Je rentre d’Abruzzes où nous
avons passé cinq jours avec les enfants. Cinq jours à la fois merveilleux et à
la fois émotivement éprouvants quand nous avons découvert les dégâts des
tremblements de terre. Je vous raconte en commençant par les bonnes choses
Les enfants charmants, le soleil
(des pointes à 25 degrés), la mer, la montagne merveilleuse. Ce serait bien que
vous alliez en Abruzzes, que vous les découvriez et vous ne voudrez plus en
revenir. Mon Abruzzes à moi est du côté Adriatique, dans la province de Teramo.
Si vous y allez, je vous conseille ceci : allez-y hors saison (avril ou
septembre-octobre) vous prenez l’avion pour Pescara (vous pouvez aussi y aller
par Rome, cela vous fera à peine une demi-heure de plus en voiture). De l’aéroport,
vous pouvez prendre un bus, nous, comme nous étions cinq, avons préféré louer
une voiture et nous sommes rendu en 1 heure à Martinsicuro, au nord de Pescara.
C’est la station balnéaire la plus calme de toutes. Les autres sont plus
connues et archi bondées : Pineto, Rosetto, Giulianova, Tortoretto, Alba
adriatica. Les plages y sont envahies de café, de restaurants, de boîtes à sous
et de discothèques.
A Martinsicuro, il y a très peu d’hôtel,
ce sont surtout des appartements où les familles viennent en villégiature à
partir de Pâques. Il semble que la commune ait décidé de préserver le biotope
et les quelques km de plage sont agrémentée de parcours de santé et les
sentiers de promenade sont balisés. Nous y étions juste avant Pâques et avions
la plage pour nous. Nous avons assisté pendant notre séjour aux préparatifs de
la saison : les restaurants faisaient peau neuve, avaient affichés leur
menu pascal en attendant la masse de touristes italiens. Nous étions les bienvenus
partout et leur servions de répétitions générales.
Nous avons fait une incursion à
Alba Adriatica, juste à côté et cela nous a rappelé le mauvais souvenir de
plages entièrement dédiées à la consommation. Bref allez donc à Martinsicuro et
mieux dans la partie la plus nature de celle-ci : Villa Rosa. Si vous
voulez faire une magnifique petite excursion, prenez un jour la route vers le
Sud (direction Pescara) après deux ou trois km, vous verrez sur votre droite
une indication « Tortoretto alto ». Vous vous engagerez alors dans
une route de campagne qui vous mènera en dix minutes dans un autre monde :
le vieux village de Tortoretto. Une pure
merveille avec ses placettes, ses ruelles, ses escaliers. Entrez manger au
restaurant « Anchise », essayez de vous installer près d’une fenêtre
et admirez le paysage typique de l’Abruzzes avec ses immenses collines et
vallées. Le temps était clair et nous voyions les neiges éternelles de la
chaine des Apennins. Anchise ne sert que des plats traditionnels :
gnocchis, pasta à la chittara, arrosticini di pecore…
Si vous voulez faire une
excursion plus longue (une journée par exemple) reprenez la route vers le sud
et au premier rond-point prenez la direction Teramo et S.Omero. Vous allez
ainsi vous perdre dans une campagne absolument fabuleuse, dans une Abruzzes que
je croyais disparue. Les gens sont d’une gentillesse sans limite et vous
trouverez toujours quelqu’un pour vous donner des indications. Perdez-vous et
peut être comme nous rencontrerez-vous au milieu de nulle part un vieux
bonhomme qui faisait des bottes de longues perches qui serviront sans doute à
consolider sa pergola. Au bout du compte vous arriverez à Teramo, capitale de
la province du même nom. Les trois autres provinces sont Prescara, Chieti,
Aquila. Cette dernière est également capitale de la région. Evidemment Teramo
est une belle ville et je vous conseille de déambuler dans le centre
historique.
Nous avons continué l’excursion
jusque Tossicia, la commune dont est originaire ma mère, et jusque Aquilano le
hameau où elle est née et a grandi. J’y ai retrouvé Lina sa cousine qui a
aujourd’hui 87 ans et son fils Pietro qui a mon âge. J’ai découvert les hameaux
auxquels je suis tant attaché, touchés et démolis par les tremblements de
terre. Vila Alzano où nous séjournions chez ma tante est à moitié détruit. La
maison de ma mère, où s’était installé un restaurant, est étançonnée de toutes
parts. Pietro nous a raconté l’enfer qu’ils ont vécu cette dernière année. Le
premier tremblement de terre a eu lieu le 31 août 2016, ensuite deux autres
coup sur coup le 26 octobre et le 30 octobre. C’est celui-ci qui a été le plus
destructeur. Et enfin le dernier le 31 janvier de cette année. C’est celui-ci
qui a eu la peau de la maison de ma mère qui avait tenu le coup jusque-là.
Comme si cela ne suffisait pas, il est tombé 3,5 m de neige en février. Cela n’était
jamais arrivé et Lina nous dit qu’elle n’a jamais connu cela. Ils sont restés
coincés 9 jours chez eux, comme tous les habitants, sans électricité, sans téléphone,
sans internet. Comment dégager trois mètres de neige ? Pietro a réussi à
gagner l’appentis où se trouvait son bois et à maintenir la maison chaude.
Après neuf jours ils ont été secourus et ont pu gagner leur appartement de
Tortoretto.
Seules sept maisons d’Aquilano
sont encore occupées aujourd’hui et un peu plus l’été. Il reste 4 maisons
occupées à Vila Alzano. Tossicia, ce merveilleux village médiéval est sous échafaudage
et la moitié du village est vide. Montorio, la ville toute proche a perdu d’un
seul coup trois mille habitants. Des rues entières y sont classées zone rouge.
Dans ces lieux, la plupart de commerces ont fermés leur porte. De vous le
raconter les larmes me montent aux yeux.
Il y a neuf ans a eu lieu le
tremblement de terre meurtrier de l’Aquila. Notre région a été touchée à l’époque
mais pas trop gravement. Cette fois, les dégâts sont considérables et il faudra
des années pour reconstruire sachant qu’il sera impossible de tout reconstruire.
Maigre consolation, le marché de
Montorio avait lieu le mercredi et j’y ai trouvé une Chittara dont les cordes
sont plus espacées que celle que j’avais déjà et qui vont me permettre de faire
de belles pâtes. Luca Patella, un cousin éloigné a toujours sa boucherie et est
le dernier producteur de « salciccia sotto strutto » les saucisses
dans le saindoux. J’en ai acheté et avec mon fils aîné on est bien décidé à en
produire.
Dès mon retour, j’ai pris mon
courage à deux mains et ai vidé le sable avec lequel j’avais fait le dôme pour
construire la voute de mon four et…cela tient. Non seulement ça tient mais la
voûte est belle et la cheminée tire bien. Hier j’ai fait monter la température
à 75 degrés et y ai cuit des poivrons sur la braise. Je vous dis pas
hein.. Allei, j’ai été long, déso. Je
voulais juste vous dire : allez en Abruzzes, cela vous plaira et cela fera
plaisir aux habitants de voir qu’on ne les abandonne pas.
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