dimanche 23 avril 2017

Il faut que tout change pour que rien ne change

J’ai pris énormément de retard dans mes travaux en raison d’une grippe, petite mais méchante. Je ne ferai pas ma chronique habituelle, mais je voulais quand même vous saluer et vous faire part de ce que m’inspirent les résultats de l’élection présidentielle française.
Dans son unique roman, « Le Guépard » Giuseppe Tomasi di Lampedusa, raconte les états d’âme d’un vieil aristocrate au moment de la révolution italienne et du débarquement des troupes de Garibaldi en Sicile. A moment de s’engager dans les troupes révolutionnaires, Tancredi, neveu et pupille très aimé du vieux prince, révèle son calcul et sa vision des événements politiques à son oncle : selon lui, il n’y aura qu’un simple échange de pouvoir entre l’aristocratie et la bourgeoisie montante. « Vous comprenez mon oncle, il faut tout changer en apparence pour que rien ne change ».
A part cela j’ai inauguré ma nouvelle chittara à spaghetti. Que meraviglia !!!

Allei, à la semaine prochaine.

lundi 17 avril 2017

mes Abruzzes

Je rentre d’Abruzzes où nous avons passé cinq jours avec les enfants. Cinq jours à la fois merveilleux et à la fois émotivement éprouvants quand nous avons découvert les dégâts des tremblements de terre. Je vous raconte en commençant par les bonnes choses
Les enfants charmants, le soleil (des pointes à 25 degrés), la mer, la montagne merveilleuse. Ce serait bien que vous alliez en Abruzzes, que vous les découvriez et vous ne voudrez plus en revenir. Mon Abruzzes à moi est du côté Adriatique, dans la province de Teramo. Si vous y allez, je vous conseille ceci : allez-y hors saison (avril ou septembre-octobre) vous prenez l’avion pour Pescara (vous pouvez aussi y aller par Rome, cela vous fera à peine une demi-heure de plus en voiture). De l’aéroport, vous pouvez prendre un bus, nous, comme nous étions cinq, avons préféré louer une voiture et nous sommes rendu en 1 heure à Martinsicuro, au nord de Pescara. C’est la station balnéaire la plus calme de toutes. Les autres sont plus connues et archi bondées : Pineto, Rosetto, Giulianova, Tortoretto, Alba adriatica. Les plages y sont envahies de café, de restaurants, de boîtes à sous et de discothèques.
A Martinsicuro, il y a très peu d’hôtel, ce sont surtout des appartements où les familles viennent en villégiature à partir de Pâques. Il semble que la commune ait décidé de préserver le biotope et les quelques km de plage sont agrémentée de parcours de santé et les sentiers de promenade sont balisés. Nous y étions juste avant Pâques et avions la plage pour nous. Nous avons assisté pendant notre séjour aux préparatifs de la saison : les restaurants faisaient peau neuve, avaient affichés leur menu pascal en attendant la masse de touristes italiens. Nous étions les bienvenus partout et leur servions de répétitions générales.
Nous avons fait une incursion à Alba Adriatica, juste à côté et cela nous a rappelé le mauvais souvenir de plages entièrement dédiées à la consommation. Bref allez donc à Martinsicuro et mieux dans la partie la plus nature de celle-ci : Villa Rosa. Si vous voulez faire une magnifique petite excursion, prenez un jour la route vers le Sud (direction Pescara) après deux ou trois km, vous verrez sur votre droite une indication « Tortoretto alto ». Vous vous engagerez alors dans une route de campagne qui vous mènera en dix minutes dans un autre monde : le vieux village de Tortoretto. Une  pure merveille avec ses placettes, ses ruelles, ses escaliers. Entrez manger au restaurant « Anchise », essayez de vous installer près d’une fenêtre et admirez le paysage typique de l’Abruzzes avec ses immenses collines et vallées. Le temps était clair et nous voyions les neiges éternelles de la chaine des Apennins. Anchise ne sert que des plats traditionnels : gnocchis, pasta à la chittara, arrosticini di pecore…
Si vous voulez faire une excursion plus longue (une journée par exemple) reprenez la route vers le sud et au premier rond-point prenez la direction Teramo et S.Omero. Vous allez ainsi vous perdre dans une campagne absolument fabuleuse, dans une Abruzzes que je croyais disparue. Les gens sont d’une gentillesse sans limite et vous trouverez toujours quelqu’un pour vous donner des indications. Perdez-vous et peut être comme nous rencontrerez-vous au milieu de nulle part un vieux bonhomme qui faisait des bottes de longues perches qui serviront sans doute à consolider sa pergola. Au bout du compte vous arriverez à Teramo, capitale de la province du même nom. Les trois autres provinces sont Prescara, Chieti, Aquila. Cette dernière est également capitale de la région. Evidemment Teramo est une belle ville et je vous conseille de déambuler dans le centre historique.
Nous avons continué l’excursion jusque Tossicia, la commune dont est originaire ma mère, et jusque Aquilano le hameau où elle est née et a grandi. J’y ai retrouvé Lina sa cousine qui a aujourd’hui 87 ans et son fils Pietro qui a mon âge. J’ai découvert les hameaux auxquels je suis tant attaché, touchés et démolis par les tremblements de terre. Vila Alzano où nous séjournions chez ma tante est à moitié détruit. La maison de ma mère, où s’était installé un restaurant, est étançonnée de toutes parts. Pietro nous a raconté l’enfer qu’ils ont vécu cette dernière année. Le premier tremblement de terre a eu lieu le 31 août 2016, ensuite deux autres coup sur coup le 26 octobre et le 30 octobre. C’est celui-ci qui a été le plus destructeur. Et enfin le dernier le 31 janvier de cette année. C’est celui-ci qui a eu la peau de la maison de ma mère qui avait tenu le coup jusque-là. Comme si cela ne suffisait pas, il est tombé 3,5 m de neige en février. Cela n’était jamais arrivé et Lina nous dit qu’elle n’a jamais connu cela. Ils sont restés coincés 9 jours chez eux, comme tous les habitants, sans électricité, sans téléphone, sans internet. Comment dégager trois mètres de neige ? Pietro a réussi à gagner l’appentis où se trouvait son bois et à maintenir la maison chaude. Après neuf jours ils ont été secourus et ont pu gagner leur appartement de Tortoretto.
Seules sept maisons d’Aquilano sont encore occupées aujourd’hui et un peu plus l’été. Il reste 4 maisons occupées à Vila Alzano. Tossicia, ce merveilleux village médiéval est sous échafaudage et la moitié du village est vide. Montorio, la ville toute proche a perdu d’un seul coup trois mille habitants. Des rues entières y sont classées zone rouge. Dans ces lieux, la plupart de commerces ont fermés leur porte. De vous le raconter les larmes me montent aux yeux.
Il y a neuf ans a eu lieu le tremblement de terre meurtrier de l’Aquila. Notre région a été touchée à l’époque mais pas trop gravement. Cette fois, les dégâts sont considérables et il faudra des années pour reconstruire sachant qu’il sera impossible de tout reconstruire.
Maigre consolation, le marché de Montorio avait lieu le mercredi et j’y ai trouvé une Chittara dont les cordes sont plus espacées que celle que j’avais déjà et qui vont me permettre de faire de belles pâtes. Luca Patella, un cousin éloigné a toujours sa boucherie et est le dernier producteur de « salciccia sotto strutto » les saucisses dans le saindoux. J’en ai acheté et avec mon fils aîné on est bien décidé à en produire.

Dès mon retour, j’ai pris mon courage à deux mains et ai vidé le sable avec lequel j’avais fait le dôme pour construire la voute de mon four et…cela tient. Non seulement ça tient mais la voûte est belle et la cheminée tire bien. Hier j’ai fait monter la température à 75 degrés et y ai cuit des poivrons sur la braise. Je vous dis pas hein..  Allei, j’ai été long, déso. Je voulais juste vous dire : allez en Abruzzes, cela vous plaira et cela fera plaisir aux habitants de voir qu’on ne les abandonne pas.

dimanche 9 avril 2017

De mes mains blessées au Chili d'Allende

Cela a commencé avec la dalle de béton armé. Trois jeunes gaillards m’amenaient le béton bien mouillé que j’étendais à la pelle et à la truelle et égalisais avec une règle. J’avais fait l’erreur de ne pas mettre de gants de travail et dès l’ouvrage fini, mes mains étaient gercées et particulièrement mon pouce droit dont une gerçure s’était carrément ouverte. Les jours suivants je maçonnais mon four avec des gants et soignais mes mains avec une crème à l’argousier à l’efficacité vraiment phénoménale. Pour la construction de la structure du fournil en bois, je ne mis pas de gants. Pas malin me direz-vous. Mais je défie quiconque de mesurer, reporter sur le bois et tracer les coupes au crayon avec des gants de chantier. Evidemment, je m’enfonçais pas mal d’échardes dans les mains, en retirais certaines mais renonçais pour d’autres, elles sont toujours là et parsèment ma peau de petits points noirs. Ma première blessure plus sérieuse vint en coupant les chevrons à la scie électrique. J’utilisais ma terrasse (qui est à un mètre d’hauteur par rapport au niveau de la cour et de l’endroit où j’installe mon fournil) comme table de travail. A un moment je me suis demandé si ma lame de scie n’allait pas dans la pierre de la terrasse, je mis mon doigt (le majeur gauche) pour m’en assurer tout en, hélas, continuant à scier. J’étais seul mais j’ai crié un bon coup et le sang s’est mis à pisser, d’autant plus que je suis en permanence sous anti coagulant. J’ai mis quatre sparadraps bien serrés les uns sur les autres pour pouvoir continuer à travailler. J’ai pu le faire mais à la fin de la journée les sparadraps étaient imbibés de sang. Ne riez pas, mais j’ai une crème cicatrisante que Catherine, mon ORL, m’avait prescrit pour mes saignements de nez, je l’ai utilisé sur mon doigt. Si si, ça a marché. Evidemment j’en avais mis une couche comme on met du silicone.
Bon à part d’autres petits bobos dont je vous passe les détails, tout a bien marché jusqu’à l’installation de la toiture. Là, je me suis écrasé le pouce gauche d’un fameux coup de marteau, juste à côté de l’ongle, la chaire à carrément éclaté et les tuiles ont été instantanément éclaboussées de sang. Deux secondes après idem sur mon petit doigt gauche. J’étais sur le toit, presque couché, travaillais en me contorsionnant. Je voudrais vous y voir vous… Je n’allais pas descendre pour mettre des sparadraps hein ! A Soignies, José, le fermier que j’avais comme voisin, s’était un jour fait une fameuse entaille en nettoyant la lame de sa charrue. Sans hésitation, il avait empli la plaie de terre et ça avait marché. J’ai fait pareil, il y avait de la sciure sur la toile en dessous des lattes à panne, je l’ai répandue sur mes blessures et peu à peu le sang, dont j’avais complètement imbibés le marteau et la visseuse, s’est arrêté de couler et j’ai pu achever mon travail. Mon fournil est bien avancé, j’ai carotté le dessus du four pour mettre ma buse et me suis aperçu que ma voûte est d’une solidité à toute épreuve. Après mon retour d’Italie, je crois qu’en cinq jours j’aurai terminé dans les détails et « ma boulangerie-atelier-pâtes des voisins » sera bien vite opérationnelle.
Le soir je contemplais mes mains blessées. Je me dis voilà d’où vient cette expression que j’ai toujours trouvée légèrement ridicule « cette maison il l’a faite avec ses mains », comme si c’était possible de la faire avec ses pieds me disais-je. A part cela, je ne crois pas être spécialement beau, mais mes mains, elles, sont belles et j’ai été quelques fois  complimenté à leur propos.
Si je voulais faire le malin, je dirais « pauvres mains meurtries dont tant de femmes ont aimé la douceur et les caresses ». Mais on ne dit pas des choses comme cela dans une chronique hein! Pour dire cela, on écrit des romans et des fictions. Bon mais ceci n’étant pas une fiction, j’en reviens au mec, moi en l’occurrence, qui contemplait ses mains emplies de pansements. Je me suis dit que ce n’était pas si grave et que ma crème à l’argousier allait régler cela très rapidement.
Qu’étaient mes blessures à côté de ce qu’avait vécu Victor Jara, me mis-je à penser. Victor Jara est ce chanteur chilien, communiste et soutien de l’Unité Populaire de Salvador Allende, qui fut arrêté lors du coup d’Etat du 11 septembre 1973 et enfermé avec des milliers d’autres personnes dans le stade national à Santiago du Chili. Les militaires le torturèrent et finirent par lui couper les doigts des deux mains à la hache. Les milliers de personnes enfermées dans le stade hurlèrent pendant que Jara s’effondrait. Les militaires lui dirent en ricanant « allez, chante et joue de la guitare maintenant, que ta mère t’entende ». Contre toute attente, Victor Jara se releva au prix d’efforts surhumains et cria « allons camarades puisque le commandant le veut nous allons chanter » et il entonna l’hymne de l’Unité Populaire, repris en cœur par le stade en entier. Il fut abattu d’une balle qu’un soldat lui tira dans la tête. Après la fin de la dictature de Pinochet, on organisa l’enterrement officiel du corps du chanteur révolutionnaire. Il y eut trois jours complets de cérémonie et d’hommages. C’était en 2009 et on baptisa le stade national du Chili « Stade Victor Jara ». Quelques années plus tard, le soldat qui avait tiré la balle fatale fut condamné par un  tribunal américain (où il vivait) à plusieurs années de prison et à payer 26 millions de dollars de dommage à la veuve du chanteur. Ainsi, le message est clair : que les futurs putschistes de quelques pays qu’ils soient sachent que leurs actes ne seront jamais impunis.
Ma génération a été très touchée par l’expérience chilienne. Je crois que beaucoup comme moi,  avons toujours espéré voir aboutir quelque part une révolution pacifique. Le Chili d’Allende était un pays moderne dont le système politico-social était proche de nos systèmes européens. Une révolution pacifique réussie au Chili aurait eu un effet contagieux non seulement sur le continent latino- américain mais aussi en Europe. Pas étonnant qu’on ait tout fait pour empêcher Allende de réussir. Michelle Bachelet, (fille du général Bachelet, arrêté et mort des suites des tortures qui lui furent infligées par la dictature),  qui fut à deux reprises présidente du Chili après Pinochet, dit un jour lors d’un discours d’hommage aux victimes de la répression : « les Etats Unis sont sans doute le seul pays où il n’y aura jamais de coup d’état car c’est le seul pays où il n’y a pas d’ambassade américaine. »
Nous sommes nombreux à gauche à avoir la plupart du temps été du côté tant des perdants que des gens trahis. Je n’en retiens aucune aigreur, au moins ai-je toujours été fidèle à la cause des plus démunis, à la lutte pour la dignité humaine et contre les injustices. Quoi qu’il arrive je serai toujours de côté-là.
D’ailleurs, ce n’est pas fini hein ! Vu qu’il est donné perdant, Hamon entrerait dans l’histoire s’il se désistait au profit de Mélenchon (que je n’apprécie pas énormément comme personnage). Mais au moins serions-nous fixés à jamais sur les chances d’une révolution en Europe et d’un vrai changement social et politique, pacifiste et démocratique.
Bof, que sont mes petits bobos, mes cloques et mes blessures dans les enjeux du monde d’aujourd’hui et pourquoi ma tête s’envole-t-elle de mes mains blessées au Chili d’Allende ?

Allei, comme on a dit.

dimanche 2 avril 2017

rencontres et pensées vagabondes

Vendredi soir nous sommes allés à la Cité Miroir assister à une soirée de solidarité avec la Grèce. Dieu merci, il y avait du monde. Un médecin qui s’y est rendu à plusieurs reprises a expliqué que la situation est désespérante dans tous les domaines, il manque de tout et le secteur le plus touché est celui des soins de santé. Face au manque de moyens financiers, le gouvernement a décidé de ne plus rembourser les soins qui concernent les maladies chroniques. Je me suis demandé comment on arrivait à prendre des décisions pareilles et me suis dit que sans doute les ministres se disent que, vu la catastrophe, autant sacrifier les plus faibles et faire en sorte que les mieux portants et les plus costauds survivent. Sinistre hein l’Europe de l’argent. L’objectif de la solidarité vise à acheter une ambulance pour des soins itinérants.
Après cette soirée, nous sommes allés prendre un verre sur la place du Marché et sommes tombés sur Céline, une ancienne collègue de Verviers, qui était de sortie avec Marc son mari. A l’époque où je travaillais à Verviers et était chargé de venir en appui aux différentes ASBL gravitant autour du MOC, J’avais eu l’occasion de travailler avec Céline. Elle était toute jeune, venait de se marier et si tôt leur maison terminée s’était retrouvée enceinte pour leur plus grand bonheur. Nous avions travaillé durant des mois à la mise sur pieds d’un projet de location et lavage de lange en tissu pour les bébés, l’utilisation de langes jetables étant une catastrophe pour l’environnement. J’avais imaginé à l’époque, s’agissant de nouveaux nés, appeler ce service « Lange Gabriel ». Finalement l’administration n’avait pas suivi le ministre qui nous avait promis (par écrit) un subside et le projet n’a pu se faire. Aujourd’hui Céline travaille dans l’accueil et l’accompagnement des demandeurs d’asile.
L’écrivain chilien Luis Sépulveda (l’auteur de L’Homme qui lisait des romans d’amour) avait, lui, élaboré un tout autre projet de recyclage. Il avait imaginé que si on n’utilisait plus de matière plastique dans la fabrication des langes et qu’on  enterrait les langes usagés et encore remplis de selles fraîches après y avoir déposé quelques graines d’arbre, on pourrait planter des forêts entières et atteindre ainsi la perfection dans le concept d’économie circulaire. Je ne sais si finalement ce projet a vu le jour mais il serait pourtant du plus haut intérêt comme alternative au déboisement.
Parlant de déboisement, Marc, le mari de Céline est lui, garde forestier. Un garde forestier passionné et qu’on écouterait parlé des heures durant. Contrairement à ce que l’on pense quand on ne réfléchit pas, l’essentiel de son job ne consiste pas à poursuivre les braconniers mais bien à gérer la forêt et à s’occuper des arbres du début de leur vie à leur abattage. Son boulot est essentiel car la plupart des gens quand on leur parle d’arbre pense surtout abattage. Et Marc nous explique que les arbres sont victimes du refus grandissant et aujourd’hui généralisé du « risque consenti ». Ainsi, même si il y a une chance sur un million qu’un arbre en bord de sentier de forêt tombe sur la tête de quelqu’un, on va lui faire abattre pour éviter tout danger. Il en est de même pour les arbres en bord de route. On peut être sûr que si quelqu’un se tue en s’encastrant dans un arbre avec sa voiture, la famille portera plainte contre l’Etat qui a laissé cet arbre-là. C’est ainsi que la route Charlemagne va un jour se retrouver sans arbre, et de même pour la route allant de Battice à Aubel. C’est aussi une des raisons qui fait qu’on a, cette année, abattu des millions d’arbres en bord des routes et autoroutes wallonnes, bord allant parfois jusqu’à 15 mètres de la route. (Normal aussi quand on sait que les entreprises chargées de l’abattage y vont avec zèle car elles deviennent, même si elles sont payées par l’Etat pour abattre, propriétaires du bois récoltés qu’elles peuvent alors commercialiser à leur guise.) Bref, pour Marc il faut absolument allier le principe de précaution à un minimum de réhabilitation de la notion de risque consenti.
En y réfléchissant la nuit, je me suis dit que c’était dû à ce qu’un chercheur avait appelé « la bienveillance dispositive ». Pour lui la société actuelle, avec ses nouvelles technologies, prévoit et fait en sorte que tout se passe bien pour tous dans le meilleur des mondes. Ainsi, pour prendre un exemple parlant, vous vous présentez devant une porte et elle s’ouvre automatiquement. Un autre expliquait de nous étions comme dans une société de l’hypertexte, que l’on ne s’y perdait jamais car il y avait toujours un mot qui renvoyait à une solution. Ainsi, vous pouviez vous endormir dans un train ou une rame de métro, vous ne risquiez rien car à la station suivante, vous pouviez prendre le métro en sens inverse et arriver où vous deviez aller. C’est tellement ancré dans nos habitudes que nous n’imaginons même pas que nous devions consentir à un minimum de risques (ce fameux risque consenti)
Samedi matin, nous avons rencontré Marianne et bien sûr, comme elle avait lu ma chronique et qu’elle est passionnée, nous avons parlé pain, acide phytique (dont je vous parlerais la semaine prochaine) et (manque) de qualité de la farine. En effet, je ne crois pas vous avoir dit cela mais une farine perd 50% de ses qualités nutritive 15 jours après la mouture et au bout d’un mois, elle ne vaut plus rien, elle remplit l’estomac sans nourrir le corps comme disait Kousmine. Comment se fait-il que personne ne se pose la question de savoir depuis combien de temps la farine qu’il achète a été moulue ? J’ai évoqué la possibilité de me doter d’un petit moulin à farine et Marianne s’est également montrée intéressée. Ni une ni deux, en rentrant, je me suis mis à la recherche de moulin à grain sur internet. Il existe toute sorte de moulin domestique d’une capacité de 1.5 à 2.5 kg, les prix allant de 250 à 1500€ selon la puissance et la qualité. Il en existe même de moins cher mais ceux-ci fonctionnent par broyage ou couteau d’acier et non par meulage. Un bon moulin doit fonctionner comme une meule et la plupart comportent des meules en pierre ou en céramique, ce qui gage que la farine ne chauffe pas ni ne s’abime. Dans mes recherches, je suis tombé sur un moulin de deuxième main, en parfait état, d’une capacité de 150 à 200 kg et que la personne vend pour 600€. Je me suis dit ah si quelqu’un pouvait acheter cela et créer un nouveau service, ce serait vraiment chouette Au Québec, il existe des dizaines de torréfacteurs qui torréfient le café au jour le jour. Pourquoi pas de petits meuniers qui produiraient et vendraient au jour le jour et/ou chez qui vous pourriez aller avec votre grain selon vos besoins de farine…
Enfin voilà, mon four est à présent terminé (j’attends mon retour d’Italie pour le démouler avec toujours cette petite crainte qu’il ne s’effondre) et j’ai commencé la construction du local. Tout en bois et entièrement démontable. Alors à quoi voulez-vous que je pense pendant que je mesure, scie et place des kilos et des kilos de vis ?? Ben oui, je laisse mes pensées vagabonder au gré des rencontres de la veille…
Allei, je dois essayer de couvrir avant la fin de la semaine, c'est pas acquit hein….