Nous n’avions pas planifié ce
court voyage. En fait si. Nous nous étions dit le WE dernier quand Marlène
m’avait montré l’article du soir sur « Street génération(s) », une
expo sur l’art urbain à Roubaix, que nous ne pouvions pas manquer cela. Mais
nous n’en avions plus reparlé. Le mercredi soir, elle m’a demandé si j’allais
marcher demain jeudi, j’ai répondu : ah, non, on annonce de la pluie,
donc nous allons voir l’expo Street art à Roubaix. Ah, chouette m’a-t-elle
répondu, alors je prends une petite valise et nous passons une soirée et une
nuit soit à Roubaix si cela se prête, soit à Lille. Et oui, liberté :
privilège de la pension.
Roubaix et Lille, c’est tout près
en fait. Nous sommes partis à 11h et à 13heures pile, nous étions attablés dans
le magnifique restaurant de « La condition publique ». Gigantesque
bâtiment industriel, ancienne usine de conditionnement textile, aujourd’hui
reconverti en lieu d’animations culturelles: laboratoire créatif, lieu de vie,
concerts, expositions, fab lab, marché, restaurant, événement. Rien que
l’aménagement du restaurant et le bâtiment valent le déplacement. La toiture
est en partie végétalisée et s’y développe un potager urbain où s’affairent,
comme au resto, des jeunes en formation.
L’expo est tout simplement extraordinaire.
Le lieu est fait pour bien sûr. Il y a des photos faites dans les rues et dans
le métro de New York, il y a des toiles et des panneaux. Il y a surtout des
œuvres des plus grands artistes réalisées in situ. Cerises, oui avec s, sur le
gâteau, des oeuvres ont été réalisées sur les murs extérieurs et en les parcourant, on se retrouve dans une
cité ouvrière dont les rues convergent en étoiles vers l’usine. Exactement
comme le carré de Bois du Luc ou la cité du Grand Hornu. Sur le toit de la
Condition Publique, on peut admirer une immense composition aussi merveilleuse
que touchante de Jef Aérosol.’On resterait des heures à la regarder.
L’expo retrace l’histoire de
l’art urbain depuis le New York des années quatre-vingt, en passant par les
quais de Paris et les murs des grandes villes du monde. Le phénomène graffiti
s’est développé à une rapidité inouïe pour se métamorphoser aujourd’hui dans
les pochoirs des tout grands artistes que sont Banksy, Jef Aérosol (très
présent à Roubaix), Space Invader etc.
C’est Magda Danisz qui a fait
entrer l’art urbain dans les galeries et musées. Grâce à son travail, les
œuvres de Jeff Aérosols ou d’autres se payent en dizaine de milliers d’Euros.
Les œuvres de Banksy atteignent aujourd’hui le million d’Euros. C’est elle la
commissaire de l’expo de la Condition Publique.
Notre génération a eu de nouveau
la chance d’assister à la naissance et à l’épanouissement d’une nouvelle école
ou d’un nouveau mouvement artistique qui a accompagné la culture urbaine. L’art
urbain a atteint aujourd’hui déjà, ses lettres de noblesses.
Ne ratez pas cette expo et cette
petite excursion dans le nord de la France. On découvre ainsi un Roubaix qui en
plus de la Piscine (ancienne piscine transformée en musée d’art contemporain)
s’enrichit d’un nouveau lieu, très inspiré du Lieu Unique de Nantes mais qui
s’est donné une finalité beaucoup plus large et ouverte au public et aux jeunes.
L’expo est prolongée jusqu’au 9
juillet. Je vous souhaite vraiment de pouvoir y aller.
Nous adorons Lille et c’est là
que nous avons passé la soirée et la nuit. Le vieux Lille est Hyper animé en
soirée (or nous y étions un jeudi soir) : des dizaines de terrasses et
restaurants bondés, une architecture ancienne magnifiquement préservée,
l’endroit idéal pour un city trip. Dîner au bord de la pelouse dans l’hyper
centre, dans une ambiance très conviviale. Petit déjeuner chez Méert près de la
Grand Place : des prix très abordables dans un cadre éblouissant.
Retour à la maison.
J’ai sursauté en lisant cette
phrase de Modiano (Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014) dans
« Un pedigree » : « Mon père a perdu le sien à l’âge de quatre
ans ». Je l’ai lue et relue. J’ai imaginé Modiano tordre cette phrase dans
tous les sens avant d’arriver à cet épure. J’ai divagué. Me suis dit qu’il avait peut-être commencé par écrire : « mon
père avait quatre ans quand il perdit son père ». Mais non, il n’aurait
pas employé le passé simple puisque le moment où cela s’est passé est assez précis
dirait ma sœur Evelyne, (romaniste, linguiste, préfète à l’athénée Catteau à
Bruxelles). Mais il aurait pu écrire aussi : « mon père avait quatre
ans quand le sien est mort ». Ou : « à l’âge de quatre ans, mon
père a perdu le sien ». Tiens, pourquoi n’a-t-il pas retenu cette dernière
forme ? Peut-être est-il parti d’une phrase bien plus compliquée du
style : « à quatre ans, mon père se retrouve orphelin » ou
« à quatre ans, mon père se retrouve seul avec sa mère ». Ou
encore : « ma grand-mère a été veuve quand mon père avait quatre ans ».
Non plus, cette dernière tournure supposerait que le sujet du texte est la
grand-mère et non plus le père. Il est possible que cette phrase ait été une
fulgurance chez Modiano. Mais je préfère quand même l’imaginer la triturer en tous sens. Il se répète simplifier, simplifier. Sujet, verbe, compléments :
« mon père a perdu le sien à l’âge de quatre ans ».
Je relis tout Modiano en ce
moment, n’ai pas encore mis la main sur un de mes préférés : « Dans le
café de la jeunesse perdue ».
Mais je laisse tomber la lecture de
temps en temps car j’ai lancé ma première opération « pains et pâtes pour
les voisins et voisines ». Résultat : génial. Cinq demandes, trois
Kilos de tagliatelles et feuilles de lasagnes fabriquées ce dimanche matin.
J’adore cette farine qui se transforme sous mes mains.
Tiens, vous êtes quelques-uns à
partir dans les Abruzzes pour les vacances. Cela me touche et me fait plaisir.
Je vous donnerai quelques tuyaux la semaine prochaine.
Allei, à lundi comme dab hein…
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