Vendredi soir nous sommes allés à la Cité Miroir assister à
une soirée de solidarité avec la Grèce. Dieu merci, il y avait du monde. Un
médecin qui s’y est rendu à plusieurs reprises a expliqué que la situation est
désespérante dans tous les domaines, il manque de tout et le secteur le plus
touché est celui des soins de santé. Face au manque de moyens financiers, le
gouvernement a décidé de ne plus rembourser les soins qui concernent les
maladies chroniques. Je me suis demandé comment on arrivait à prendre des
décisions pareilles et me suis dit que sans doute les ministres se disent que,
vu la catastrophe, autant sacrifier les plus faibles et faire en sorte que les
mieux portants et les plus costauds survivent. Sinistre hein l’Europe de l’argent.
L’objectif de la solidarité vise à acheter une ambulance pour des soins
itinérants.
Après cette soirée, nous sommes allés prendre un verre sur la
place du Marché et sommes tombés sur Céline, une ancienne collègue de Verviers,
qui était de sortie avec Marc son mari. A l’époque où je travaillais à Verviers
et était chargé de venir en appui aux différentes ASBL gravitant autour du MOC,
J’avais eu l’occasion de travailler avec Céline. Elle était toute jeune, venait
de se marier et si tôt leur maison terminée s’était retrouvée enceinte pour
leur plus grand bonheur. Nous avions travaillé durant des mois à la mise sur
pieds d’un projet de location et lavage de lange en tissu pour les bébés, l’utilisation
de langes jetables étant une catastrophe pour l’environnement. J’avais imaginé
à l’époque, s’agissant de nouveaux nés, appeler ce service « Lange Gabriel ».
Finalement l’administration n’avait pas suivi le ministre qui nous avait promis
(par écrit) un subside et le projet n’a pu se faire. Aujourd’hui Céline
travaille dans l’accueil et l’accompagnement des demandeurs d’asile.
L’écrivain chilien Luis Sépulveda (l’auteur de L’Homme qui
lisait des romans d’amour) avait, lui, élaboré un tout autre projet de
recyclage. Il avait imaginé que si on n’utilisait plus de matière plastique
dans la fabrication des langes et qu’on
enterrait les langes usagés et encore remplis de selles fraîches après y
avoir déposé quelques graines d’arbre, on pourrait planter des forêts entières
et atteindre ainsi la perfection dans le concept d’économie circulaire. Je ne
sais si finalement ce projet a vu le jour mais il serait pourtant du plus haut
intérêt comme alternative au déboisement.
Parlant de déboisement, Marc, le mari de Céline est lui,
garde forestier. Un garde forestier passionné et qu’on écouterait parlé des
heures durant. Contrairement à ce que l’on pense quand on ne réfléchit pas, l’essentiel
de son job ne consiste pas à poursuivre les braconniers mais bien à gérer la
forêt et à s’occuper des arbres du début de leur vie à leur abattage. Son boulot
est essentiel car la plupart des gens quand on leur parle d’arbre pense surtout
abattage. Et Marc nous explique que les arbres sont victimes du refus grandissant
et aujourd’hui généralisé du « risque consenti ». Ainsi, même si il y
a une chance sur un million qu’un arbre en bord de sentier de forêt tombe sur
la tête de quelqu’un, on va lui faire abattre pour éviter tout danger. Il en
est de même pour les arbres en bord de route. On peut être sûr que si quelqu’un
se tue en s’encastrant dans un arbre avec sa voiture, la famille portera
plainte contre l’Etat qui a laissé cet arbre-là. C’est ainsi que la route
Charlemagne va un jour se retrouver sans arbre, et de même pour la route allant
de Battice à Aubel. C’est aussi une des raisons qui fait qu’on a, cette année,
abattu des millions d’arbres en bord des routes et autoroutes wallonnes, bord
allant parfois jusqu’à 15 mètres de la route. (Normal aussi quand on sait que
les entreprises chargées de l’abattage y vont avec zèle car elles deviennent,
même si elles sont payées par l’Etat pour abattre, propriétaires du bois
récoltés qu’elles peuvent alors commercialiser à leur guise.) Bref, pour Marc
il faut absolument allier le principe de précaution à un minimum de
réhabilitation de la notion de risque consenti.
En y réfléchissant la nuit, je me suis dit que c’était dû à
ce qu’un chercheur avait appelé « la bienveillance dispositive ». Pour lui
la société actuelle, avec ses nouvelles technologies, prévoit et fait en sorte
que tout se passe bien pour tous dans le meilleur des mondes. Ainsi, pour
prendre un exemple parlant, vous vous présentez devant une porte et elle s’ouvre
automatiquement. Un autre expliquait de nous étions comme dans une société de l’hypertexte,
que l’on ne s’y perdait jamais car il y avait toujours un mot qui renvoyait à
une solution. Ainsi, vous pouviez vous endormir dans un train ou une rame de
métro, vous ne risquiez rien car à la station suivante, vous pouviez prendre le
métro en sens inverse et arriver où vous deviez aller. C’est tellement ancré
dans nos habitudes que nous n’imaginons même pas que nous devions consentir à
un minimum de risques (ce fameux risque consenti)
Samedi matin, nous avons rencontré Marianne et bien sûr,
comme elle avait lu ma chronique et qu’elle est passionnée, nous avons parlé
pain, acide phytique (dont je vous parlerais la semaine prochaine) et (manque)
de qualité de la farine. En effet, je ne crois pas vous avoir dit cela mais une
farine perd 50% de ses qualités nutritive 15 jours après la mouture et au bout
d’un mois, elle ne vaut plus rien, elle remplit l’estomac sans nourrir le corps
comme disait Kousmine. Comment se fait-il que personne ne se pose la question
de savoir depuis combien de temps la farine qu’il achète a été moulue ? J’ai
évoqué la possibilité de me doter d’un petit moulin à farine et Marianne s’est
également montrée intéressée. Ni une ni deux, en rentrant, je me suis mis à la
recherche de moulin à grain sur internet. Il existe toute sorte de moulin
domestique d’une capacité de 1.5 à 2.5 kg, les prix allant de 250 à 1500€ selon
la puissance et la qualité. Il en existe même de moins cher mais ceux-ci
fonctionnent par broyage ou couteau d’acier et non par meulage. Un bon moulin
doit fonctionner comme une meule et la plupart comportent des meules en pierre
ou en céramique, ce qui gage que la farine ne chauffe pas ni ne s’abime. Dans
mes recherches, je suis tombé sur un moulin de deuxième main, en parfait état,
d’une capacité de 150 à 200 kg et que la personne vend pour 600€. Je me suis
dit ah si quelqu’un pouvait acheter cela et créer un nouveau service, ce serait
vraiment chouette Au Québec, il existe des dizaines de torréfacteurs qui
torréfient le café au jour le jour. Pourquoi pas de petits meuniers qui
produiraient et vendraient au jour le jour et/ou chez qui vous pourriez aller
avec votre grain selon vos besoins de farine…
Enfin voilà, mon four est à présent terminé (j’attends mon
retour d’Italie pour le démouler avec toujours cette petite crainte qu’il ne s’effondre)
et j’ai commencé la construction du local. Tout en bois et entièrement
démontable. Alors à quoi voulez-vous que je pense pendant que je mesure, scie
et place des kilos et des kilos de vis ?? Ben oui, je laisse mes pensées
vagabonder au gré des rencontres de la veille…
Allei, je dois essayer de couvrir avant la fin de la semaine, c'est pas acquit hein….
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