lundi 9 mai 2016

Alain, l'amitié, la vie, la mort

Alain Vandervelde est décédé ce dernier 3 mai, il a été enterré ce samedi 7 mai. Il aurait eu 65 ans ce prochain 25 mai. Sa mort me touche et j’essaye de comprendre pourquoi.
Nous l’appelions VD. C’était un membre de notre bande du temps de notre adolescence et jeunesse. Pour tout vous dire, sur les 45 dernières années, je n’ai revu Alain qu’une seule fois, au concert que donnait Arno au parc Pater à Soignies. Mais nous nous sommes revus comme si le temps n’avait pas passé, comme des frères qui restent frères toute leur vie quoi qu’il arrive. Mais quand même 45 ans sans se voir et cette impression que cela est passé si vite.
J’ai déjà perdu quelques amis aussi je me demande pourquoi la mort d’Alain me touche différemment. J’ai perdu des proches auxquels j’étais très attachés, ma mère,  mon père, mon oncle. J’ai perdu des amis, un à 18 ans, un autre à trente ans, un autre à 60 ans. Certains à qui j’ai pu dire au revoir, d’autres pas. A chaque fois les sentiments et émotions sont différentes. Chaque mort me questionne sur le sens de la vie.
Et donc j’essaye de comprendre cette différence de sentiment avec la mort d’Alain. Il est vrai que dans notre bande il avait une place particulière, ce n’était pas le leader, mais c’était celui que tout le monde aimait, qui s’entendait avec tous, il était le camarade indéfectible. Il était aussi le plus beau, nous l’admirions aussi pour cela car ado, le regard des autres comptent beaucoup. Très tôt, Alain est sorti avec Marie Noëlle que nous appelions Mino.  Pour nous tous, il ne faisait à l’époque aucun doute qu’Alain et Mino étaient faits l’un pour l’autre. Ils étaient beaux, plein de fraîcheur et leur couple allait de soi. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et se retrouver jeunes avec une famille et enfants à porter n’est pas simple. Alain et Mino se sont séparés quelques années plus tard.
Alain a continué une vie simple, où les amitiés, la camaraderie et les « guindailles » suffisaient. Je dis cela au vu des hommages qui lui sont rendus et de ce qu’on m’a dit de lui. Je ne sais pas si Alain a été heureux dans la vie, s’il considère avoir « réussi » sa vie. Peut-être ne se posait-il même pas la question.
J’ai revu Mino il y a un an et demi et nous nous voyons assez régulièrement puisqu’elle habite la province de Liège. Elle vient au resto et nous aide lors des concerts que nous organisons. Sans doute ceci explique un peu cela. Revoir Mino c’est bien sûr pour moi, revoir Alain.Nous avons d'ailleurs réuni les amis de notre jeunesse récemment. Alain n'y était pas.
Mais je crois que la différence avec mes autres amis décédés, vient surtout du fait que nous étant peu revus, dans mon esprit, Alain est resté l’Alain de dix-huit ans. Je ne l’ai pas vu vieillir. J’ai alors l’impression que quelque chose de ma jeunesse s’en va. Je me dis que dorénavant d’autres vont partir. Que la vie passe et qu’on approche du bout. Sans doute la dernière partie vient de commencer et qui sait si elle durera au plus une vingtaine d’années.  
Et donc quand Mino m’a annoncé sa mort, moi j’ai revu Alain sur la motte clypot (une motte est à la carrière ce qu’un terril est au charbonnage) qui était un temps notre terrain d’aventures, nous y allions avec le patro. J’ai revu Alain dans notre café « Les Touristes » où lui et Tchoul éclusaient des bières à n’en plus finir, j’ai revu Alain qu’on enviait avec ses cheveux mi long, ses Lee Cooper qui lui allaient si bien, ses regards échangés avec Mino qui ne laissaient aucun doute sur leur amour.
Et j’ai retenu mes larmes en pensant que notre bande d’amis de jeunesse venait d’être amputée à tout jamais.

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