lundi 7 décembre 2015

Journal d'un restaurateur (3)

C et J étaient là ce dernier mardi, aussi un couple de clients devenus amis. J’ai pu commander à J. les planches pour ma biblio mais aussi les sapins de Noël, les guirlandes lumineuses et autres décors de Noël.
Jeudi, j’ai reçu mes QORs, et notre « vermoutherie » » est ainsi initiée. Nous comptons servir jusque douze vermouth et cocktails différents. Uniquement des vermouths artisanaux. Le QOR est un vermouth du Piémont, doux, très fin. La famille qui l’élabore de façon artisanale n’en produit pas plus de 5000 bouteilles l’an. Marlène qui est partie en Espagne ce dimanche ramènera deux autres vermouth artisanaux.
Vendredi, A et C, un couple de médecins, étaient là pour souper. Étonnamment tôt. Nous avons de suite pensé que nous finirions notre soirée avec eux car ce sont de bons amis. C. est une ancienne collègue à Marlène. Mais à 22h30, ils nous ont annoncé qu’ils partaient. A. devait se reposer car le samedi soir, à minuit, il partait à vélo avec deux amis  pour Ostende. Ils espéraient y arriver pour le dimanche midi. C. quand à elle, prendrait le train le matin et les attendrait sur la digue avec des vêtements secs. Un jour A était venu faire la fête avec des copains. Le vin et la grappa avaient coulés à flot et je pense bien qu’ils en avaient déjà pas mal bu avant d’arriver chez nous. Au moment de partir vers les une heure du matin, A. s’était appuyé sur le pose pied du bar pour faire ses lacets et avait complètement chaviré, renversant tous les tabourets. Samedi, il a laissé un mot dans notre livre d’or : « Un jour, m’a-t’il semblé, le bar me laissa tomber ».
C’est avec Nicolas et Violetta que nous avons terminé la soirée. Nicolas a créé un réseau visant à promouvoir les produits de bouches artisanaux « le Cercle des Artisans », dont nous sommes bien entendu. Violetta, 25 ans, a créé et gère un bar à jus en Neuvice, dans les anciens locaux de Doddies. Elle y sert des jus de légumes et de fruits. La déco y est très intimiste façon salle à manger de grand-mère. Ukrainienne d’origine, Violetta est non seulement très jolie mais s’habille avec énormément de goût. J’ai beaucoup voyagé en Pologne, Tchécoslovaquie et URSS avant la chute du Mur et ai souvent pensé que les populations d’Europe centrale avaient, malgré les difficultés, gardé un savoir vivre de bon goût, genre aristocratique, tout en finesse. Vendredi soir, Violetta portait un manteau et un chapeau à très large bord, les deux étaient rouges et recouvrait une robe et des bas noirs. Magnifique. Comment n’ai-je pas pensé faire une photo.
Durant la soirée, Violetta nous a confié avoir une terrible nostalgie de son pays. Ils iront très bientôt rendre visite à sa famille et faire découvrir à Nicolas les lieux de son autre vie.
Alors que le vendredi a été plutôt calme en termes de fréquentation (nous nous posions d’ailleurs la question de savoir si les événements parisiens et notre niveau d’alerte 4 y étaient pour quelque chose) la soirée de samedi a été folle. Imaginez soixante couverts, qui ont démarrés juste pendant le vernissage de l’expo d’Ermanno. Une fabuleuse ambiance de brasserie parisienne, des tablées gaies et dominées par les éclats de rire de Flavia et Carine, deux copines venues passer la soirée avec leur mari respectif.
J’y ai fait la connaissance de deux nouveaux couples, dont l’un venait pour la première fois. Je n’ai pas encore retenu les noms, mais l’un des messieurs est le sosie parfait d’Eric Zemmour. Et surpris en m’approchant de lui, je lui dit « ça alors, dites-moi que ce n’est pas vous », sa femme est intervenue de suite « ne lui dites pas à qui il ressemble, il ne le supporte pas ». De taquineries en petites blagues, nous avons passé une très belle soirée ensemble. Le sosie de ce crétin de Zemmour est professeur d’architecture. A propos de Marie Foidart (qui a construit la cabane dans le restaurant), j’avais compris « c’était une bonne comédienne » alors qu’il me disait « c’était une de mes bonnes élèves ». Je leur ai alors parlé de toutes les confusions dues à mes problèmes auditifs, la fois où j’avais apporté l’addition à quelqu’un qui me demandait une tarte au citron et un peu plus tard dans la même soirée, quand j’avais servi une tarte au citron à quelqu’un qui lui m’avait bien demandé l’addition.
A ce même propos, j’ai passé l’après-midi du dimanche au Curtius pour y dédicacer mon livre, au stand des Editions du Cerisier, dans le cadre de la foire des petits éditeurs. Jean Delval, mon éditeur me dit à un moment : « il y a ici beaucoup de livres de poésie ». « Quoi dis-je, des livres de cuisine ici ?? ». Ça l’a beaucoup fait rire.
Pour revenir au samedi, nous avons terminé la soirée vers 1h30 avec G. qui nous avait amené un groupe de 12 copains et copines en guindaille. A un moment de la soirée, G. avait gagné le garage et était réapparu en Saint Nicolas.  Le restaurant était encore bondé et je crois que tout le monde a cru que Como en casa avait organisé le coup. Beaucoup de clients ont tenu à se faire photographier avec Saint Nicolas pendant qu’un ami à George jouait du trombone à coulisse. Après coup, G. m’a confié « Avec Saint Nicolas, les barrières tombent et c’est terrible les femmes que l’on tient dans ses bras avec ce déguisement »

Quand nous avons quitté le restaurant pour regagner la voiture, il était deux trente, le temps était doux pour la saison. Les terrasses des autres restaurants étaient rentrées et leurs volets baissés. Mon hernie ventrale, qui m’avait taquiné durant la soirée, avait retrouvé son nid. J’ai pensé en rentrant, allei, ce fut un autre bon, moment.

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