2015 au Quai Branly sur le body art… C’est un art qui révolutionne aussi une vision du monde et de la vie et de l'importance du corps aujourd'hui. Il détourne aussi l’utilisation du tatouage puisque à différentes époques il a surtout servi à marquer les minorités et à créer de l’humiliation et il a marqué les juifs à tout jamais au point d'être un des symboles de la Shoah. Qu’il soit détourné aujourd’hui vers le plaisir est une bonne chose.
Samedi soir, nous avons fait le plein et vécu un « coup de feu » terrible durant presque deux heures. C’est gai mais stressant quand même. Pierre et Agnès sont arrivés dans les premiers et ont assisté à cela comme à un spectacle. Pierre est un vieux pote, nous avons beaucoup travaillé ensemble soutenant Solidarnosc dans la Pologne sous Jaruzelski. Nous avons reçu ensemble avec six autres amis, la médaille du mérite lors d’une cérémonie officielle à l’ambassade de Pologne à Bruxelles. Pierre est devenu secrétaire général du CNCD fin des années quatre vingt et a ensuite travaillé comme chef de cabinet adjoint du ministre de la coopération, avant de devenir commissaire du gouvernement à la coopération au développement. Pierre est polonais d’origine, sa famille a été dispersée après la guerre entre la Pologne où sont restés son grand père et deux de ses oncles, l’Ukraine où se sont retrouvés pris au piège un oncle et une tante et enfin la Belgique où avait pu fuir son père. Heureusement toute la famille (mis à part le grand  père je crois) a pu se retrouver après la chute du mur et avant qu’ils ne meurent tous au fil des années suivantes. L’histoire m’a touchée car ma mère et ses sœurs sont elles aussi, du fait de leur émigration, restées 22 ans sans se réunir toutes ensemble. Quand c’est arrivé, elles ont passé une quinzaine de jour en Italie et durant ces quinze jours il a fallu hospitaliser Linda, la plus douce de ces six sœurs, ma marraine. On allait très vite lui diagnostiquer un cancer du foie qui allait l’emporter six mois plus tard. Si cette rencontre n’avait pas eu lieu cette fois-là … Pierre a hérité de la magnifique maison traditionnelle en bois de son grand père. J’avais eu l’occasion d’y loger un jour et nous avions pris une cuite mémorable à la vodka que son oncle fabriquait et que les polonais buvaient comme s’il s’était agi de vin.

Nous avons reçu moult compliments sur notre cuisine ce samedi soir et à minuit vingt, j’ai reçu un sms de Cécile qui me disait « un bonsoir juste pour vous remercier pour votre cuisine, votre accueil et votre gentillesse. » Cela ça fait plaisir hein !! Quand j’ai demandé à Cécile comment je pouvais savoir qui elle était, elle m’a répondu, troisième table à droite en rentrant, près du radiateur. Je me suis alors souvenu du couple qui y était installé.
En quittant Como en casa à 1h 30, les autres restaurants avaient baissés leur volet. J’ai pensé que nous avions été contents Marlène et moi de passer la soirée avec Pierre et Agnés. Que des soirées comme ces deux dernières étaient merveilleuses, nous donnaient le goût de continuer à animer des repas faits de bonne nourriture, de bon vin, de convivialité et d’amitié. Nous vivons des rencontres que jamais nous ne vivrions sans le restaurant. Nous nous faisons tellement d’amis que la vie en devient toujours plus riche.
J’ai aussi pensé aux paroles de la chanson de Brassens, Les Passantes. Ce George connaissait la vie pour l’écrire et la chanter aussi bien.

Allei, il y a un petit salon maintenant à Como en Casa. C’est là que nous nous installons pendant que les derniers clients vident leur verre. Quand vous voulez donc. N’oubliez pas de réserver votre agneau pour le 25 et 26 mars.

jeudi 10 mars 2016

Garrett chante et joue du trombonne

Yvette est une amie bienveillante de longue date. Sa culture et ses connaissances des milieux culturels sont vastes. Elle m'écrit gentiment ce qui suit. Autant pour moi. Merci Yvette
"Merci Mario pour ces moments de lecture agréables.
Un petit mais (entre nous) cependant et chuuuuuut : Garret n’est pas guitariste mais il joue du trombone. Il  est aussi compositeur et encore chanteur, entre autres.

Pour servir (comme on dit en restauration), cordialement"

mercredi 9 mars 2016

Journal d'un restaurateur (13)

Quand la fréquentation du restaurant est moins importante, cela me permet d’avoir des contacts plus profonds avec la clientèle. C’était le cas vendredi dernier et j’ai pu ainsi faire de nouvelles connaissances. Entre autres avec un jeune couple venant d’Esneux. Lui est vendeur et réparateur de machines de jardin et agricoles (petites). Il est passionné par son métier et adore trouver les pannes, réparer et remettre les machines à neuf. Il est fils de sicilien et regrette de ne pas connaître assez la Sicile mais je trouvais qu’il ne se débrouillait pas trop mal en italien. Elle est enseignante. Ils venaient pour la première fois chez nous alors qu’ils voulaient venir depuis longtemps. Très amoureux, je les ai laissé tranquille pendant le repas et ce n’est qu’au moment de partir que nous avons pu discuter et ils ont traîné une demi-heure à papoter.
Un couple de jeunes avocats hyper sympas étaient là également avec leur petite fille qui a pu aller autant qu’elle voulait dans la cabane où elle avait étalé ses cahiers à colorier. De temps en temps elle descendait manger ou boire sa bionina. Les parents ont perdu un deuxième enfant à la naissance, il y a à peine quelques mois et la maman m’a raconté à quel point cela avait été douloureux. C’est son travail qui lui a évité une déprime trop profonde et le fait d’en parler et ainsi de se rendre compte que ce drame n’était pas rare. On est moins seul avec son malheur quand on sait que ça arrive aussi aux autres.
Garrett, guitariste mondialement connu était là avec Marie Pierre. On a fait, enfin, plus ample connaissance, il a acheté mon livre, nous avons parlé musique et il m’a dit qu’il se produirait à l’inauguration du nouveau musée de La Boverie. Je ferai tout pour aller l’écouter. Marie Pierre a écrit dans le livre d'or que nous avions une cuisine inventive et délicieuse.
Enfin, il y avait Anne dont j’avais fait connaissance deux WE plus tôt quand elle était venue avec I. une amie que j’ai connu grâce à JP. Anne m’a appris qu’elle était pianiste et qu’elle écrivait des chansons avec une amie et se produisait sous le nom de « Encre de Chine ». Elle adore notre lieu (moi j’adore quand on désigne Como en Casa comme un lieu. C’est cela qu’on veut en faire : un lieu.) et donc voudrait s’y produire. Elle me dit que leurs chansons sont comme leur nom tout en finesse et élégance et qu’elles déplacent les foules. Elle m’enverra quelques extraits enregistrés et si cela me plaît, je les produirais bien fin juin, juste avant les vacances. S’il fait beau, nous sortirions le podium et installerions tout à l’extérieur. Vous voyez cela d’ici, un concert piano-chansons dans la rue de la Poule avec tapas et tout le toin toin…
Samedi, nous avons terminé la soirée avec Frédéric et Nathalie (nous avions pas mal de monde dont M et EF dont je vous ai déjà parlé. M m’a dit qu’elle n’était pas archéologue comme je l’avais écrit, qu’elle s’était faite passé telle pour entrer en Syrie. Mais normalement elle est physicienne, non pas pour la physique mais pour LE physique…des hommes. Je vous dis cela pour me venger car elle n’a pas arrêté de se moquer de moi toute la soirée. En fait elle est graphiste et prof à l’ACA. Bon, graphiste ça a quand même à voir avec le physique hein !!) . Bon je reviens à Frédéric. Il a eu un accident de travail, il est mécanicien d’avion, il est tombé de haut. Mais non l’avion ne volait pas, c’était dans le hangar et sur une échelle. Boum tête la première. Commotion. Se souvient de rien. Il posait toujours les mêmes questions au réveil : Où est ma montre? Où est ma montre? On a cru qu’il était définitivement fou. Ça commence à aller maintenant mais il a été skier et a eu quelques problèmes de vertiges. Nath est architecte et ne fait que de l’écoconstruction. Elle s’y tient, point !!! Nous les adorons tous les deux.
Quand nous sommes sortis, les volets des restaurants voisins étaient fermés. Nous avons bu un verre de vin mais sans plus. Encore quinze jours de carême ai-je pensé mais ça ira. Je ferai exception les WE mais sans exagérer.
Allei, vous avez lu mon annonce pour l’agneau iberico. Les réservations pleuvent. C’est bien. A très vite.

lundi 7 mars 2016

Agnei iberico...réservez sans tarder

Pâques approche déjà à grandes enjambées et cette année, nous voudrions vous proposer un met exceptionnel. L'agneau de lait des Pyrénées espagnoles: l'Agnei IbericoNous vous proposons le gigot (+/- 650gr) qui sera servi avec son os, préparé à notre façon au romarin, servi rosé, pour deux couverts et uniquement sur réservation car nous l'aurons en quantité limitée.
C'est une viande exceptionnelle : tendre, savoureuse et réputée pour sa finesse légendaire.
L' Agnei Ibérico que nous vous servirons, provient de la célèbre coopérative d'ovins espagnole Grupo Pastores Oviaragon de Saragosse. Il s'agit d'une race ovine ancestrale spécialement  sélectionné, la Rasa Aragonesa,  originaire des Pyrénées. La viande de cet animal doit son appellation Ibérico au fait qu'elle possède les mêmes qualités et les mêmes propriétés que la célèbre viande de porc ibérique. C'est pourquoi l'Agnei Ibérico, sans être bioest certifié et protégé comme tel par la loi espagnole.
L'abattage des agneaux de la race ovine Aragonesa se situe autour de l'âge de quatre mois,  lorsqu'ils auront atteint un poids moyen de 15 kilos. Les animaux sont élevés au lait maternel, puis aux céréales et aux graines  de tournesol et mènent une vie bien au calme à l'abri de tout stress. Il en résulte une viande superbement persillée et d'un fondant incomparable qui  fait de l'Agnei Ibérico un produit unique. J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de mon goût pour la palettilla de cordero et bien si vous essayez ce gigot iberico, vous comprendrez mieux pourquoi j'adore cela.
Ce gigot sera servi avec son accompagnement à 30€ par personne (deux cvrts minimum). Vous pouvez réservé dés cette semaine au 042320004 ou au 0498110980. Ce met vous sera servi uniquement les 25 et 26 mars en soirée.
Allei, à très vite.