lundi 4 juillet 2016

A côté du journal d'un restaurateur

Je vais un peu laisser de côté mon « journal d’un restaurateur » pour ces deux mois de vacances. Cela ne m’empêchera pas de vous tenir informer des dates d’ouvertures de Como en casa durant ces congés. Juste vous dire que notre dernier WE a été assez bon pour un WE de départ en vacances et de…football. Samedi nous avons terminé la soirée avec Antonio et sa compagne artiste Léna Mariel. Antonio est cuisinier, de quoi avons-nous parlé à votre avis…..
Mais je suis restaurateur Et citoyen et comme tout le monde, j’ai suivi avec intérêt le référendum anglais sur l’Europe.
Le journal Le Soir a édité un cahier spécial intitulé « LEMONDEAPRESLE BREXIT ». Vingt personnalités ont été appelée à s’exprimer, dont beaucoup regrettent le vote, répètent des lieux communs sur l’importance de l’Europe et ne se posent aucune question sur les causes qui ont créé ce résultat. J’ai par contre beaucoup apprécié deux interventions, celle de R.J. Ellory - écrivain britannique - et celle de Michel Onfray, le très connu philosophe. Il se fait que j’aime beaucoup les romans policiers de Ellory que j’ai découvert un jour par hasard en achetant un bouquin dans un aéroport. Voici ce qu’il dit du Brexit en substance :
« d’un point de vue personnel, ma relation avec mes lecteurs, collègues et amis, dans l’ensemble de l’Union européenne n’a jamais été influencée par le fait que nous étions tous membres de la même union politique.
……...
Au cours de mes nombreuses années de voyage, je n’ai jamais rencontré que des visions communes de ce qui compte vraiment dans la vie : la sécurité pour soi et sa famille, pour les groupes et organisations que nous soutenons, le droit de travailler, le droit à la liberté d’expression, le droit de penser ce que l’on veut. Ces choses sont la colonne vertébrale de toute société démocratique, et elles ne sont pas remises en questions par la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE. Ces questions vitales restent de mise. Selon moi, cette décision ne reflète en rien des attitudes raciales ni le souhait du Royaume-Uni de se séparer de l’Europe en tant que culture ou société. Je pense que cette décision traduit simplement le souhait des gens de se gouverner eux-mêmes, de définir leurs propres lois et d’élire et congédier leurs propres responsables politiques. Ils veulent que les législateurs soient responsables vis-à-vis de ceux concernés par les lois qu’ils créent ».
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Michel Onfray va dans le même sens, mais son point de vue traduit une saine colère et est beaucoup  plus dur et percutant : « Précisons d’abord que je me réjouis de ce vote  Ajoutons que je suis sidéré par la haine des perdants, une haine qui signale l’ampleur du mépris des peuples auxquels sont arrivés ceux qui nous gouvernent et dont on découvre le degré de collusion….La haine du peuple est parvenue à un degré maximal. Elle rejoint celle des dictateurs du XXe siècle……Après le vote, il faudrait voter à nouveau ! Contre le vote, il faudrait déclarer l’indépendance de Londres ! En explication du vote, on ne va pas chercher bien loin : des racistes, des xénophobes, des vieux, des incultes, des ploucs ! On nous prédit l’apocalypse qui ne viendra que si cette dictature libérale décide de détruire le mauvais élève qui a osé dire au professeur qu’il en avait assez de son injuste magistère. Ce vote a au moins le mérite de tirer le rideau et de voir ce qui se trouve véritablement derrière l’Europe libérale : la brutalité du monde de l’argent couplée à la haine de la souveraineté des peuples.
……
Le libéralisme, que je définis comme le marché faisant la loi, est la peste de notre époque. Depuis Maastricht, cette idéologie règne sans partage…..
……
Il faut que l’Europe se fasse d’abord par la culture et non par l’argent, par la mémoire du socle commun et non par les profits, par l’histoire partagée et non par la promesse de bénéfices….Il faut que le peuple, le petit peuple, les gens modestes, les humbles, ne fassent pas les frais de la paupérisation mécaniquement générée par le libéralisme. On ne saurait longtemps humilier des peuples sans qu’un jour la colère advienne. Pour l’heure la colère prend des formes démocratiques. Ne pas répondre démocratiquement à cette colère démocratique c’est conduire les peuples vers la colère non démocratique.
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Voilà pour Michel Onfray. Qui a dit un jour, « l’Europe a été le moyen pour les maîtres de l’économie, de contourner les Etats et la démocratie pour imposer leur néo-libéralisme et la dictature du marché. » Les Grecs en savent quelques choses….Nous en savons aussi quelque chose. On nous a mis comme président européen un homme qui a œuvré toute sa vie a développer et protéger un paradis fiscal au cœur de l’Europe, je parle du Luxembourg bien sûr. Ce président (Juncker), qui déclare à propos de la Grèce : « aucune démocratie ne peut aller contre les règles européennes. »
Allei, ne désespérons pas des hommes. Comte Sponville disait, « L’espoir n’est pas la valeur dont nous avons besoin. Ainsi je n’espère pas lever la main, je la lève. On ne vit pas d’espoir, on vit d’action. »
A la semaine prochaine et pour ceux qui partent en vacances, bonnes vacances. Nous nous restons au poste jusqu’au 16 juillet inclus.

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