mardi 29 décembre 2015

journal d'un restaurateur (6)

C.  amie et cliente fidèle, vient pratiquement chaque semaine et parfois deux fois la semaine, manger son potage. Como en Casa est son lieu de RDV, c’est dire qu’elle y emmène souvent de nouveaux clients. La plupart des personnes avec qui elle mange le midi, à part son amie, Z. aussi sympa qu’elle, sont des artistes ou des personnes en lien avec le monde de l’art, puisque C. travaille pour l’échevinat de la culture de Liège. Elle a participé à l’édition d’un ouvrage photo pour lequel elle a sollicité la participation de Caroline Lamarche. Elles sont devenues amies et récemment, C. est venue mangé son potage accompagnée de Caroline Lamarche. Caroline Lamarche est une écrivaine connue et reconnue, récompensée de nombreux prix dont un Renaudot. Elle vit à Bruxelles mais s’installe tout prochainement à Liège pour l’écriture de son prochain roman. J’aurai donc l’occasion, j’espère, de la revoir et de faire plus ample connaissance. Je ne crois pas avoir lu l’un de ses livres mais je vais m’y mettre et vous en parlerai.
J’ai pensé aux quelques personnalités et personnes connues que j’ai eu l’occasion de rencontrer grâce au restaurant. Ce sont des rencontres brèves, j’essaie de rester discret et de les laisser manger en paix.
La première célébrité qui se présenta à Como en Casa, est Dirk Annegarn. C’était encore du temps de la Place Saint Etienne, un jour de grosse chaleur, il y avait peu de monde et est rentré un grand mec, le T-shirt trempé de transpiration. Il m’a demandé à pouvoir aller se rafraîchir avant de manger. J’ai pensé tiens il ressemble à Dirk Annegarn. Claudine Drion qui mangeait en terrasse m’a dit de suite, je crois que c’est Dirk Annegarn. J’ai été vers lui et lui ai demandé, oui m’a-t-il répondu en riant. On a sympathisé, il était à Liège en espérant la collaboration de l’ULG pour y organiser son Festival des Mots qui n’était plus subsidié en France. Il voulait le faire sur la Place Saint Etienne, et me disait que Christophe y serait pour y lire le Décaméron sur fond musical. J’appris ainsi que l’auteur des mots bleus, à ses heures réparateur de juke box, était très ami avec l’auteur de Bruxelles. Quand je lui montrais son disque que je passais régulièrement au resto, Dirk me fit remarquer que depuis lors, il en avait sorti 17 autres et que les belges ne lui rendaient pas service en ne retenant que Bruxelles.
Une autre fois, c’était ici à la rue de La Poule,je vis entré une très belle femme qui s’assit à une table pas loin de l’entrée. J’ai pensé immédiatement tiens on dirait Nathalie Baye. Je lui présentais la carte et lui proposais d’aller s’installer plus avant dans le resto, il faisait assez froid et elle était dans l’axe de la porte. Elle se déplaça en me disant qu’en effet, elle sentait l’air froid. C’est quand je la vis juste en face de moi que je la reconnus. Vous êtes Nathalie Baye ? Oui me répondit-elle en riant. Elle goûta une focaccia aux légumes qu’elle trouva excellente. Elle tournait de nuit et dormait le jour, elle adore la Belgique et Liège en particulier. Elle trouvait que nous avions bien raison  de parler de biogastronomie car ce qu’elle avait mangé était excellent. Elle donnerait notre adresse à sa fille Laura qui est aussi très branchée bio. Je ne voulais pas l’ennuyer plus que de raison. Une tablée de trois filles me demandèrent pleine d’admiration c’est Nathalie Baye ?? Mais oui dis-je, c’est une habituée vous savez.
Dernièrement, cela m’a fait plaisir de recevoir Arne Quinze. Il fait réaliser ses structures, quand elles sont en acier, par les ateliers Melensdejardin, dont je vous ai déjà parlé. J’aimais Arne Quinze avant qu’il ne vienne au resto, c’est un artiste auquel je m’intéresse depuis plusieurs années. Je lui expliquais que je le suivais depuis son installation à la Toison d’or à Bruxelles, lui rappelais différents autres manifestations et il s’est rendu compte que de fait j’en connaissais un bout sur son parcours. C’est le seul que j’ai pensé à photographier. Aujourd’hui je regrette de ne pas avoir de souvenir du passage de Dirk Annegarn et de Nathalie Baye. Fait rien, demain, j’oserai, j’oserai demain….
Bon mais vous êtes tous des personnalités pour moi.
Je vous souhaite un très bon réveillon et une belle nouvelle année. Nous sommes ouverts jusqu’au 31 décembre midi et serons ouverts le 2 janvier avec de la choucroute et du jambonneau fermier. Et bien sûr tant d’autres bonnes choses dont nous vous réservons la surprise

Allei, à très vite

lundi 21 décembre 2015

Journal d'un restaurateur (5)

Il y a parmi nos clients réguliers deux professeurs, émérites je pense bien, d’histoire de l’art. Le professeur Colman est diplômé de l’ULG et avec ses 90 ans l’aîné. Son cadet est le professeur Wodon, 72 ans, diplômé de l’Université de Leuven, qu’il nomme Louvain La Veuve par opposition à Louvain La Neuve.
Ils se retrouvent à intervalles réguliers pour un repas de midi à Como en casa. Il me demande de leur conseiller le vin et en sont le plus souvent ravis. Ils avaient apprécié le Clairet de Bordeaux, cette fois, ils ont adoré le Côte de Provence du Château de Roquefort. Ce sont deux épicuriens et ils ne crachent pas sur le pousse café ou le passe net comme l’appelle monsieur Wodon. J’ai plaisir à les écouter et il m’a semblé un jour, mais ma surdité peut me jouer des tours,  les avoir surpris à échanger en latin. 
Ce dernier vendredi, je leur disais que je parlais parfois d’eux  comme de mes deux érudits, Oh dit Colman, j’ai justement une définition très personnelle de ce qu’est un érudit : « l’érudit est celui dont la somme des connaissances est infinie dans des domaines qui tendent vers le néant ».  Wodon et moi l’avons félicité de cette belle définition et à propos d’infini, Wodon avait une anecdote à raconter : « le  professeur de Philo avait mis comme thème du cours celui de l’infini, il demanda à un élève d’aller au tableau et de tracer une abscisse, ce que l’élève fit jusqu’au milieu du tableau. Le professeur le pria d’allonger l’abscisse et l’élève s’exécuta pour annoncer qu’il était au bord du tableau. Le professeur le pria de continuer, ce que fit l’élève en prolongeant son abscisse sur le mur et annonça que cette fois il était près de la porte. Et bien SORTEZ dit le professeur. Deux heures plus tard l’élève revint frapper à la porte qu’il ouvrit timidement. Et bien d’où venez-vous ? demanda le professeur. Mais de l’infini monsieur…
Wodon aurait encore voulu une grappa mais Colman pas. Je servis donc une grappa à Wodon qui me fit remarquer que « son commensal n’avait pas de burette » ce à quoi je répondis que si, il en avait une mais il la préférait vide. Ah fit Wodon, surpris que la burette ne m’était pas inconnue.
Avant de partir, ces deux compères passent commettre un « léger sacrilège au Saint Siège ». Je ne sais s’ils y font des bulles, mais Wodon m’a expliqué que le pape n’avait, lui, pas besoin d’y passer pour faire ses bulles. Quand je leur demandais si je pouvais parler d’eux et citer leur nom dans mon Journal d’un Restaurateur, c’est Wodon qui me répondit « mais évidemment, qui sais si par votre littérature nos noms trouveront l’éternité ».
Je cite justement souvent une phrase d’un écrivain qui disait que l’objet de la littérature est de « sauver des noms ». C’est exactement ce que j’avais voulu faire avec mon livre en racontant la vie des taf, Leona, Sylvestre et les autres, je les rêve sur le même pied que les éternels de l’Académie Française.
En partant, Colman me fit le plus beau compliment qui soit : « vous êtes un patron atypique d’un restaurant atypique ».
Vendredi soir, c’était le banquet de fin d’année de l’entreprise Melensdejardin. Une ambiance formidablement fraternelle. Cette entreprise est une véritable famille qui se donne le défi permanent de réaliser les structures métalliques des plus grands artistes mondiaux. J’aime les gens qui savent faire de leurs mains. Nous leur avons servis en mises en bouche : potage de chicon au lait, mini hamburger de céréales et petit choux farcis aux légumes. En entrée : gambas bio de Madagascar à la plancha, joues de lotte façon Como en casa et enfin calamar au chorizo. En plat principal, joues de veau sur lit d’oignons confit, purée de patates douces et foie gras. Les profiteroles et la glace vanille constituaient le dessert. La soirée s’est achevée dans l’ivresse d’un bonheur légèrement alcoolisé.
La trentaine d’autres clients ressentirent eux aussi les retombées de cette bonne ambiance.
Figurez-vous que se présente le samedi midi un couple parents d’un futur voisin qui a acheté une maison, partie des anciens bâtiments Chat Noir, rue de La Poule. En faisant plus amples connaissances, le monsieur me dit qu’il est professeur à l’académie de Spa et professeur d’histoire de la musique à l’académie de Verviers. Je pense, mais oui l’académie de Verviers, celle des Mauranne, des Rapsat, des Houben pour les plus connus mais tant d’autres grands artistes y sont passés (voir à ce propos le texte de Paul Blanjean sur FB). Celle dont le père de Mauranne était le directeur et Je pense, car j’ai un jour vu un portrait de lui dans une émission, qu’il était un pédagogue passionné. De fil en aiguille je  repense à Colman et demande au  monsieur « mais si vous êtes historien d’art avez-vous connu le professeur Colman ? ». « Oh mais oui, me répond -il, c’était Notre professeur, LE professeur, à qui je pense encore très souvent tant il nous a marqué, surtout remettez-lui mon grand bonjour et je suis vraiment heureux de le savoir en bonne santé.
Que de bons moments dans ce resto !!
Ainsi samedi soir, outre une série de tablées, il y avait deux groupes d’une dizaine de personne dont un parmi lequel se trouvaient d’anciennes collègues du CIRE que je n’avais plus revues depuis 10 ans. L’autre tablée avait été emmenée par F et P. Deux amis que j’ai toujours plaisir à revoir tant il forme un beau couple.
Nous avons terminé la soirée avec C. et M. ainsi que A. et S. Des amis avec qui on se comprend presque naturellement. Avons échangé sur des questions existentielles liées au boulot et parfois à son manque de sens quand on en a fait le tour.
Avant de partir, S. a écrit dans le livre d’or : « SOMPTUOSO, que du bonheur en bouche ! »
Quand nous avons quitté Como en casa, il était deux heures, les terrasses des restaurants voisins étaient rentrées et leurs volets étaient baissés. Je songeais au parcours professionnel que j’avais eu, à la chance d’y avoir rencontré tant de personnes qui m’ont marqué. Au choix que j’avais fait de changer tous les dix ans de travail. J’ai vécu de grandes aventures humaines, politiques, personnelles. Et à mes amis qui pensaient qu’en ouvrant un restaurant j’allais m’enfermer si pas m’enterrer, qu’ils sachent que ce n’est pas le cas, j’y fais des rencontres riches, fabuleuses, si riches et fabuleuses que j’ai envie de vous les partager. Je me dis souvent que la meilleure façon de changer le monde est d’en construire un « bon » autour de soi.

Allei, à très vite de vous revoir, passez de belles et bonnes fêtes, en famille ou avec des amis. Etre bien, s’amuser, ne nous empêche pas de penser au monde et à ses drames. Au contraire cela nous permet de parfois être plus disponibles.

lundi 14 décembre 2015

journal d'un restaurateur (4)

A et C. dont je vous parlais la semaine dernière (celui « qu’un jour le bar a laissé tomber»), sont revenus ce vendredi avec des amis, Be et B  ainsi que D. Cette fois, nous avons fini la soirée avec eux et elle n’a pas duré trop tard car Be était fatiguée et avait son yoga le lendemain à 10 h. Elle nous dit que rater son yoga la rendait triste, et lui donnait un petit sentiment d’échec. J’ai bu du vin, eux y ont été à la grappa. Sauf D. qui est dans sa période détox qu’il fait chaque année à cette période-ci.
Il y avait quatre jeunes couples ce vendredi qui occupaient des tables différentes…tous avaient un enfant en bas âge, qui était gardé qui par les parents qui par une baby Sitter. Ces couples quittent le restaurant pas beaucoup plus tard que 22 heures, pressés de retrouver leur progéniture.
Souvent quand on me dit « bravo, c’est très bon », je réponds « je transmettrai en cuisine, car le compliment s’adresse à eux. Si vous me dites « ah on a été bien servis », alors c’est un compliment pour moi. » Alors S. qui m’avait entendu dire cela à la table d’à côté  a écrit dans le livre d’or « C’était super bien servi et en plus c’était délicieux ».
AF. était accompagnée de deux amis. Elle était contente que je la reconnaisse. Enfin !! me dit-elle, on se voit dans des circonstances différentes et vous ne me reconnaissez jamais. Les trois adorent manger chez nous quand ils en ont les moyens. AF a 28 ans et prépare son départ pour le Québec où elle voudrait séjourner un an ou deux. Que vas-tu y faire? Chercher du travail et voir. me répond-elle. Incroyable ces jeunes sans attaches, libres comme le vent et qui veulent voir le monde. Je lui ai donné les coordonnées de C (28 ans aussi) qui revient juste d’avoir passé un an et demi à Montréal et y a travailler dans un salon de thé. A son retour elle aurait voulu travailler chez nous mais aussi avoir un bébé…deux projets qui ne vont pas tellement ensemble.
Samedi midi, D et sa femme B de Soignies que j’avais revu lors de la présentation de mon livre à la Halle aux draps sont venus manger. Ils ont été rejoints par leur fils qui vit près de Liège et qui leurs présentait ainsi sa nouvelle copine. Par hasard passait le disque de Guy Delhalle dont un morceau a été écrit par D.
J et K, homme et femme politiques assez bien connus sont venus pour un repas de travail. Je les aime bien tous les deux… K est une conscience pleine de fraîcheur dans ce monde de brutes…
La soirée a été calme : deux italiennes sympas et enthousiastes qui sont à Liège pour une rencontre internationale ; un couple de trentenaire, dont le monsieur, fonctionnaire, a quitté son boulot et est attiré par la restauration, très attentif au bio ; un médecin et sa femme, client régulier, un type très bien mais pince sans rire et donc pas toujours facile à découvrir et à approcher ; et puis J. de Verviers, présent chez nous chaque semaine avec sa femme et divers amis, magnifique cette fidélité.
A 21h30, est arrivé une bande de  4 amis autour de PH, client fidèle devenu ami. Ph travaille dans le monde du cinéma, de la musique et des arts plastiques. Il organise en ce moment une très belle expo  chez Stalport. Il travaille assez souvent avec les Frères Dardenne et c’est lui qui venait chercher les salades de Marion Cotillar lors du tournage de « Deux jours, une nuit ». Pa a elle ouvert une chocolaterie en Hors Château et C. L’aide dans l’atelier mais continue son travail au consulat portugais. R. Les accompagne. Nous avons parlé musique car Ph est en contact avec des tas de musicien surtout dans le monde du jazz et voudrait organiser un concert chez nous. Pourquoi pas. La soirée « Autour de Brassens » du 21 janvier et celle de « Gainsbourg confidentiel » du 4 février nous serviront de test. Les quatre amis nous ont laissé vers minuit et demi nous disant qu’ils n’oublieraient ni la scamorsa ni le jamon de pato.
Quand nous avons quitté Como en casa, les terrasses des restaurants voisins étaient rentrées et les volets étaient baissés. J’ai pensé à Banksy qui s’était déplacé à Calais avec un magnifique pochoir de Steve Job placé en trompe l’œil sur les murs bordant le camp de réfugiés, camp qu’on appelle « la jungle ». Il voulait rappeler que Steve Job était …fils d’immigré syrien. J’ai pensé alors à ces milliers de migrants qui débarquent à Kos en Grèce, transis de froid et qui marchent ensuite vers l’Europe du Nord à travers les Balkans. Je me suis demandé pourquoi on n’allait pas les chercher comme dans les années septante des activistes français avaient été cherché 50 000 boat people vietnamiens. L’opération s’appelait un bateau pour le Vietnam. Les Syriens, on les laisse marcher, on les laisse crever sur les routes qu’on barre avec des barbelés, pour encore allonger leur itinéraire, il faut qu’ils méritent leur asile n’est-ce pas et tant pis pour ceux, femmes et enfants, qui crèvent en route. Comment se fait-il que personne n’organise un car ou un bateau pour Kos.
Allei, gardons confiance et ne désespérons pas encore de l’humanité.
La clôture de Mons 2015 a été grandiose et émouvante pour les montois me dit-on. J’avais adoré mes deux jours passes à Mons 2015 et j’ai découvert une ville que je ne connaissais pas (voir à ce propos ma chronique du 7 septembre sur mon blog). Suis heureux que la structure d’Arne Quinze reste pérenne. Le Beffroi a retrouvé toute sa splendeur et les jours de fortes chaleurs, si je suis à Mons, j’irai certainement me reposer à l’ombre d’un arbre dans le jardin du mayeur.
La vie continue et reste belle du moins si on la veut telle.

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lundi 7 décembre 2015

Journal d'un restaurateur (3)

C et J étaient là ce dernier mardi, aussi un couple de clients devenus amis. J’ai pu commander à J. les planches pour ma biblio mais aussi les sapins de Noël, les guirlandes lumineuses et autres décors de Noël.
Jeudi, j’ai reçu mes QORs, et notre « vermoutherie » » est ainsi initiée. Nous comptons servir jusque douze vermouth et cocktails différents. Uniquement des vermouths artisanaux. Le QOR est un vermouth du Piémont, doux, très fin. La famille qui l’élabore de façon artisanale n’en produit pas plus de 5000 bouteilles l’an. Marlène qui est partie en Espagne ce dimanche ramènera deux autres vermouth artisanaux.
Vendredi, A et C, un couple de médecins, étaient là pour souper. Étonnamment tôt. Nous avons de suite pensé que nous finirions notre soirée avec eux car ce sont de bons amis. C. est une ancienne collègue à Marlène. Mais à 22h30, ils nous ont annoncé qu’ils partaient. A. devait se reposer car le samedi soir, à minuit, il partait à vélo avec deux amis  pour Ostende. Ils espéraient y arriver pour le dimanche midi. C. quand à elle, prendrait le train le matin et les attendrait sur la digue avec des vêtements secs. Un jour A était venu faire la fête avec des copains. Le vin et la grappa avaient coulés à flot et je pense bien qu’ils en avaient déjà pas mal bu avant d’arriver chez nous. Au moment de partir vers les une heure du matin, A. s’était appuyé sur le pose pied du bar pour faire ses lacets et avait complètement chaviré, renversant tous les tabourets. Samedi, il a laissé un mot dans notre livre d’or : « Un jour, m’a-t’il semblé, le bar me laissa tomber ».
C’est avec Nicolas et Violetta que nous avons terminé la soirée. Nicolas a créé un réseau visant à promouvoir les produits de bouches artisanaux « le Cercle des Artisans », dont nous sommes bien entendu. Violetta, 25 ans, a créé et gère un bar à jus en Neuvice, dans les anciens locaux de Doddies. Elle y sert des jus de légumes et de fruits. La déco y est très intimiste façon salle à manger de grand-mère. Ukrainienne d’origine, Violetta est non seulement très jolie mais s’habille avec énormément de goût. J’ai beaucoup voyagé en Pologne, Tchécoslovaquie et URSS avant la chute du Mur et ai souvent pensé que les populations d’Europe centrale avaient, malgré les difficultés, gardé un savoir vivre de bon goût, genre aristocratique, tout en finesse. Vendredi soir, Violetta portait un manteau et un chapeau à très large bord, les deux étaient rouges et recouvrait une robe et des bas noirs. Magnifique. Comment n’ai-je pas pensé faire une photo.
Durant la soirée, Violetta nous a confié avoir une terrible nostalgie de son pays. Ils iront très bientôt rendre visite à sa famille et faire découvrir à Nicolas les lieux de son autre vie.
Alors que le vendredi a été plutôt calme en termes de fréquentation (nous nous posions d’ailleurs la question de savoir si les événements parisiens et notre niveau d’alerte 4 y étaient pour quelque chose) la soirée de samedi a été folle. Imaginez soixante couverts, qui ont démarrés juste pendant le vernissage de l’expo d’Ermanno. Une fabuleuse ambiance de brasserie parisienne, des tablées gaies et dominées par les éclats de rire de Flavia et Carine, deux copines venues passer la soirée avec leur mari respectif.
J’y ai fait la connaissance de deux nouveaux couples, dont l’un venait pour la première fois. Je n’ai pas encore retenu les noms, mais l’un des messieurs est le sosie parfait d’Eric Zemmour. Et surpris en m’approchant de lui, je lui dit « ça alors, dites-moi que ce n’est pas vous », sa femme est intervenue de suite « ne lui dites pas à qui il ressemble, il ne le supporte pas ». De taquineries en petites blagues, nous avons passé une très belle soirée ensemble. Le sosie de ce crétin de Zemmour est professeur d’architecture. A propos de Marie Foidart (qui a construit la cabane dans le restaurant), j’avais compris « c’était une bonne comédienne » alors qu’il me disait « c’était une de mes bonnes élèves ». Je leur ai alors parlé de toutes les confusions dues à mes problèmes auditifs, la fois où j’avais apporté l’addition à quelqu’un qui me demandait une tarte au citron et un peu plus tard dans la même soirée, quand j’avais servi une tarte au citron à quelqu’un qui lui m’avait bien demandé l’addition.
A ce même propos, j’ai passé l’après-midi du dimanche au Curtius pour y dédicacer mon livre, au stand des Editions du Cerisier, dans le cadre de la foire des petits éditeurs. Jean Delval, mon éditeur me dit à un moment : « il y a ici beaucoup de livres de poésie ». « Quoi dis-je, des livres de cuisine ici ?? ». Ça l’a beaucoup fait rire.
Pour revenir au samedi, nous avons terminé la soirée vers 1h30 avec G. qui nous avait amené un groupe de 12 copains et copines en guindaille. A un moment de la soirée, G. avait gagné le garage et était réapparu en Saint Nicolas.  Le restaurant était encore bondé et je crois que tout le monde a cru que Como en casa avait organisé le coup. Beaucoup de clients ont tenu à se faire photographier avec Saint Nicolas pendant qu’un ami à George jouait du trombone à coulisse. Après coup, G. m’a confié « Avec Saint Nicolas, les barrières tombent et c’est terrible les femmes que l’on tient dans ses bras avec ce déguisement »

Quand nous avons quitté le restaurant pour regagner la voiture, il était deux trente, le temps était doux pour la saison. Les terrasses des autres restaurants étaient rentrées et leurs volets baissés. Mon hernie ventrale, qui m’avait taquiné durant la soirée, avait retrouvé son nid. J’ai pensé en rentrant, allei, ce fut un autre bon, moment.

mercredi 2 décembre 2015

journal d'un restaurateur (2)

J'ai trouvé un vieux cahier à toile dans le classeur à tiroir de mon bureau salle de bain (oui c'est un peu compliqué à expliquer mais j'ai un très beau  local de 30 m2 qui me sert à la fois de bureau, salle de bain et chambre d'amis, du moins dès que le convertible sera arrivé.), j'ai enlevé de ce cahier les pages de notes anciennes que j'ai mises de côté et mon cahier est maintenant vierge. Je l'aurai près de moi au restaurant et y écrirai mes notes au vol. C'est pourquoi je l’ai intitulé « Notes de restaurant ».
Je me suis aperçu que j'avais oublié de vous dire certaines choses. D’abord, si j'ai mentionné le fait que la jolie jeune femme du couple qui accompagnait AF. et O. était enceinte c'est que quand je lui ai demandé si elle avait passé une belle soirée, elle m'avait répondu oui mais qu'elle était un peu frustrée de n'avoir pas pu boire de vin. C'est quand je lui ai demandé pourquoi qu'elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte. 
De même que quand je vous ai dit que AF (la deuxième, celle de samedi soir, l'archéologue) avait parlé de ses fouilles en Syrie, elle avait dit que la Syrie était à l'époque le pays où elle s'était sentie la mieux accueillie et la plus en sécurité. Et en fait, elles étaient deux en Syrie: AF et M (la prof de l'ACA qui à l’époque était aussi archéologue).
Nous avons installé un livre d’or à la sortie du resto, inauguré aujourd’hui par C et deux autres dames. Que du positif.

Allei, Mario content 

mardi 1 décembre 2015

journal d'un restaurateur (2)

J'ai trouvé un vieux cahier à toile dans le classeur à tiroir de mon bureau salle de bain (oui c'est un peu compliqué à expliquer mais j'ai un très beau  local de 30 m2 qui me sert à la fois de bureau, salle de bain et chambre d'amis, du moins dès que le convertible sera arrivé.), j'ai enlevé de ce cahier les pages de notes anciennes que j'ai mises de côté et mon cahier est maintenant vierge. Je l'aurai près de moi au restaurant et y écrirai mes notes au vol. C'est pourquoi je l’ai intitulé « Notes de restaurant ».
Je me suis aperçu que j'avais oublié de vous dire certaines choses. D’abord, si j'ai mentionné le fait que la jolie jeune femme du couple qui accompagnait AF. et O. était enceinte c'est que quand je lui ai demandé si elle avait passé une belle soirée, elle m'avait répondu oui mais qu'elle était un peu frustrée de n'avoir pas pu boire de vin. C'est quand je lui ai demandé pourquoi qu'elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte. 
De même que quand je vous ai dit que AF (la deuxième, celle de samedi soir, l'archéologue) avait parlé de ses fouilles en Syrie, elle avait dit que la Syrie était à l'époque le pays où elle s'était sentie la mieux accueillie et la plus en sécurité. Et en fait, elles étaient deux en Syrie: AF et M (la prof de l'ACA qui à l’époque était aussi archéologue).
Nous avons installé un livre d’or à la sortie du resto, inauguré aujourd’hui par C et deux autres dames. Que du positif.

Allei, Mario content