mercredi 14 janvier 2015

Etre Charlie ou le droit de se dire merde sans se flinguer

Nous avons beaucoup pleuré depuis le 7 janvier et déjà pas mal rit au regard du nouveau numéro de Charlie Hebdo. Pour ma part, je trouve la couverture fabuleuse, un Mahomet qui pleure et cette phrase: tout est pardonné. On pourrait multiplier les débats à l'infini sur la présence (scandaleuse évidemment) de ces dictateurs ou même des provocateurs racistes (le karcher de Sarkozy, le pain au chocolat de Copé...) à la manif de dimanche, mais l'important c'est quand même que quatre millions de personnes ont défilé et ont voulu exprimer quelque chose. Quoi, sans doute presque autant de choses qu'il n'y avait de manifestants, ou peut être, comme certains interrogés sur ce point le disaient, "je ne sais pas mais je voulais être là pour ne pas porter le chagrin seul." 
J'ai affiché "je suis Charlie" sur la porte de Como en casa. Je suis Charlie, signifie pour moi plusieurs choses: une défense basique de la démocratie et du droit d'expression, être Charlie, c'est pour moi  le droit de de dire merde, de ne pas être d'accord - le débat et le conflit sont nécessaires dans le vivre ensemble - sans pour autant se flinguer.  Donc c'est aussi une démarche pacifiste.  Le crayon brisé m'a fait me souvenir du fusil brisé dessiné par les pacifistes du début vingtième siècle. Cette revendication basique de la démocratie n'enlève rien à la nécessité de reconnaître que nos sociétés ont failli et produit les assassins et fous de Dieu qui sont là aujourd'hui : suffisamment d'analystes ont relevés les injustices  (intérieures: l'école, le non emploi, les inégalités) et extérieures (la non résolution de la question palestinienne, les interventions en Irak ou en Afghanistan..). Qu'avons-nous fait et que n'avons-nous pas fait pour que nos sociétés accouchent d'une telle bestialité? C'est le débat qu'il nous faudra absolument avoir.
Mais devant cette violence, il faut aussi pouvoir se protéger. Quel est celui ou celle d'entre nous qui accepterait que ses proches, ses enfants soient en danger. La société a le devoir de se protéger et de protéger les siens face à ce nouveau fascisme aussi con que dangereux. 
Il sera très long le travail d'éducation à la démocratie - certains disent déjà qu'il est peut être trop tard - qui consistera à dire aux exclus, aux victimes d'injustice : battez-vous, trouver les failles, faites vous entendre, usez de vos droits à la grève, à la manifestation, au conflit légal, pour changer le monde et en faire un monde plus juste. Le chemin est terriblement long, mais c'est le seul possible. Pratiquez votre religion si vous le voulez, mais soyez surtout citoyen et ne mêlez pas les deux. On peut, on doit se bagarrer dans la famille humaine. Si être Charlie c'est pouvoir se dire merde sans se flinguer, c'est aussi pouvoir s'entendre et vivre ensemble ou même s'aimer, sans devoir  fermer sa gueule. Nif hein tout cela! mais y a t'il une autre voie?

Ne ratez pas le vernissage de l'expo d'André Englebert et de ses sculptures bonhommes. Un vernissage, c'est aussi pour nous l'occasion de vous retrouver, amis de Como en casa et de vous offrir un verre en ce début de nouvelle année. Alors on vous attend dés 18h30.
Allei, à la semaine prochaine

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