lundi 14 décembre 2015

journal d'un restaurateur (4)

A et C. dont je vous parlais la semaine dernière (celui « qu’un jour le bar a laissé tomber»), sont revenus ce vendredi avec des amis, Be et B  ainsi que D. Cette fois, nous avons fini la soirée avec eux et elle n’a pas duré trop tard car Be était fatiguée et avait son yoga le lendemain à 10 h. Elle nous dit que rater son yoga la rendait triste, et lui donnait un petit sentiment d’échec. J’ai bu du vin, eux y ont été à la grappa. Sauf D. qui est dans sa période détox qu’il fait chaque année à cette période-ci.
Il y avait quatre jeunes couples ce vendredi qui occupaient des tables différentes…tous avaient un enfant en bas âge, qui était gardé qui par les parents qui par une baby Sitter. Ces couples quittent le restaurant pas beaucoup plus tard que 22 heures, pressés de retrouver leur progéniture.
Souvent quand on me dit « bravo, c’est très bon », je réponds « je transmettrai en cuisine, car le compliment s’adresse à eux. Si vous me dites « ah on a été bien servis », alors c’est un compliment pour moi. » Alors S. qui m’avait entendu dire cela à la table d’à côté  a écrit dans le livre d’or « C’était super bien servi et en plus c’était délicieux ».
AF. était accompagnée de deux amis. Elle était contente que je la reconnaisse. Enfin !! me dit-elle, on se voit dans des circonstances différentes et vous ne me reconnaissez jamais. Les trois adorent manger chez nous quand ils en ont les moyens. AF a 28 ans et prépare son départ pour le Québec où elle voudrait séjourner un an ou deux. Que vas-tu y faire? Chercher du travail et voir. me répond-elle. Incroyable ces jeunes sans attaches, libres comme le vent et qui veulent voir le monde. Je lui ai donné les coordonnées de C (28 ans aussi) qui revient juste d’avoir passé un an et demi à Montréal et y a travailler dans un salon de thé. A son retour elle aurait voulu travailler chez nous mais aussi avoir un bébé…deux projets qui ne vont pas tellement ensemble.
Samedi midi, D et sa femme B de Soignies que j’avais revu lors de la présentation de mon livre à la Halle aux draps sont venus manger. Ils ont été rejoints par leur fils qui vit près de Liège et qui leurs présentait ainsi sa nouvelle copine. Par hasard passait le disque de Guy Delhalle dont un morceau a été écrit par D.
J et K, homme et femme politiques assez bien connus sont venus pour un repas de travail. Je les aime bien tous les deux… K est une conscience pleine de fraîcheur dans ce monde de brutes…
La soirée a été calme : deux italiennes sympas et enthousiastes qui sont à Liège pour une rencontre internationale ; un couple de trentenaire, dont le monsieur, fonctionnaire, a quitté son boulot et est attiré par la restauration, très attentif au bio ; un médecin et sa femme, client régulier, un type très bien mais pince sans rire et donc pas toujours facile à découvrir et à approcher ; et puis J. de Verviers, présent chez nous chaque semaine avec sa femme et divers amis, magnifique cette fidélité.
A 21h30, est arrivé une bande de  4 amis autour de PH, client fidèle devenu ami. Ph travaille dans le monde du cinéma, de la musique et des arts plastiques. Il organise en ce moment une très belle expo  chez Stalport. Il travaille assez souvent avec les Frères Dardenne et c’est lui qui venait chercher les salades de Marion Cotillar lors du tournage de « Deux jours, une nuit ». Pa a elle ouvert une chocolaterie en Hors Château et C. L’aide dans l’atelier mais continue son travail au consulat portugais. R. Les accompagne. Nous avons parlé musique car Ph est en contact avec des tas de musicien surtout dans le monde du jazz et voudrait organiser un concert chez nous. Pourquoi pas. La soirée « Autour de Brassens » du 21 janvier et celle de « Gainsbourg confidentiel » du 4 février nous serviront de test. Les quatre amis nous ont laissé vers minuit et demi nous disant qu’ils n’oublieraient ni la scamorsa ni le jamon de pato.
Quand nous avons quitté Como en casa, les terrasses des restaurants voisins étaient rentrées et les volets étaient baissés. J’ai pensé à Banksy qui s’était déplacé à Calais avec un magnifique pochoir de Steve Job placé en trompe l’œil sur les murs bordant le camp de réfugiés, camp qu’on appelle « la jungle ». Il voulait rappeler que Steve Job était …fils d’immigré syrien. J’ai pensé alors à ces milliers de migrants qui débarquent à Kos en Grèce, transis de froid et qui marchent ensuite vers l’Europe du Nord à travers les Balkans. Je me suis demandé pourquoi on n’allait pas les chercher comme dans les années septante des activistes français avaient été cherché 50 000 boat people vietnamiens. L’opération s’appelait un bateau pour le Vietnam. Les Syriens, on les laisse marcher, on les laisse crever sur les routes qu’on barre avec des barbelés, pour encore allonger leur itinéraire, il faut qu’ils méritent leur asile n’est-ce pas et tant pis pour ceux, femmes et enfants, qui crèvent en route. Comment se fait-il que personne n’organise un car ou un bateau pour Kos.
Allei, gardons confiance et ne désespérons pas encore de l’humanité.
La clôture de Mons 2015 a été grandiose et émouvante pour les montois me dit-on. J’avais adoré mes deux jours passes à Mons 2015 et j’ai découvert une ville que je ne connaissais pas (voir à ce propos ma chronique du 7 septembre sur mon blog). Suis heureux que la structure d’Arne Quinze reste pérenne. Le Beffroi a retrouvé toute sa splendeur et les jours de fortes chaleurs, si je suis à Mons, j’irai certainement me reposer à l’ombre d’un arbre dans le jardin du mayeur.
La vie continue et reste belle du moins si on la veut telle.

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