lundi 15 février 2016

journal d'un restaurateur (10)


Le lundi est notre jour de fermeture et c’est le jour où je fais et ma chronique et – ce qui est moins gai – le travail administratif : payer les factures, répondre au courrier, téléphoner pour faire rectifier telle ou telle chose, préparer les données pour le comptable, faire les paperasses liées au personnel… je suis content quand j’ai terminé avec la satisfaction du devoir accompli et du travail bien fait, mais je m’en passerais quand même.
J’arrive habituellement au resto - je fais l’administration au resto et non à la maison malgré que j’y ai un bureau très bien aménagé, dans lequel j’adore passer du temps, pour lire ou flâner, faire des collages, des dessins ou de la peinture – j’arrive donc habituellement au resto à 8 h, je lis la presse en buvant mon café jusqu’à 9 h et ensuite j’écris ma chronique que je termine habituellement à 10h ou 10h 30.  Cela c’est la règle. Aujourd’hui, cata totale, me suis levé tard (8h30) ai cafouillé sans savoir si je devais d’abord me raser ou préparer le café de Marlène, avant de sortir, déblayer la neige de la voiture, mis un quart d’heure pour ouvrir ma boîte aux lettres, reçu deux coup de fil de Grégory qui s’occupe de l’aménagement des jardins à Cynorhodon, suivi le camion poubelle à Saint Léonard et arrivé au resto à 9h45. Il m’a fallu du temps pour y prendre mes marques, ai pris mon café sans lire la presse (l’actualité m’exaspère en ce moment et cela dure depuis un petit temps), me suis demandé si je commençais par les factures ou par ma chronique et me mets enfin à vous écrire.
D’habitude, je sais comment je vais commencer, je relis mes « notes de restaurant », j’ai la première ligne en tête et c’est parti. Ici rien. Voilà pourquoi  je raconte en fait le moment présent.
J’ai pris très peu de notes durant la semaine car elle a été chargée avec deux événements : le vernissage de Bruno Hübner vendredi avec ses « Saintes Valentine » érotiques et la Saint Valentin qui a amené du monde autour du menu spécial. Très belle soirée que ce vendredi, nous avons fait le plein, avons refusé une dizaine de personnes (dont tristement mes amies Jehanne et Cècile de Fragrance et de la Caféière). Nous avons aussi durant la semaine préparé la soirée du samedi 20 février pour les soixante ans de Mario – un autre Mario – avec 80 personnes à accueillir et servir, bref beaucoup de choses dans la tête et peu d’occasion pour préparer ma chronique. Me suis dit que vous raconter cela montrait aussi ce qu’était la vie d’un restaurateur.
C’est une vie riche, mais cela je vous l’ai déjà dit. Vendredi nous avons terminé la soirée avec Didier et Suzanne, un couple de quadra que nous fréquentait déjà Place Saint Etienne, nous ont suivi rue Hors Château et sont devenus des amis. Suzanne avait offert mon livre à Didier et celui-ci l’avait  sur lui vendredi car il n’avait pu déchiffrer la dédicace que je lui avais écrite. Quand je lui ai lue, il a trouvé cela évident. Bon à vrai dire j’ai une écriture nerveuse et parfois difficile. Mais ceux qui sont alphabétisés normalement ça va….Suzanne et moi nous adorons mais je la taquine souvent, elle démarre toujours au quart de tour et se fâche toute rouge. Je la vois qu’elle pense « ce type est c…je ne viendrai plus ici… » mais quand on est frère et sœur, on a beau faire, on le reste à jamais…En fait ils adorent Marlène et Suzanne me dit parfois, je ne viens pas pour toi mais pour Marlène.
Samedi, aussi nous avons eu du monde, dont une magnifique famille de 10 personnes. Deux couples avec chacun trois jeunes autour des 20 ans : intelligents, intéressés par ce que nous faisons, intéressants par leur ouverture. Une des jeunes filles à fait un Erasmus en Hongrie et fait son mémoire de sociologie sur les réfugiés mineurs non accompagnés. Le seul garçon parmi les six jeunes va bientôt passer six mois pas loin de Vancouver…quelle jeunesse riche et veinarde, qui sait profiter pleinement de ce que la période lui offre. Un des deux pères, celui qui les a emmenés tous, est garde-forestier, un type hyper sympa, qui m’a l’air de porter une telle sagesse en même temps qu’un idéalisme à toute épreuve que je ne suis pas étonner de ce qu’il a engendré comme belle jeunesse. Répondant à leur question, je leur ai dit que je pensais qu’il valait mieux construire des choses biens plutôt que d’attendre que le pouvoir et la société changent. Qu’en fait il fallait tout changer en construisant autre chose ; bon mais très vite, comme d’hab avec les jeunes, ils se sont tournés vers Marlène et m’ont laissé seul avec  mes obsessions de vieux militant déçu.
Quand nous avons quitté le restaurant, il était une heure du matin. Les restaurants voisins n’avaient pas encore baissé leur volet mais rangeaient leur salle. J’avais tenu les deux soirées sans boire une goutte de vin comme je le fais depuis maintenant huit jours. Je me suis dit que  les bêtises que je dis ou fais habituellement ne sont donc pas liées au fait que je bois, ça ne me rassure donc qu’à moitié de savoir qu’on peut être maladroit même sans avoir bu !!! Mon ami F. qui est venu vendredi fait aussi une cure. On s’est promis de tenir au moins un mois et plus si possible. J’ai pensé à cette jeunesse idéaliste et prié le ciel pour qu’elle garde son idéal et ne soit pas trop déçue ni aigrie par le monde tel qu’il va.

Allei, notez déjà : le 12 mai soirée Barbara chantée par Julie Bailly. Julie est cantatrice à l’opéra de Liège, elle a chanté lundi dernier rien que pour moi…chair de poule. Le 26 mai soirée pop-jazzy-soul par le trio Fragrance avec Thierry Bosomboli au chant…soirée anglo saxonne qui s’annonce inoubliable. Vous pouvez déjà réserver.

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