lundi 28 mai 2018

balle perdue

Il n'est pas rare que l'on entende cette expression: "tué par une balle perdue". J'entends "balle perdue" et je pense immédiatement aux chasseurs. C'est compréhensible. On vise un lièvre en suivant sa course, on le manque et la balle finit dans le corps d'un rabatteur ou d'un autre chasseur. C'est un accident, ce n'était pas eux qui étaient visés, c'est réellement un balle perdue dont on ne se doutait pas qu'elle allait finir dans le corps d'un autre.
Cela arrive dans les guerres bien sûr. On vise une position ennemie, on tire en rafale et s'il y a des civils dans les parages, des balles peuvent les atteindre. On parle de "dommages collatéraux", de balles perdues. Les généraux, les chefs de guerre savent  quand ils décident telle ou telle action, que des civils peuvent être atteints. C'est un élément intrinsèque à la guerre. Ils s'en font une raison. Ca fait partie du jeu si l'on peut dire. On accusera alors l'ennemi de prendre les civils en otage. On en viendrait à dire que c'est l'ennemi le responsable des "balles perdues". Il est évident que contester la mort de civils ou leur fuite et leur exode, c'est contester la guerre elle-même. C'est une évidence, c'est une nécessité.: la guerre n'a jamais apporté le bonheur.
Il peut y avoir des tas d'autres situations à propos desquelles on peut parler de balles perdues, c'est à dire de balles qui atteignent une autre cible que celle visée au départ: des affrontements armés dans une rue, des policiers qui tirent sur des gagsters en fuite et qui touchent des passants. Le cinéma et la littérature sont remplis de "morts pas balle perdue".
Mais Mwada a t'elle été tuée par un balle perdue? Résumons ce que nous savons du contexte. Une cammionette remplie de migrants refuse d'obtempérer aux ordres de la police qui veut les arrêter. S'en suit une course poursuite, trois voitures de policiers encadrent la camionette. On nous dit que les migrants montrent aux policiers les enfants qui sont à bord. Malgrés tout, sans qu'aucune menace armée ne vienne de la camionette des migrants, un policier tire. Non pas dans les pneus, mais "dans le tas". La cible c'est un des passagers, quel qu'il soit. La balle n'est pas perdue. Elle n'atteint pas un policier dans un autre véhicule, ni un civil roulant sur l'autoroute. Non elle atteint sa cible: un des migrants. Une enfant. Mwada.
Le policier est défait, abattu nous dit-on. C'est à espérer. Si ce n'était pas le cas, c'eut été du cynisme ajouté au cynisme. On ne sait pourquoi le policier à tirer. Marre de ces migrants qui nous niquent? Tentative d'intimidations? Peu importe, le résultat est là. Un policier est armé, c'est une lourde responsabilité que de porter une arme. S'il fait une erreur qui entraîne la mort d'innocents, il doit quitter la police.
 Mais voilà que les responsables de cette chasse aux migrants, Théo Francken et son patron De Wever en rajoutent à la balle perdue et tentent de nous faire comprendre que les vrais responsables ce sont les parents. Ceux là mêmes qui fuient les balles perdues ou les éclats d'obus de Syrie ou d'Irak, qui s'entêtent à vouloir mettre leurs enfants à l'abri, quelque part où ils pourraient si pas être heureux, vivre et se construire un avenir. Bref, on accuse ceux-là mêmes qui s'obstienent à assurer leur devoir de parents.

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