Réjouissons-nous, nous avons en Belgique un mouvement des
travailleurs absolument admirable qui ce dernier lundi s’est mobilisé de façon
fantastique.
Réjouissons –nous et soyons fiers de cela. Faire grève n’est
jamais un plaisir. Qui demande à se lever tôt pour aller affronter le froid,
les menaces des patrons, des anti grévistes…tout en perdant un journée de travail
et une part de ses revenus.
Réjouissons-nous, c’est ce même mouvement qui se bat depuis
plus de cent ans pour obtenir des droits. C’est grâce à lui que les congés
payés existent et que tous peuvent en profiter,
un salaire décent qui suit le coût de la vie, une assurance maladie, une
assurance chômage, des allocations familiales. Sans ce mouvement, sans ces
travailleurs qui se lèvent tôt pour que les mots d’ordre de grève soient
suivis, nous n’aurions rien de tout cela. Et ce même mouvement doit se battre
aujourd’hui pour que ces acquits ne soient pas remis en question.
Réjouissons-nous que malgré tous ses défauts, les syndicats
reviennent à leurs fondamentaux et structurent ce mouvement. Les risques de
dérapages sont énormes. L’organisation a su les éviter.
La grève est non seulement un droit mais aussi un devoir de
solidarité. Cela ne se fait pas sans mal. Il ne s’agit pas de rater la grève
une fois qu’elle est décidée. On sait que des pressions vont venir de toutes
parts, du pouvoir politique, des employeurs bien sûr et d’une série de gens,
ignorants des enjeux, ignorants à quel point ils sont concernés et qui pourtant
sont bien heureux eux aussi de profiter des congés, de revenus décents et de
tous les avantages que les grévistes obtiennent ou maintiennent.
Le droit au travail n’existe pas. Pour preuve les centaines
de milliers de chômeurs dans notre population. Le droit d’aller travailler
pendant les grèves ne peut pas exister, car on donnerait le droit de casser la
grève et d’affaiblir le mouvement ouvrier. Le droit de grève comprend le droit
à bloquer de façon pacifique les entrées d’usine et de lieux de travail, de
débrancher les machines, de bloquer les routes des zonings industriels, de
perturber le commerce, d’enlever les vêtements des tringles et parfois les
marchandises des rayons.
La violence qui doit être condamnée sans ambiguïté est celle
qui s’attaquent aux biens privés et publics, qui incendie des voitures, qui
fait de la casse pour de la casse, mais aussi celle de ces inconscients qui
foncent sur des piquets de grève, qui font du zèle pour se faire bien voir et
qui trahissent sans le savoir les mouvement qui leur permet de vivre dans une
société plus ou moins moderne.
Réjouissons-nous que ce dernier décembre, des dizaines de milliers de
travailleurs ont montré leur capacité à être solidaire et à se battre pour nos
droits et contre l’injustice. Des études récentes nous disent qu’il n’y a
jamais eu autant de millionnaire qu’aujourd’hui et que l’écart entre les
hauts et les bas
salaires est passé de 7 à 9.5. Quand il y a un tel écart, c’est la vie en
société qui est menacée. Pour l’éviter, il faut se battre, arrêter le travail
et descendre dans la rue. Réjouissons-nous car les travailleurs l’ont fait.
Mario Gotto