Je vous raconte deux trois
petites choses. Evidemment, nous n’avons pas tous vécu de la même manière, nous
la génération chanceuse. Ainsi S. une amie, nous a raconté l’histoire de ses
parents, berbères originaires des contreforts de l’Atlas marocain. Je ne
citerai pas de noms puisque je n’ai pas demandé à S. si je pouvais raconter son
histoire, mais comme elle reçoit mes chroniques, elle me dira et si elle est d’accord,
la prochaine fois, je vous dirai son (beau) prénom. Bref, son père a quitté le
Maroc colonisé jeune et s’est engagé dans l’armée française. C’était le seul
moyen pour lui de découvrir le monde et d’autres paysages. Mais ce n’était pas
du goût de son père (le grand père de S donc), qui à chaque retour en
permission lui disait « ça suffit maintenant tu as vu ce qu’il y avait à
voir et donc tu peux revenir chez nous ». Mais rien n’y faisait ce têtu s’envolait
de plus belle. Jusqu’au jour où ses parents décident de le marier, espérant
ainsi le ramener au bercail. Le père de S rentre au pays une semaine avant le
mariage, tout est prêt, les cadeaux, les dots, les moutons à égorger pour la
fête, les gâteaux au miel et les victuailles en tout genre. Mais deux jours
avant le mariage, patatras la promise meurt sans crier gare. Mon Dieu,
tristesse et catastrophe. Les premiers moments d’émotion passés, malgré le
deuil, la famille se demande que faire, ce mariage qui est prêt, ces invités
qui vont venir de partout !!! C’est l’oncle de S. qui va avoir la bonne
idée : « tu te souviens de la sœur de A. qui a épousé M. elle a
grandi et mûri maintenant, elle est belle comme le soleil qui se lève derrière
la montagne, pourquoi ne pas la demander en mariage sachant que tout est prêt ? »
Aussitôt dit aussitôt fait, la demande est acceptée par la famille de celle qui
deviendra ainsi la mère de S. mais aussi de ses sept sœurs. Ils s’aimèrent de
suite mais la fille avait un sacré caractère et savait ce qu’elle voulait. Le
père de S., reparti non pas en France, mais en Belgique et fit des pieds et des
mains (enfin c’est une image hein !) pour convaincre sa femme de l’y
rejoindre. Mais celle-ci s’accrochait à son village, à sa famille, à ses amis
et il était hors de question de quitter cela pour un pays dont elle ne savait
rien. C’était sans compter sur son diable de mari fou amoureux d’elle et qui savait
sortir des arguments de poids : « tu sais ici en Belgique, on t’apporte
tous les jours le pain et le lait à la maison (ben oui c’était le temps où la
laitière et le boulanger livraient), tu ne marches pas dans la poussière mais
sur des carreaux même dans la rue, il y a la lumière partout et la nuit est
aussi claire que le jour » (à part le lait et le pain livrés , les autres
arguments c’est moi qui imagine hein !). Bon cédera la mère de S. je viens
mais à une condition non négociable : je prends ma meilleure amie et son
mari avec moi, hors de question de les laisser ici. Pour le père de S. seul
comptait son amour et son désir d’avoir sa femme auprès de lui, de la serrer
dans ses bras et bien sûr il accepta. Ils vécurent heureux, eurent froid l’hiver
et chaud l’été et eurent de nombreux enfants, en fait de nombreuses filles,
elles furent huit. Au village on en parle encore et la famille de la première
promise décédée, devint si proche de la famille de S. qu’elle en fit littéralement
partie pour toujours. La maman de S. partage toujours sa vie entre le Maroc et
la Belgique. Elle a gardé son caractère trempé et malgré son âge malheur à
celle qui voudrait décider pour elle. Voilà S., c’est une bien belle histoire
que tu nous a contée.
Autre chose, j’ai commencé à
planter des arbres fruitiers, deux pommiers (j’en ai ainsi quatre) deux
pruniers, une vigne. J’avais déjà un poirier et aujourd’hui je vais repartir à
Aubel et ramener deux cerisiers et quatre groseilliers (deux rouges et de
verts) et peut être un autre poirier. On va ainsi transformer notre pelouse en
verger-potager. Léo nous dit « attention la pelouse c’est vite tondu, un
verger c’est du boulot ». Il sait de quoi il parle puisque lui et Marianne
ont acheté un petit coin de paradis sur les coteaux où poussent tous les fruits
de la planète, y compris raisins, kakis et kiwis…Bon ben tant pis pour le
boulot, mais comme on ne mange pas de pelouse, on se dit que c’est une façon d’apporter
notre pierre à la nature. J’avais lu un jour que dans les années soixante, dans
la région de Charleroi, plus de cinquante pour cent de la production
alimentaire était d’origine domestique. C’étaient les potagers individuels, les
petits élevages de lapins, poules, dindes, oies et parfois, surtout chez les
italiens, moutons et cochons. Et bien je crois vraiment qu’il faut redévelopper
cette production domestique, meilleur moyen de lutter contre la malbouffe et de
diminuer notre empreinte écologique.
J’ai été manger ces derniers
temps quatre fois chez Juliette (je l’appelle Giulietta du nom d’une grand
tante aujourd’hui décédée). Chez Juliette c’est en fait à Como en Casa, moi je
dis chez Juliette comme Michel Delpech disait chez Laurette, mais chez Juliette
il n’y pas de machine à sous. Eh ben, n. de dju, chaque fois c’était bon et
même très bon. Le plat qui m’a le plus plu c’est le borch. Un borch à la russe
avec fayots et légumes, tout simplement délicieux. Un autre jour j’avais été
scotché par des navets confits et une petite galette de polenta rissolée. Vous
en parler me donne encore l’eau à la bouche et je crois bien que je vais manger
de la polenta aujourd’hui. Juliette est contente, elle ouvre une soirée de plus
qu’à notre époque donc le jeudi, vendredi et samedi. Le midi c’est du mardi au
vendredi. C’est aujourd’hui Laura et Laurent qui sont en cuisine. L’ambiance
est conviviale, on sent qu’à eux trois, ils vont « sketter l’baraque »
comme on dit à Ecaussines.
Allei, à la semaine, je vous
dirai quoi à propos de S.
P.S le cec google group ne prend pas les e-mails. Pour m’écrire :
mario.gotto@gmail.com ou sur FB