Même si nous nous voyons
régulièrement et nous téléphonons une fois par semaine, cela fait bien
longtemps que je n’avais pas passé autant de jours de suite avec mes deux fils.
Cela remonte au séjour que nous avions organisé pour mes cinquante ans à Tossicia,
le village d’origine de ma mère dans les Abruzzes. Nous y étions restés une
semaine, mais il y avait là d’autres membres de la famille et quand on est
aussi nombreux, les relations particulières sont plus difficiles à établir en
profondeur. Ici le cercle était plus étroit : mes deux fils, leur épouse,
leurs trois enfants, Marlène et moi. Un mélange de calme, de sérénité, de
complicité, de bonheur d’être là ensemble et de savoir qu’on s’aime et
s’apprécie sans devoir se le dire. Un mélange aussi de balade en campagne,
d’histoires racontées aux enfants le soir près du lit, de repas familiaux
(souvent bien arrosés), de dégustations de champagne, de piscines et rivières
sauvages pour les enfants et de souvenirs que nous n’avons cesser d’évoquer.
Je regarde mes fils, je retrouve
leur personnalité, mais ce sont aujourd’hui deux adultes, de bons pères, de
bons époux qui avec leurs épouses, forment deux très beaux couples. Ce sont
aussi des travailleurs reconnus pour leur capacité professionnelle et qui ont
d’importantes responsabilités. Leur champ de connaissance et leur culture
s’élargissent aujourd’hui indépendamment de moi. Je regarde aussi mes petits
enfants dont les personnalités commencent à s’affirmer et avec Marlène nous
nous disons que ce sont là de belles personnes qui se dessinent.
Tout cela apporte encore plus de
sens à la vie. Nous nous rendons compte que les effets de ce que nous tentons
de leur faire découvrir s’expriment avec le temps. Ainsi nos deux petites
filles trouvent aujourd’hui naturel que nos excursions, qu’elles soient d’un ou
de plusieurs jours passent presque toujours par un musée. (Celui de Reims, s’il
n’est pas hyper riche, est assez éclectique et le carnet remis aux enfants est
très bien conçu pour rendre leur visite active). Le petit Antonin demande à
Marlène tel ou tel met espagnol. Nous n’avons pratiquement plus de remarques à
faire sur leur comportement dans la ville, en société, au restaurant…Nous
prenons nous comme eux plaisir dans nos bricolages, nos jeux, nos échanges. Nous
sommes heureux de voir leur tolérance et leur ouverture aux autres. Nous nous connaissons
et avons construit une relation de confiance naturelle. Nous nous disons que
nous avons encore un beau bout de chemin à faire ensemble. La prochaine étape
sera la découverte des Abruzzes et je me prends déjà à rêver qu’un jour, peut-être
dans bien longtemps ils y retourneront et verront dans ce pays une petite part
de leurs racines.
Voilà, avec mon dernier Douglas
Kennedy (je dois en être au quinzième de ses livres) je quitte, au moins
temporairement la littérature américaine et je reviens à mes anciens amours. Un
coup de cœur : « Zinc » de David Van Reybrouck, que Yoann
m’a offert pour la Noël. Un petit livre passionnant qui à travers l’histoire
d’un personnage raconte surtout l’histoire de ce petit village, Moresnet, qui
fut outre capitale mondiale du Zinc, tour à tour Etat indépendant, village
prussien, hollandais, allemand et belge. Sa neutralité et surtout ses mines de
zinc y ont attiré une population cosmopolite fuyant qui la Prusse, qui la
Belgique, qui simplement des situations individuelles inextricables. On ne se
souvent plus aujourd’hui de la présence du zinc dans notre environnement.
Avez-vous connu les seaux, les cruches, les bassines et les contenants divers
en zinc ? Les gouttières et les descentes de toit en zinc ? Et
surtout, et c’est là que la production de zinc a explosé à Moresnet,
rappelez-vous Haussman qui impose à ses constructions à Paris les toits de zinc
dont il adorait le gris. Moresnet c’est ici tout près. J’y suis aller à divers
reprises quand je travaillais à Verviers et voilà qu’il me revient en mémoire
sous la forme d’un petit livre passionnant qui nous fait découvrir l’histoire
dramatique et mouvementée de la région germanophone de Belgique et des drames
que l’histoire a imposée à des villes comme Malmedy et à Stavelot.
Me voilà maintenant de retour en
Europe centrale et particulièrement en Tchéquie où je m’étais rendu à plusieurs
reprises avant et après la révolution de velours. Voilà que Yoann m’offre
« Comment j’ai rencontré les poissons » de Ota Pavel. Je ne connaissais pas du tout et je retrouve
une écriture magnifique, des histoires qui coulent d’elles-mêmes et qui
racontent une Europe centrale où se mêlent le rire et le drame, les juifs et
les chrétiens, les braconniers et les gardiens des lois. Un bouquin qui me
donne envie de reprendre Bohumil Hrabal et sa « Flûte enchantée » que
j’ai lu je ne sais combien de fois et que j’avais fini par connaître presque
par cœur. Je vous souhaite vraiment de lire Ota Pavel et ses poissons et si
vous voulez découvrir Bohumil Hrabal, je vous conseille un de ses textes
majeurs « Une si bruyante solitude ». C’est baroque et c’est
fabuleux.
Allei, on est loin de la cuisine
hein !! Je vous reviens la semaine prochaine.
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