mercredi 14 décembre 2011

Place St Lambert: nous sommes tous concernés


Je n’ai pas le cœur, après ce qui s’est passé hier sur la place Saint Lambert, de vous écrire la news que j’avais élaborée, mentalement comme de coutume, tout au long de la semaine. Ce sera pour plus tard.
Ce genre d’événements, de crime horrible et collectif, ne cessent de m’interpeller. Mais qu’est-ce qui se passe dans la tête de ces gens, qu’ils soient américains, norvégiens ou wallons ? Qu’est-ce qui peut les conduire à tuer ainsi des innocents, qu’ils ne connaissent pas, qui ne le connaissent pas, alors que semble t’il dans ce cas-ci, c’est à la police qu’il en  veut ? Quel est ce hasard qui fait que ce seront un  tel et un tel qui mourront, dans notre cas, deux jeunes ados, un bébé et un dame de 75 ans ? Quel sens donner à cela, si sens il y a ?
Ce genre d’évènements me touchent et me découragent parfois. Hier soir et encore ce matin, nous pensions aux parents qui hier s’inquiétaient des examens de leurs enfants et qui aujourd’hui  sont brisés par la souffrance et le chagrin. A ces autres parents qui perdent un bébé dont ils s’occupaient sans doute minute par minute. Pourquoi eux et pas d’autres ? Pourquoi cette mort, en pleine vie ?
On ne peut vivre sans sens, alors quel sens donner à ce drame, et aux drames individuels qu’il entraîne ? Répondre à cette question nous oblige à nous sentir tous responsables. Nous sentir tous responsables, n’excuse pas le tueur, cela nous oblige à réfléchir à notre place dans le monde, dans la société et à notre rôle de citoyen.
Et me viennent en tête trois questions concernant cette affaire :
- La question de la production et de la vente des armes à des privés,  à des particuliers. Je suis radical depuis toujours dans ce domaine : je suis contre la production et la commercialisation de toute arme à des particuliers, à des privés, quelques soient les finalités : chasse, collection ou sport. Il y a des tas d’autres choses à collectionner, des tas d’autres sports à pratiquer. Je suis radicalement contre l’auto défense bien sûr, il y a des outils, des autorités dont la société s’est dotée pour ce faire. La seule production légitimes d’armes est celle visant à doter les corps de protection des moyens de défendre la société contre des agressions intérieures ou extérieures.
- La question des libérations conditionnelles. Ma religion n’est pas faite dans ce domaine. Je ne sais s’il faut des peines incompressibles. Je pense qu’il faut agir au cas par cas. Nous connaissons quelqu’un dont la « carrière de prisonnier » a commencé pour des délits très mineurs, ne portant pas atteinte à la sécurité des personnes et de la société. Faut-il le traiter de la même façon que quelqu’un qui collectionne une quantité invraisemblable d’armes de guerre et qui cultive de la drogue à l’échelle industrielle ? Ou comme un pédophile multirécidiviste avéré? Je ne crois pas qu’il soit possible de fixer une règle la même pour tous. Je ne crois pas non plus que c’est être de droite que de poser ces questions. A l’évidence, ce sont toujours les faibles (ceux qui prennent le bus dans ce cas) qui paient les manquements en terme de sécurité. Loin de la phobie sécuritaire,  loin du fantasme d’une société au chaos généralisé, les questions de protection des personnes et de la société sont légitimes.
-Enfin, il est évident qu’une société de chômage et d’inégalités, produit plus de délinquance qu’une société  de plein emploi et de revenus décents. Dans ce domaine, notre monde dérape. Je lis en ce moment un ouvrage collectif traitant des dettes publiques et des politiques d’austérité :« La dette ou la vie » et j’y relève les données suivantes :
- Le revenu  500 INDIVIDUS les plus riches de la planète, de chacun d’entre eux donc,  dépassait  en 2008, les revenus cumulés des 416 MILLIONS de personnes les plus pauvres.
- 2,6 milliards de personnes, soit un habitant sur 2,5 de la planète vivent avec moins de 2 dollars par jour
Les responsables syndicaux estiment que les mesures prisent par le nouveau gouvernement vont exclure du chômage, dès avril, 24000 personnes qui n’auront d’autres choix que de s’adresser au CPAS.
Je ne veux pas dire par là que la pauvreté est une excuse à la délinquance. Pas du tout, je condamne la délinquance quelle qu’elle soit. Je dis que la société est devenue exagérément inégalitaire et injuste et que c’est dangereux pour l’avenir.
Je suis franchement désolé d’être amené à vous parler de tout cela à une époque et après une crise politique qui nous donnait envie de passer à autre chose. Mais toujours les enjeux collectifs reviennent nous interpeller.
Lundi, Bégonia, la sœur de Marlène, nous arrivera d’Espagne pour dix jours. Le 24, c’est Nadia, ma petite sœur bien aimée qui arrivera de Nantes. Je vous promets de quand même prendre le temps la semaine prochaine de vous souhaiter de bonnes fêtes.
Reste jusque vendredi pour les dernières commandes de cava à mario.gotto@gmail.com

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