Je vous écris d’Espagne où je
suis arrivé il y a quelques jours. Je retrouve ce port que j’adore et où
j’essaie d’arriver tôt chaque matin avant le départ des bateaux. Je ne résiste
pas à l’envie de vous partager une merveilleuse métaphore qui raconte les
bateaux. Elle parle de la vie, de l’amour, de la mort. Elle parle de la
liberté, de l’aventure, de la peur de l’aventure, de l’attachement, de la
fidélité. J’ai trouvé ce texte parmi les papiers d’une jeune femme aujourd’hui
décédée (ma belle-sœur Rosa), Tout ce que j’en sais, c’est qu’il est dédié à
« Simone et Baudouin », il est signé « Hannick » et
il date du 5 septembre 1987.
« Je connais des
bateaux qui restent dans le port
De peur que le courant
les entraînent trop forts
Je connais des bateaux
qui rouillent dans le port
À ne jamais risquer
une voile au dehors
Je connais des bateaux
qui oublient de partir
Qui ont peur de la mer
à force de vieillir
Et les vagues jamais
ne les ont séparés
Leur voyage est fini
avant de commencer
Je connais des bateaux
tellement enchaînés
Qu’ils en ont
désappris comment se regarder
Je connais des bateaux
qui restent à clapoter
Pour être vraiment sûr
de ne pas se quitter
Je connais des bateaux
qui s’en vont deux par deux
Affronter le gros
temps quand l’orage est sur eux
Je connais des bateaux
qui s’égratignent un peu
Sur les routes océanes
où les mènent leur jeu
Je connais des bateaux
qui n’en ont jamais fini
De s’épouser encore
chaque jour de leur vie
Et qui ne craignent
pas parfois de s’éloigner
L’un de l’autre un
moment pour mieux se retrouver
Je connais des bateaux
qui reviennent au port
Labourés de partout
mais plus crânes et plus forts
Je connais des bateaux
étrangement pareils
Quand ils ont partagé
des années de soleil
Je connais des bateaux
qui reviennent d’amour
Quand ils ont navigué
jusqu’à leur dernier jour
Quand jamais repliées
leurs ailes de géant
Parce qu’ils ont le
cœur à vague d’océan. »
Moi aussi j’ai connu un bateau – j’avais 19 ans –
A cette époque, il n’y avait là ni hôtel, ni bar, ni
touristes, juste un petit port de pêche où les femmes nettoyaient les poissons ramenés par leur mari,
un camping mal fichu où le sable s’infiltrait dans les tentes et les sacs de
couchage et un orphelinat dont les enfants fréquentaient la plage sans pourtant
arriver à cacher leur tristesse.
Il était retourné sur le sable, seul et abandonné sur la
plage de Giulianova
La coque du bateau, délavée et patinée par le soleil, le
vent et la pluie abritait les amoureux des rayons brûlants et du regard des passants
C’était un bateau pour « les amours débutants » qui ont aujourd’hui bien des ans…
Dju, purée de nostalgie…
Allei à la semaine prochaine
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