L'idée que l'on se fait généralement de New York est celle
d'une ville verticale, influencé en cela par la vision de la forêt de tours et
buildings qui font à la fois l’identité et la légende de Manhattan. Il est vrai
que du haut du quatre vingt huitième étage de l'empire state building, la
vision de cette forêt de tours est proprement spectaculaire. Beaucoup de
building qui vous obligent à vous tordre le cou pour en voir le bout quand vous
êtes au sol, apparaissent "petit" du haut de l'ESB. J'avais eu, il y a bien longtemps, la même sensation du
haut du WTC aujourd'hui disparu même si du haut des deux anciennes tours, la
puissance du vent et la hauteur m'avaient empêché de profiter complètement du
point de vue. Marlène était littéralement subjuguée par cette vision de
« forêt vu du ciel ».
Il est facile d'imaginer le sentiment de puissance ou
l'impression d'être "les maîtres du monde"(lire « Le bûcher des
vanités ») de ceux qui travaillent
au haut de ses tours et qui y gèrent les placements et les spéculations
financières les plus folles dont les grecs, les portugais et toute la planète,
paient chaque jour les conséquences désastreuses. (Voir à ce propos l'excellent
interview de Pervenche Berès, député européen ce matin dans La Libre, qui en
substance dit : « l’objectif à moitié caché derrière la gestion de
cette crise (grecque et Portugaise), gestion qui se fait le révolver des
agences de notation pointé sur la tempe, c’est celui que trente ans de
libéralisme n’ont pas permis d’atteindre : la destruction de
l’Etat-providence.)
Il n’empêche que nous avons pris plaisir à nous promener
durant ces journées ensoleillées et souvent très chaudes (35°) et de faire l’aller-retour
à pieds de Central Park jusqu’à l’Empire State Building. Etonnement, nous avons
vécu un sentiment de liberté et de légèreté à circuler sur ces larges
trottoirs, au milieu de milliers de touristes, de fonctionnaires, d’employés,
de marchands de nourriture tirant leur cuisine ambulante, de policiers(très
nombreux), de gardiens d’immeubles, et de voir ces centaines de taxi jaunes
conduits par des nouveaux Newyorkais venus d’Haïti, de Mexico, de New Delhi ou
de Porto Rico, occupés les avenues sur toute leur largeur. Le cosmopolitisme
que l’on voit et vit dans les rues de New York est fascinant et enthousiasmant.
On se sent léger et le pleisir est tel qu’on ne sent ni la fatigue ni le mal
aux jambes.
Mais New York n’est pas que la ville verticale. New York ne
se résume pas à Manhattan, New York c’est aussi Harlem, Chelsea, (dont je vous
parlerai dans une prochaine lettre) et c’est aussi Brooklyn, que nous avons
adoré et tenté de parcourir en nous perdant dans ses rues arborées, calmes et
silencieuses, faites de ce que les guides appellent des maisons victoriennes oupavillons
anglais auxquels on accède à travers un jardinet et grimpant cinq ou six escaliers et dont les demi sous
sols s’ouvrent sur les côtés ; il
fallait en effet bien distinguer la « grand porte » de l’entrée des
domestiques n’est-ce pas.
C’est en métro que nous nous sommes rendus à Brooklyn en commençant par Brooklyn Heights
pour pouvoir revenir immédiatement à pieds vers Manhattan en empruntant la
passerelle piétonne du fameux pont de Brooklyn. Ce pont pythique, achevé en
1883 était à l’époque le plus grand pont
suspendu du monde et reliait pour la
première fois Manhattan par voie terrestre (Manhattan est une île en fait).
Même si aucune comparaison entre les deux n’est possible, il faut bien avouer
qu’il y a autant de monde sur le Brooklyn bridge que sur le pont Charles à
Prague. Malgré la foule, malgré les travaux qui gâchent un peu un peu la vue à
partir de la passerelle piétonne qui surplombe les voies réservées aux
voitures, cette traversée du pont a quelque chose de métaphasique si on a bien
voulu s’imprégner de lectures sur les milliers d’anecdotes qui jalonnent la vie
du Brooklyn bridge depuis le début de son existence et même depuis les débuts
de sa construction : L’architecte John Roebling mourut, en moins de trois
semaines, d’une gangrène contractée après un accident sur le chantier et son
fils, Washington Roebling, ayant pris sa succession faillit mourir dans
l’incendie qui s’est développé dans un des caissons immergés. Partiellement
paralysé, il suivit l’évolution des travaux de la fenêtre de son bureau de
Brooklyn Heights, aidé de sa femme qui prit la direction du chantier.
Nous avons bien sûr traverser le pont dans les deux sens
pour nous balader dans ce petit paradis qu’est Heights promenade, plus ancien
quartier de Brooklyn miraculeusement préservés avec sa merveilleuse promenade
au bord de l’East river et qui donne une vue magnifique sur les building de
Manhattan.
Nous nous sommes perdus dans une autre merveilleuse
promenade à Brooklyn entre Prospect park et Park Slope à la recherche de la
Withe Horse Tavern où Paul Auster se rend parfois pour boire un verre. Nous n’y
sommes pas parvenus et n’avons donc pas rencontré Paul Auster mais vous
reconnaîtrez que ce qui m’est arrivé avec mon grand père a quelque chose
d’Austérien. Un peu partout des maisons en bois parmi les plus vieilles de New
York, des rues entières arborées de platanes et dont les maisons disposent d’un
jardinet à l’avant. Il y fait un calme stupéfiant, la circulation y est très
faible et seul le pépiement des oiseaux accompagne notre promenade. Ce sont des
New York différents qui cohabitent et nous garderons longtemps le souvenir de
ce repas pris à la terrasse de ce restaurant de quartier installé dans une
ancienne petite imprimerie. Ce n’est pas tant ce que nous y avons mangé (quoi
que le hamburger au chorizo et cheddar était délicieux et cuit parfaitement à
point), que le côté paisible et serein qui régnait sur cette terrasse au
milieu de maisons fleuries qui nous
offrait un décor empreint de poésie et de doux bonheur de vivre.
Nous allions aussi à New York pour découvrir du neuf en
matière de déco de restaurant. Nous avons été plus que servi mais cela, ça
s’est passé à Chelsea et ce sera pour la semaine prochaine.
Xxxx
J’ai bien sûr continué mes recherches sur mon grand père
maternel grâce au code d’accès que l’on m’a fourni à Ellis Island, qui me
permet de fouiller leur banque de données. Extraordinaire surprise, j’ai eu
accès à la liste des passagers du bateau « Presidente Wilson » qui a
accosté le 18 août 1921 à Ellis Island en y amenant mon grand père parmi des
centaines de passagers. J’ai découvert ainsi que mon grand père n’était pas
parti seul mais accompagné de camarades : trois de Tossicia, deux de
Montorio (qui se trouve à six km de Tossicia) et un de Castelli (à une
vingtaine de km de Tossicia). Il me reste à vérifier la même chose pour 1909
mais cela prend du temps. J’ai pu également imprimer une photo du bateau
lui-même.
Le registre manuscrit des entrées à Ellis m’informe également de l’adresse de Dominico
Esposito que mon grand père rejoignait à Philadelphia (et non Pensylvania comme
écrit par erreur dans ma lettre précédente). Domenico habitait au numéro 235 de
Landsale Park. J’ai écrit à la commune de Philadelphia pour demander si on
pouvait me donner plus d’infos sur le passage de mon grand père. Wait and see.
Selon mes calculs, mon grand père n’a vécu que 4 ou maximum
5 ans aux EU puisque ma mère est née en décembre 1927, il a du revenir au plus
tard en février ou mars. On peut penser alors que ma mère est le fruit des
retrouvailles amoureuses de Salvatore et Artemisia.
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