Je vous ai promis la semaine dernière de vous parler des méthodes de
fermentation car vous êtes plusieurs à me poser des questions à ce sujet. Je
vais essayer de ne pas jouer le scientifique que je ne suis pas, mais il est
important quand même de comprendre ce qui est en jeu dans ce débat levure,
levain. Je n’aborderai pas la méthode de la polish aujourd’hui. (C’est une
méthode née entre la Pologne et l’Autriche, une sorte de semi levain (avec
levure) qui produit le fameux pain viennois absolument délicieux que nous
mangions enfants chez la mère du curé. Mais existe-t-il encore du vrai pain
viennois aujourd’hui en dehors de l’Autriche ?)
Coupons d’abord les ailes à un canard : la levure n’est pas un
produit nocif. La plus courante est la levure de bière. C’est le produit de
phytothérapie le plus connu du grand public. C’est un produit probiotique,
source de vitamines B indispensable au bon fonctionnement du système nerveux et
des muscles. C’est une matière vivante, interactive dans les intestins, source
de vitamines et d’oligo-éléments essentiels et donc porteur de bienfaits y
compris pour la peau. Utile pour combattre les maladies vaginales et utilisé
dans la composition du nouveau vaccin contre le cancer du col de l’utérus.
Beaucoup consomment aujourd’hui la levure de bière déshydratée en complément
alimentaire, sous forme de paillette. Attention, important de la consommer bio.
L’enjeu du choix levain levure est donc ailleurs. Je vous en résume l’essentiel
et puis j’irai plus à fond dans les explications.
La levure produit une fermentation alcoolique rapide. Le levain produit
une fermentation lactique. Pour rendre assimilables les oligo-éléments et les
vitamines contenues dans les farines complètes une fermentation LACTIQUE est
indispensable. C’est donc là qu’intervient le choix levain levure. On peut
utiliser de la levure pour la farine blanche, on DOIT utiliser le levain pour
la farine complète ou intégrale. J’explique :
Toute graine céréalière (donc les
blés) est formée d’une coque, d’un germe et d’une partie centrale. Le germe et
la coque sont riches en minéraux, en oligo-éléments indispensables à la vie
(manganèse, cobalt, cuivre, zinc, chrome, sélénium) en ferments et en
vitamines. Le germe contient les vitamines A et E et la coque les différentes
vitamines B, dont c’est l’une des principales sources alimentaires. Ce sont
également ces parties de la graine qui renferment les huiles et la vitamine F.
Le centre, lui, est formé essentiellement d’amidon. Dans la production de la
farine blanche, germes et couches externes de la graine sont séparés de la
partie centrale. Dans la farine blanche on ne garde que la partie du grain
riche en amidon et on perd environ 70% des substances les plus précieuses du
grain. Dans la farine complète, on garde l’ensemble des qualités
nutritionnelles de la céréale.
MAIS, il ne suffit pas d’utiliser
de la farine complète ou intégrale pour profiter réellement de ces éléments les
plus riches. En effet, si vous faites un pain intégral ou complet avec de la
levure, donc avec une fermentation alcoolique, celle-ci ne va pas libérer les oligo-éléments et les
vitamines et ceux-ci ne seront pas assimilés lors de la digestion et finiront
dans les intestins, produisant les troubles intestinaux divers, la farine complète
fait alors plus de mal que de bien. Beaucoup mettent ces troubles sur le compte
du gluten qui n’y est pour rien le pauvre.
Pour libérer le meilleur de la
farine complète, il est donc INDISPENSABLE de le faire par une fermentation
lactique que seul le levain produit.
Il est donc déconseillé de
consommer du pain complet ou intégral s’il est fait avec de la levure de bière
(ou de boulangerie, c’est la même chose). Si vous achetez du pain complet,
assurez-vous qu’il soit fait au levain, sinon mieux vaut l’éviter.
Si vous faites votre pain
vous-même et que vous utilisez de la farine complète, il est indispensable de
le faire au levain. Si vous faites du pain blanc, la levure ou la polish
convient très bien.
Pour ma part, je fabrique et
consomme autant de pain complet ou intégral que j’adore que de pain blanc, je l’adore tout autant dernièrement je l’ai par exemple préparé sur
polish, du gâteau...
La farine blanche (comme le sucre
blanc) est un produit que Valérie Moncan ou le docteur Kousmine, que je
respecte énormément, vont désigner comme un produit « mort », à
bannir de notre consommation surtout pour les personnes ayant des problèmes de
santé importants. Pour ma part, je considère que ce n’est pas parce que je
consomme du pain blanc de temps à autres que je me nourris mal. Je peux trouver
des oligo-éléments dans d’autres denrées, sauf la vitamine B que l’on trouve
presque exclusivement dans le pain complet au levain.
Mais, comme Moncan et Kousmine, je
me méfie, plus, je rejette aujourd’hui tout ce qui est produit alimentaire
industriel dans lequel toutes les qualités nutritionnelles ont été détruites et
dans lesquelles on a ajouté des tas de produits de synthèse nocifs. Je suis
réellement révolté de voir combien on vend des pains de mauvaises qualités,
réellement morts, qui sont bien sûr moins chers et que beaucoup vont acheter
soit par nécessité soit parce qu’ils ne se posent aucune question sur ce qu’ils
mangent.
Reste aussi dans ce débat sur le
bon pain, la question liée à la qualité de la farine. Il est maintenant acquit
que (outre les défauts de la production industrielle dont je parle plus haut)
les farines perdent de leurs qualités avec le temps, ce qui n’est pas le cas
des grains qui se conservent à travers les années (et parfois les siècles :
on a ainsi pu faire germer des grains de blé
retrouvés dans les tombeaux des
pharaons). La solution idéale serait de moudre le blé dans un délai le plus proche
de la panification. En vacances chez ma tante dans les Abruzzes, je l’aidais
pour porter le grain au moulin de Tossicia et y moudre la farine nécessaire
pour « la journée du four » du lendemain quand les femmes de Vila
Alzano produisaient leur pain pour la semaine.
Alors, à quand le retour des
moulins ou des meuneries de proximité ? Quel beau « nouveau »
métier à remettre en route.
Allei, voilà une chronique pas
habituelle. Je vous renvoie au site « Cook and Dôme » de Valérie
Moncan pour plus d’infos ou au livre du docteur Kousmine « Sauvez votre
corps », paru chez Laffont, ou aux nombreux sites liés à la boulange et
qui abordent ces questions et qui m’ont servi de sources.
J’avance bien dans la fabrication
de mon four. J’ai fait ma dalle de béton avec l’aide de Yoann et deux de ses
copains pas trop manchots. Le surlendemain j’ai monté mes deux murets, ensuite
coulé ma table (ou la pré-sole). Aujourd’hui, je pose ma sole et commence ma
voûte. Sauf difficultés, j’aurai fini mon four demain et pourrai ensuite m’attaquer
à la construction du local…
N’hésitez pas à poser vos
questions sur ce thème (de la levure, pas de mon four hein!!) en m’écrivant à : mario.gotto@gmail.com. Si Aurélie et
Gene ont des remarques ou des compléments à proposer, qu’elles n’hésitent pas.
Allei, Viva la vita