dimanche 2 avril 2017

rencontres et pensées vagabondes

Vendredi soir nous sommes allés à la Cité Miroir assister à une soirée de solidarité avec la Grèce. Dieu merci, il y avait du monde. Un médecin qui s’y est rendu à plusieurs reprises a expliqué que la situation est désespérante dans tous les domaines, il manque de tout et le secteur le plus touché est celui des soins de santé. Face au manque de moyens financiers, le gouvernement a décidé de ne plus rembourser les soins qui concernent les maladies chroniques. Je me suis demandé comment on arrivait à prendre des décisions pareilles et me suis dit que sans doute les ministres se disent que, vu la catastrophe, autant sacrifier les plus faibles et faire en sorte que les mieux portants et les plus costauds survivent. Sinistre hein l’Europe de l’argent. L’objectif de la solidarité vise à acheter une ambulance pour des soins itinérants.
Après cette soirée, nous sommes allés prendre un verre sur la place du Marché et sommes tombés sur Céline, une ancienne collègue de Verviers, qui était de sortie avec Marc son mari. A l’époque où je travaillais à Verviers et était chargé de venir en appui aux différentes ASBL gravitant autour du MOC, J’avais eu l’occasion de travailler avec Céline. Elle était toute jeune, venait de se marier et si tôt leur maison terminée s’était retrouvée enceinte pour leur plus grand bonheur. Nous avions travaillé durant des mois à la mise sur pieds d’un projet de location et lavage de lange en tissu pour les bébés, l’utilisation de langes jetables étant une catastrophe pour l’environnement. J’avais imaginé à l’époque, s’agissant de nouveaux nés, appeler ce service « Lange Gabriel ». Finalement l’administration n’avait pas suivi le ministre qui nous avait promis (par écrit) un subside et le projet n’a pu se faire. Aujourd’hui Céline travaille dans l’accueil et l’accompagnement des demandeurs d’asile.
L’écrivain chilien Luis Sépulveda (l’auteur de L’Homme qui lisait des romans d’amour) avait, lui, élaboré un tout autre projet de recyclage. Il avait imaginé que si on n’utilisait plus de matière plastique dans la fabrication des langes et qu’on  enterrait les langes usagés et encore remplis de selles fraîches après y avoir déposé quelques graines d’arbre, on pourrait planter des forêts entières et atteindre ainsi la perfection dans le concept d’économie circulaire. Je ne sais si finalement ce projet a vu le jour mais il serait pourtant du plus haut intérêt comme alternative au déboisement.
Parlant de déboisement, Marc, le mari de Céline est lui, garde forestier. Un garde forestier passionné et qu’on écouterait parlé des heures durant. Contrairement à ce que l’on pense quand on ne réfléchit pas, l’essentiel de son job ne consiste pas à poursuivre les braconniers mais bien à gérer la forêt et à s’occuper des arbres du début de leur vie à leur abattage. Son boulot est essentiel car la plupart des gens quand on leur parle d’arbre pense surtout abattage. Et Marc nous explique que les arbres sont victimes du refus grandissant et aujourd’hui généralisé du « risque consenti ». Ainsi, même si il y a une chance sur un million qu’un arbre en bord de sentier de forêt tombe sur la tête de quelqu’un, on va lui faire abattre pour éviter tout danger. Il en est de même pour les arbres en bord de route. On peut être sûr que si quelqu’un se tue en s’encastrant dans un arbre avec sa voiture, la famille portera plainte contre l’Etat qui a laissé cet arbre-là. C’est ainsi que la route Charlemagne va un jour se retrouver sans arbre, et de même pour la route allant de Battice à Aubel. C’est aussi une des raisons qui fait qu’on a, cette année, abattu des millions d’arbres en bord des routes et autoroutes wallonnes, bord allant parfois jusqu’à 15 mètres de la route. (Normal aussi quand on sait que les entreprises chargées de l’abattage y vont avec zèle car elles deviennent, même si elles sont payées par l’Etat pour abattre, propriétaires du bois récoltés qu’elles peuvent alors commercialiser à leur guise.) Bref, pour Marc il faut absolument allier le principe de précaution à un minimum de réhabilitation de la notion de risque consenti.
En y réfléchissant la nuit, je me suis dit que c’était dû à ce qu’un chercheur avait appelé « la bienveillance dispositive ». Pour lui la société actuelle, avec ses nouvelles technologies, prévoit et fait en sorte que tout se passe bien pour tous dans le meilleur des mondes. Ainsi, pour prendre un exemple parlant, vous vous présentez devant une porte et elle s’ouvre automatiquement. Un autre expliquait de nous étions comme dans une société de l’hypertexte, que l’on ne s’y perdait jamais car il y avait toujours un mot qui renvoyait à une solution. Ainsi, vous pouviez vous endormir dans un train ou une rame de métro, vous ne risquiez rien car à la station suivante, vous pouviez prendre le métro en sens inverse et arriver où vous deviez aller. C’est tellement ancré dans nos habitudes que nous n’imaginons même pas que nous devions consentir à un minimum de risques (ce fameux risque consenti)
Samedi matin, nous avons rencontré Marianne et bien sûr, comme elle avait lu ma chronique et qu’elle est passionnée, nous avons parlé pain, acide phytique (dont je vous parlerais la semaine prochaine) et (manque) de qualité de la farine. En effet, je ne crois pas vous avoir dit cela mais une farine perd 50% de ses qualités nutritive 15 jours après la mouture et au bout d’un mois, elle ne vaut plus rien, elle remplit l’estomac sans nourrir le corps comme disait Kousmine. Comment se fait-il que personne ne se pose la question de savoir depuis combien de temps la farine qu’il achète a été moulue ? J’ai évoqué la possibilité de me doter d’un petit moulin à farine et Marianne s’est également montrée intéressée. Ni une ni deux, en rentrant, je me suis mis à la recherche de moulin à grain sur internet. Il existe toute sorte de moulin domestique d’une capacité de 1.5 à 2.5 kg, les prix allant de 250 à 1500€ selon la puissance et la qualité. Il en existe même de moins cher mais ceux-ci fonctionnent par broyage ou couteau d’acier et non par meulage. Un bon moulin doit fonctionner comme une meule et la plupart comportent des meules en pierre ou en céramique, ce qui gage que la farine ne chauffe pas ni ne s’abime. Dans mes recherches, je suis tombé sur un moulin de deuxième main, en parfait état, d’une capacité de 150 à 200 kg et que la personne vend pour 600€. Je me suis dit ah si quelqu’un pouvait acheter cela et créer un nouveau service, ce serait vraiment chouette Au Québec, il existe des dizaines de torréfacteurs qui torréfient le café au jour le jour. Pourquoi pas de petits meuniers qui produiraient et vendraient au jour le jour et/ou chez qui vous pourriez aller avec votre grain selon vos besoins de farine…
Enfin voilà, mon four est à présent terminé (j’attends mon retour d’Italie pour le démouler avec toujours cette petite crainte qu’il ne s’effondre) et j’ai commencé la construction du local. Tout en bois et entièrement démontable. Alors à quoi voulez-vous que je pense pendant que je mesure, scie et place des kilos et des kilos de vis ?? Ben oui, je laisse mes pensées vagabonder au gré des rencontres de la veille…
Allei, je dois essayer de couvrir avant la fin de la semaine, c'est pas acquit hein….


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