Pour vous écrire lundi dernier, j’aurais
dû quitter des yeux le port de Marseille où arrivaient les premières barques de
pêcheurs, ce sont de petites barques dans lesquelles se trouvent un ou deux
pêcheurs. Cela va très vite, ils accostent au bout du port, déchargent leurs
étals, le fruit de leur petite pêche et les gens accourent acheter le poisson
le plus frais qui soit. Vers 10h30, c’est un petit marché aux poissons qui est
ainsi installé et c’est plaisant à regarder.
J’ai passé ainsi une semaine à
Marseille, d’abord à cinq km du centre-ville que je gagnais à pieds le long du « banc ».
C’est ainsi que les marseillais appellent cette promenade le long de la mer
puisqu’il y a là « le banc le plus long d’Europe » disent-ils et on
peut ainsi s’asseoir à tout moment. C’est magnifique. J’y ai croisé plein de
stars qui me saluaient « oh, vous ici, quelle belle surprise !! »
Meuh non bien sûr c’est pas vrai, mais j’ai vite pris l’habitude marseillaise.
Il paraît que pour y être pris au sérieux, il faut tout exagérer : « oh
je croyais que mon bateau allait couler tant j’ai pris de poisson ! »,
ah oui moi, j’ai connu la femme du boulanger èh èh, et pendant que lui
chauffait le four, il fallait bien que je chauffe le lit de la belle hein !!
J’ai adoré Marseille, tout ce que
j’y ai vu. Le Mucem et ses passerelles qui vous amènent au fort Saint Jean et
sur les jardins des contreforts. Les anciens docks où les voûtes ont été
réhabilitées et sont occupés par des galeries, des restaurants, des bars…on s’y
baladerait des heures.
Le Panier est un vieux quartier
populaire derrière la cathédrale La Major. Le quartier est aujourd’hui en voie
de boboïsation ou de gentrification, comme tous les vieux centres villes. Mais
des photos rappellent ce qu’y était la vie avant et après la deuxième guerre
mondiale, vous y voyez des familles entières vivre et occuper les ruelles, avec
des bandes de gosses qui courent et jouent le cul nu. C’est là que je me suis
souvenu qu’en quittant l’Italie au début du siècle passé, mon grand-père
paternel –Natale Gotto- avait vécu à
Marseille quelques années. Il avait gardé l’accent marseillais toute sa vie. Aujourd’hui
les ruelles sont calmes et occupées par des fleurs que les habitants s’efforcent
de cultiver et d’entretenir toute l’année.
Le Cours Julien se présente lui
comme un quartier d’artistes. On y reconnait aussi un ancien quartier populaire
devenu complètement « chébran ». Toutes les façades du Cours et des rues
environnantes sont autant de tableaux recouvert de peintures, de tag, de graffitis,
de pochoirs dans un mélange extraordinaire qui va du n’importe quoi à des œuvres
d’art superbes. Jef Aérosol dit justement que ce dont il se méfie un peu c’est
qu’on ne mette dans le concept de Street Art, une soupe qui rassemble n’importe
quoi. Toujours est-il qu’en journée, il fait bon s’y balader balader et
identifier ce qu’il y a de plus beaux comme réalisation.
La Canebière n’est plus du tout
ce qu’elle était. Les anciens champs Elysées marseillais sont devenus un
quartier dégradé, peuplé de trafiquants en tout genre. Comme nous le disait un
chauffeur de taxis, avant nous avions de grands bandits à Marseille, nous
étions fiers d’eux, nous les connaissions, nous connaissions leur nom, ils
descendaient la Canebière avec de belles filles aux bras et distribuaient leur
argent, offraient à boire et à manger. Aujourd’hui, ils ne restent que la
petite racaille qui fait chier son monde, qui crée l’insécurité et qui ont fait
de la Canebière un quartier non fréquentable.
Mais ce chauffeur reconnaissait
lui-même que ces dernières années Marseille changeait, s’embellissait, attirait
les touristes qui y laissent pas mal d’argent.
Il y a pleins de choses que nous
n’avons pas vues, même si nous sommes montés à Notre Dame de la Garde pour la
vue qu’elle offre sur toute la ville. Donc si vous n’y avez jamais été un trip
de quatre à cinq jours vaut la peine. Il faut aller se balader dans les
calanques, ce que nous n’avons pas fait. Nous voilà donc obligés d’y retourner
ou d’y faire un détour sur la route vers l’Italie ou l’Espagne
Bon, depuis mon retour, je suis
plongé dans mes collages et mes enveloppes. Ca me bouffe, mais j’adore. Ah, faire
des enveloppes et les distribuer en espérant qu’elles voyagent vraiment, qu’elles
servent à transporter les vœux de fin d’année. Figurez-vous qu’hier, une jeune
fille, asiatique, sans doute chinoise, nous demandait par signe si c’était bien
dans la boîte de la poste qu’elle devait glisser le paquet de cartes postales
qu’elle avait en mains. Heureusement nous avons vite compris qu’elle n’avait
pas toujours utilisé des timbres belges. Nous avons donc triés la quinzaine de
cartes et mis de côté celles timbrées avec des timbres autrichiens. Mais cela
nous a permis de voir des cartes magnifiques, hyper originales et toutes
couvertes d’une merveilleuse écriture terriblement soignée. J’avais envie de
lui demander de m’en envoyer quelques une régulièrement.. Donc suis rentré chez
moi et me suis mis à faire des cartes postales…
Il est probable que je doive laisser mes
collages de côté quelques jours pour une escapade en Espagne. Ma belle-sœur Bégonia
me dit qu’il y fait encore plus de vingt degré en journée et qu’on peut s’y
promener en bras de chemise. Je vous dirai. A Marseille, il faisait un quinze degrés
ensoleillé très agréable. Allei, vais finir par vivre à mi-temps au bord de la méditerranée.
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