jeudi 6 juin 2013

Nocturnes à Benares (2)

Le propriétaire de l'hôtel où nous logions avait acquit et restaurer un bâtiment à à peine 100 mètres de son bâtiment central. C'est dans ce nouveau bâtiment que nous fûmes loger. Marlène et moi avions la chambre la plus spacieuse,, Paquita et Begonia celle d'à côté et Nazim celle d'en face. Nous devions donc quitter ce bâtiment et passer trois ou quatre ruelles sombres mais peu fréquentées pour nous rendre au bâtiment central pour le bar ou le petit déjeuner. Les ruelles étaient sombres et crasseuse, nous devinions des logements sales et sans éclairages, d'où sortaient des groupes d'enfants et où vivaient des familles. Nous comprîmes assez vite que malgré cela, ces familles étaient privilégiées par rapport à d'autres sans logement aucun. Nous le comprîmes dés le lendemain matin en voyant au lever, les enfants courir et jouer sur les toits avec leur cerf volant, les filles se peignant et faisant leur toilette, les femmes faisant la causette d'un toit à l'autre. Il y avait à cet hauteur, je crois que nous étions à un troisième ou quatrième étage, quelque chose de doux, de familial et serein qui contrastait totalement avec le bruit et la violence de la foule des ruelles d'en bas.
C'est dés le premier soir, alors que nous nous rendions à un restaurant de la rue centrale que je croisais de nouveau Eterno. Ainsi je n'avais pas rêvé, C'était bien lui que j'avais vu lors de cette marche forcée vers l'hôtel. Notre contact ne dura que quelques secondes, le temps de me remettre de ma surprise t le temps pour lui de me proposer de le rejoindre à minuit, au même endroit, là où nous débouchions sur la rue principale au sortir du dédale de ruelles où se trouvait notre hôtel..
J'étais plein d'illusions en entrant dans le resto recommandé par différents guides touristiques. Il y avait un monde fou, nous commandâmes thalie et naan. Heureusement il y avait les naan et le riz car les raviers composant le Thalie était désespérément emplis de bouillon style bouillasse et il fallait chercher pour y trouver les légumes et les lentilles annoncées. Malgré tout, je me remettais malgré mes problèmes intestinaux et je ne sais pourquoi, la présence d'Eterno dans les environs me mettait de bonne humeur. Je pensais qu'Eterno me ferait découvrir une Inde underground pleines de surprises, de bonnes surprises.
En fait, j'aurais du envoyer Eterno promené, je n'aurais jamais du quitter ma chambre et aller à ce rendez-vous.
Eterno m'emmena le long du Gange que nous nous dirigeâmes vers l'amont. Je fus directement pris à la gorge par les odeurs pestilentielles de pisse, de merde et de pourriture. J'avais, heureusement pris mon foulard que je posai devant ma bouche et mon nez pour me protéger. Mais peu à peu vint s'ajouter une odeur de fumée, des particules de cendres virevoltaient dans l'air, la fumée se faisaient plus denses et peu à peu, je distinguais dans le noir, des montagnes de bois débité en bûches, des hommes pareils à des charbonniers y travaillant, et enfin je vis les bûchers, les flammes de trois ou quatre énormes foyers en plein air en contrebas, au bord du fleuve. Des groupes silencieux regardaient ces flammes semblant s'y recueillir. Je ne savais pas encore pourquoi mais l'ambiance était pesante, silencieuse et empreinte de tristesse et de recueillement. " Voilà, me dit Eterno, je suis désolé de commencer par te montrer cela, mais tu es ici dans ce qui est sans doute, surtout en cette période de fête religieuse, un des plus important centre d'incinération en plein air, au monde. L'objectif de tout indien est d'être incinéré ici, à Benares, au bord du Gange dans lequel ses cendres devront être dispersés. Il n'est pas rare que les vieilles personnes qui savent qu'elles vont bientôt mourir, supplient leur famille de les amener ici, de les incinérer ici. Et pour les familles c'est le meilleur hommage qu'ils puissent rendre à leur mort. Certains dépensent tout ce qu'ils ont pour incinérer leur mort ici. D'autres qui n'ont pas les moyens de se payer un bûcher, emballent les corps dans les plus beaux tissus qu'ils possèdent, construisent des radeaux de fortunes, y déposent le cadavre recouvert de fleur et le font glisser sur le Gange."
J'étais sans voix, j'étouffais sous la fumée, j'avais les yeux qui piquaient, je priai Eterno pour que nous nous éloignions, ce que nous fîmes en reprenant le chemin en sens inverse. Dire que j'avais cru qu'il s'agissait de barbecue!!!. Eterno m'expliqua qu'on brûlait chaque jour de 600 à 700 cadavres. Que c'était une tradition contre laquelle il était impossible de lutter et que cela posait des problèmes tant sanitaire qu'écologiques énormes. Certaines castes refusent de brûler leur cadavre car leur tradition religieuse exige de laisser leur cadavre à l'air libre, en hauteur sur des pilotis et ces cadavres pourrissent et sont dévorés peu à peu par des charognards. Le malheur est que l'on construit de plus en plus en hauteur et que les odeurs gagnent les appartements et habitations. D'autant plus qu'une épidémie a ravagé la population de vautours et autres charognes. Le gouvernement a fait différentes propositions pour résoudre ce problème, mais aucun compromis n'a encore pu être trouvés. 
"Je croyais en te voyant Eterno que tu me ferais découvrir les beautés de l'Inde, on m'en a tellement vantés les charmes, on m'a tellement parlé de la sagesse indienne, du bonheur de ces peuples et jusqu'à présent je n'ai vu que misère, crasse et puanteur."!! 
Etreno me laissa à l'entrée de l'hôtel, je regagnai ma chambre prudemment sans éveiller Marlène. J'aurais voulu me doucher, me rioncer les narines pour me débarrasser de la crasse que j'avais l'impression d'y avoir accumuler..Vraiment qu'est-ce que j'en avais à foutre de ces histoires macabres, de cette misère à laquelle semblait se résigner tout un peuple qui serait bientôt le plus important de la p^lanète.
La suite à la semaine prochaines.

Tout ce que je raconte sur l'Inde est véridique, y compris le traitement des cadavres qui est vraiment un problème de société. Nous avons circules parmi les bûchers de Benares et cela n'a rien de réjouissant et j'aurai préféré m'en passer.

Vous avez été nombreux à apprécier notre nouveau restaurant, celui qu'Anne Sophie nous a aménagé. Elle a changé jusque notre éclairage, y a mis des salons, des meubles, comme à la maison. Ophélie disait que c'tait gai d'y entrer, de prendre son apéro dans un coin et de terminer la soirée dans un petit salon. Il est encore plus convivial et cela nous donne beaucoup de perspectives pour l'avenir. Pourquoi pas un nouveau resto et une nouvelle déco tous les deux mois?
Bon couteaux de mer, jamon de pato et soit cabillaud (la semaine dernière c'était du maquereau), soit foie de veau à la carte.
Je crois bien que c'est la terrasse dans la rue de la Poule qui servira de décor ce WE.
A très vite
Mario



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